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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 3.1910

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Nr. 3
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Meier-Graefe, Julius: L' exposition d'art français du XVIIIe siècle à Berlin: correspondance d'Allemagne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24873#0283

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CORRESPONDANCE D’ALLEMAGNE

L’EXPOSITION D’ART FRANÇAIS DU XVIIIe SIÈCLE A BERLIN

Pour un moment, la Pariser Platz,
à Berlin, voit son nom doublement
justifié : vis-à-vis 'de l’ambassade de
France, à l’Académie royale, les
artistes français du xvme siècle se
sont installés. Ou chuchote aujour-
d'hui en français dans ces belles salles ;
des rires argentins, comme on n’en
connaît pas d’ordinaire à Berlin,
atténués par les tapisseries qui cou-
vrent les murailles, égaient ces lieux
austères.

Est-ce ici « de l’art » ? Aucun de
ces artistes ne s’est figuré en faire :
ni Watteau — moins que tout autre,
— ni Boucher — celui-ci peut-être
plus que d’autres, — ni Lancret, ni
Fragonard, ni Chardin. Au fond, ils
n'avaient pas besoin de faire « de
l’art » : ils possédaient l’art lui-
même. Nous faisons «de l’art », nous
autres, parce que nous n’en avons plus. L’art, c’est Bœcklin, ou Hans Thoma,
ou ces Anglais du xviue siècle qui, il y a deux ans, étaient exposés dans ces
mêmes salles : Gainsborough, Reynolds et autres; le seul qui valût mieux,
Hogarth, avait été omis. Dans la salle où maintenant Watteau tisse son étince-
lante fantaisie, était accroché le Blue Boy. Il aurait été plus logique, chronolo-
giquement, de commencer par Watteau; mais cela n’aurait pas été conforme
aux règles académiques: car, depuis que Watteau a été désigné par ses collègues
de l’Académie comme un maniériste, on a toujours préféré les imitateurs aux
créateurs.

Mais lorsque les peintres anglais emplissaient ces salles, il ne venait à personne
l’idée de parler anglais; on s’extasiait, à haute voix, à voix bien plus haute
qu’aujourd’hui. Les visiteurs se faisaient importants, pour rivaliser avec les
beaux messieurs et les belles darnes de ces tableaux. Ils auraient aimé surtout
s’habiller comme eux et revenir au temps de ces beaux costumes. Mais ensuite
on remballa ces toiles et on les renvoya en Angleterre. Je ne suis pas certain que la

Cliché de la Société photographique de Berlin-

LA LISEUSE, PAR FRAGONARD
(Collection de M. le D‘’ Tuffier.)
 
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