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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 19.1865

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Nr. 3
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Tal, F. del: Alexandre Couaski
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https://doi.org/10.11588/diglit.18741#0293

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ALEXANDRE GOUASKI

lkxandre CouASKi, élève de Vieil, un des peintres portraitistes les plus
distingués de ce xvine siècle où l'école française en compta de si supé-
rieurs, naquit en Pologne en 1736. Il était le douzième et dernier enfant
d’un gentilhomme qui avait passé sa vie dans les camps, et qui, après la
guerre de sept ans, s’étant retiré dans ses foyers, s’y maria à l’âge de soixante ans,
et encore vierge, comme se plaisait à le répéter Couaski, avec une belle fdle de
vingt ans.

Couaski fut élevé à la cour du dernier roi de Pologne, dont il fut page. Des dispo-
sitions exceptionnelles pour les arts du dessin, engagèrent son souverain à lui faire
changer de carrière; il fut envoyé en France à lecole de Vien, dans l'atelier duquel se
trouvait alors Louis David.

Couaski, quand éclata la Révolution française, était peintre de monsieur le prince de
Condé: il avait fait de nombreux portraits, la plupart au pastel. Ses ouvrages jouis-
saient à la cour d’une réputation considérable et méritée. Il avait peint l'impératrice
Catherine de Russie, monsieur le comte d'Artois, madame Elisabeth, sœur de
Louis XVI, madame la princesssc de Lamballe, les princes de Condé, de Conli, la
célèbre actrice mademoiselle Saint-Preux, madame la duchesse de Coignv, madame la
comtesse de Durfort, sa fille. Ces deux derniers portraits, ainsi que les copies qui,
plus tard, en furent faites par madame Rarbot, la seule élève femme qu’ait formée
Couaski, doivent se retrouver dans cette famille.

Jusqu’à cette époque, Couaski avait vécu avec les grands seigneurs, dans le luxe
et l’opulence, en véritable gentilhomme, qu’il était. La vérité de son dessin, le brillant
de son coloris, le naturel et en même temps la distinction qu’il savait donnera ses per-
sonnages, joints à l’extrême ressemblance qui caractérisait tous ses portraits, avaient
assuré à notre peintre une vogue qui se traduisait en sommes énormes.

Couaski peignait la reine Marie-Antoinette le 10 août 92, lorsque le peuple ameuté
se précipita dans la salle où celte infortunée princesse posait. Il la fit échapper par une
porte dérobée; mais son portrait fut insulté, couvert de crachats, et ce ne fut qu’avec,
grand’peine qu’il put être soustrait à la fureur révolutionnaire.

Couaski fit un second portrait de la reine, lorsqu’elle était au Temple. Jamais on
n’a su par qui et comment il fut introduit dans la prison. Ce portrait où Marie-Antoi-
nette était représentée en costume de veuve, grandeur moyenne, fut ensuite plusieurs
fois reproduit par l’artiste, et devint presque son seul moyen d’existence, pendant les
longues et malheureuses années qui suivirent la perte de sa fortune; c’est de cette
même époque que date le précieux croquis à la mine de plomb du dauphin Louis XVII,
qui est actuellement dans les mains de M. le docteur Martinet, auquel il a été donné
par madame Rarbot, et le seul qui nous ait conservé ses véritables traits. Ce médecin,
outre ce portrait, en possède deux autres de Couaski, l'un peint à l'huile sur peau de
velin, c’est celui de madame la comtesse de Rréant, à Tàge de dix-neuf ans, qui périt
 
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