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Archives alsaciennes d'histoire de l'art — 7.1928

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Buttin, Charles: Le gisant d'Ulrich de Werdt: quelques mots de supplément
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https://doi.org/10.11588/diglit.62603#0054

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qui frappait en aveugle, mais qui heureusement reconnut son ami à la voix.
Le passage est à citer en entier :
A celui point qu’il se revire,
Li est tournée la visière
Du hyaume ce devant derrière.
Tost li feist-on destourbance.
Mès mesire Erard là se lance
Qui le meschief a connéu ;
L’yaume remet à son déu,
Sans avoir le poing soulevé.
Et Guy a le coustel levé.
Féru l’éust, car il l’acole.
Mais il l’entent à la parole,
Parquoi doucement l’en mercie *.
Pour que le heaume put ainsi tourner autour de la tête, il fallait que
la tête put également tourner dans le heaume, et il fallait pour cela
qu’il eut son assiette en dehors de la tête, c’est-à-dire sur les épaules.
On voit que nous n’avons ni fait une allégation injustifiée, ni créé
une théorie, mais simplement tiré des conclusions logiques des documents
de l’époque, si invraisemblables que paraissent ces conclusions à
M. Gérock qui en voyant s’évanouir son impossibilité absolue, pensera
peut-être avec l’auteur de l’Art poétique : « Le vrai peut quelquefois
n’être pas vraisemblable. »
Nous devons maintenant démontrer un fait par nous avancé précé-
demment, que le glaive au xive siècle était synonyme non d’épée, mais
de lance. Nous allons être forcés de rapporter encore des documents au
risque de paraître fastidieux à ceux qui voudront bien nous lire. Ouvrons
Froissart qui parle du glaive chaque fois qu'il s’agit de joute ou de
bataille, c’est-à-dire à presque tous les chapitres.
1380 « Gau vain Micaille provoque un Anglais à jouter trois coups de glaive, férir trois coups
de hache et trois coups de dague... encore en cette empreinte y avait-il trois coups d’épée1 2».
Quelquefois la distinction est faite formellement entre le glaive et
l’épée, comme dans ce passage :
« Ceux qui dévoient jouter étoient à pied et armés de toutes pièces, de bacinets à visière
et de glaives à bons fers de Bordeaux, et d'épées de Bordeaux tous pourvus 3 ».
Mais le plus souvent la chose est tellement connue et admise au
xive siècle qu’on ne peut savoir qu’il s’agit de la lance que par l’usage
que l’on en fait :
« Et véez ci-devant Piètre du Bois tout devant et les Flamands qui furent recueillis de
ces longs glaives aux fers tranchants affilés de Bordeaux dont ils se veoient empalés que

1 Guillaume Guiart. La Branche des royaux lignages, tome II, vers 2408 à 2420.
Paris, Verdière, MDCCCXXVIII.
2 Froissart. Chroniques, liv. II, chap. LXVIII.
3 Froissart. Chronique, liv. II, chap. LXXIX.
 
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