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Hackenschmidt, Sabine: Sur un paysage de Caspar Isenmann
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.62603#0059
SUR UN PAYSAGE DE CASPAR ISENMANN
par SABINE HACKENSCHMIDT
LE Musée de Colmar conserve les restes d’un retable, que Caspar
/ Isenmann (J 1472)1 a peint pour l’église Saint-Martin. Les sept
panneaux, commencés en 1462 et terminés en 1465, représentent des
scènes de la Passion de Jésus-Christ. C’est sur le dernier de ces tableaux
que je voudrais attirer l’attention du lecteur. On y voit s’accomplir,
dans la clarté et le solennel silence de la matinée de Pâques, le miracle
de la résurrection. Le Sauveur est debout devant sa tombe ouverte, les
gardiens se réveillent en sursaut, l’ange est agenouillé et les saintes
femmes s’approchent (Fig. 27). Au second plan un rocher abrupt et un arbre
forment une coulisse qui, s’ouvrant au milieu, laisse entrevoir une vaste
plaine au fond de laquelle une ville fortifiée ferme l’horizon. Le catalogue
du Musée2 dit de cette ville : « A l’arrière-plan se découpe, minutieuse-
ment peint, sur un fond d’or, une ville aux flèches gothiques avec cathé-
drale, beffroi et tours, qui n’a pas encore été identifiée. La présence
d’un moulin à vent tendrait à faire supposer que c’est une ville flamande
plutôt qu’une ville allemande. »
Je n’ai jamais réussi, en contemplant ce tableau, à me défaire du senti-
ment instinctif que je connaissais cette ville ; j’avoue que j’avais tou-
jours en face d’elle l’impression très nette de me trouver devant ma
ville natale, mais jamais je n’ai osé prononcer à haute voix le nom de
Strasbourg. Or, depuis que j’ai trouvé dans un texte les traces du
moulin à vent, et depuis que j’ai vu et étudié le charmant dessin de
Wenzel Hollar que nous avons publié dans cette revue, 3 je crois pou-
voir formuler sans hésitation la question précise : cette ville « flamande »,
n’est-elle pas Strasbourg?
i A. Girodie. Martin Schongauer. Paris 1912^ p. 85, 104, 109, 115.
2 Cl. Champion. Le Musée d’Unterlinden à Colmar. Catalogue raisonné. Paris 1924, p. 50.
3 Archives Als. d’Histoire de l’Art. 6e année, 1927, p. 51.
par SABINE HACKENSCHMIDT
LE Musée de Colmar conserve les restes d’un retable, que Caspar
/ Isenmann (J 1472)1 a peint pour l’église Saint-Martin. Les sept
panneaux, commencés en 1462 et terminés en 1465, représentent des
scènes de la Passion de Jésus-Christ. C’est sur le dernier de ces tableaux
que je voudrais attirer l’attention du lecteur. On y voit s’accomplir,
dans la clarté et le solennel silence de la matinée de Pâques, le miracle
de la résurrection. Le Sauveur est debout devant sa tombe ouverte, les
gardiens se réveillent en sursaut, l’ange est agenouillé et les saintes
femmes s’approchent (Fig. 27). Au second plan un rocher abrupt et un arbre
forment une coulisse qui, s’ouvrant au milieu, laisse entrevoir une vaste
plaine au fond de laquelle une ville fortifiée ferme l’horizon. Le catalogue
du Musée2 dit de cette ville : « A l’arrière-plan se découpe, minutieuse-
ment peint, sur un fond d’or, une ville aux flèches gothiques avec cathé-
drale, beffroi et tours, qui n’a pas encore été identifiée. La présence
d’un moulin à vent tendrait à faire supposer que c’est une ville flamande
plutôt qu’une ville allemande. »
Je n’ai jamais réussi, en contemplant ce tableau, à me défaire du senti-
ment instinctif que je connaissais cette ville ; j’avoue que j’avais tou-
jours en face d’elle l’impression très nette de me trouver devant ma
ville natale, mais jamais je n’ai osé prononcer à haute voix le nom de
Strasbourg. Or, depuis que j’ai trouvé dans un texte les traces du
moulin à vent, et depuis que j’ai vu et étudié le charmant dessin de
Wenzel Hollar que nous avons publié dans cette revue, 3 je crois pou-
voir formuler sans hésitation la question précise : cette ville « flamande »,
n’est-elle pas Strasbourg?
i A. Girodie. Martin Schongauer. Paris 1912^ p. 85, 104, 109, 115.
2 Cl. Champion. Le Musée d’Unterlinden à Colmar. Catalogue raisonné. Paris 1924, p. 50.
3 Archives Als. d’Histoire de l’Art. 6e année, 1927, p. 51.