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Ungerer, Théodore: Un dessin original d'Isaac Habrecht Horologer a Strasbourg (1580)
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.62603#0093
UN DESSIN ORIGINAL D’ISAAC HABRECHT
HORLOGER A STRASBOURG (1580)
par THÉODORE UNGERER
L'ATTRAIT qu’exercent sur nous les œuvres d’art des siècles passés
/ réside essentiellement dans leur caractère individuel, étranger à tout
machinisme. Les moyens de production dépendaient, à l’époque de leur
origine, dans une toute autre mesure que de nos jours, de l’habileté profes-
sionnelle des artisans qui les créèrent et qui ne possédaient pas les auxiliaires
du vingtième siècle.
Cette autonomie productive n’était pas due uniquement à l’insuffisance
des connaissances techniques ; elle relevait essentiellement de la rigueur
d’esprit qui dirigeait les organisations corporatives et qui empêchait
toute collaboration efficace des métiers entre eux ; la mutualité eût
été la première condition pour un développement industriel de grande
envergure.
La cachotterie qui, dans toutes les professions, faisait un secret d’état de
la moindre formule ou recette, du plus simple tour de main, a conduit à des
phénomènes comme la franc-maçonnerie chez les maîtres d’œuvre et tailleurs
de pierre. L’esprit des encyclopédistes mit enfin un terme à cette intolérance
et ouvrit le chemin du modernisme.
Les tendances de protection du métier contre l’intrusion, nous pouvons
dire la jalousie professionnelle, semblent avoir eu pour principe de ne laisser
aucun document qui pût permettre à un outsider de s’initier à un art sans
passer par la filière forcée de l’apprentissage, du compagnonnage et de la
maîtrise. C’est là certainement une des causes de l’absence presque absolue
d’iconographie technique antérieure au xvme siècle, en raison de laquelle
il nous est si difficile, aujourd’hui, de nous faire une idée exacte des conditions
dans lesquelles s’exerçaient les métiers. Une autre raison de cette
indigence est celle de l’insuffisance ou de la nullité de l’enseignement théo-
rique d’autrefois. La formation intellectuelle n’était pas de nature à permettre
HORLOGER A STRASBOURG (1580)
par THÉODORE UNGERER
L'ATTRAIT qu’exercent sur nous les œuvres d’art des siècles passés
/ réside essentiellement dans leur caractère individuel, étranger à tout
machinisme. Les moyens de production dépendaient, à l’époque de leur
origine, dans une toute autre mesure que de nos jours, de l’habileté profes-
sionnelle des artisans qui les créèrent et qui ne possédaient pas les auxiliaires
du vingtième siècle.
Cette autonomie productive n’était pas due uniquement à l’insuffisance
des connaissances techniques ; elle relevait essentiellement de la rigueur
d’esprit qui dirigeait les organisations corporatives et qui empêchait
toute collaboration efficace des métiers entre eux ; la mutualité eût
été la première condition pour un développement industriel de grande
envergure.
La cachotterie qui, dans toutes les professions, faisait un secret d’état de
la moindre formule ou recette, du plus simple tour de main, a conduit à des
phénomènes comme la franc-maçonnerie chez les maîtres d’œuvre et tailleurs
de pierre. L’esprit des encyclopédistes mit enfin un terme à cette intolérance
et ouvrit le chemin du modernisme.
Les tendances de protection du métier contre l’intrusion, nous pouvons
dire la jalousie professionnelle, semblent avoir eu pour principe de ne laisser
aucun document qui pût permettre à un outsider de s’initier à un art sans
passer par la filière forcée de l’apprentissage, du compagnonnage et de la
maîtrise. C’est là certainement une des causes de l’absence presque absolue
d’iconographie technique antérieure au xvme siècle, en raison de laquelle
il nous est si difficile, aujourd’hui, de nous faire une idée exacte des conditions
dans lesquelles s’exerçaient les métiers. Une autre raison de cette
indigence est celle de l’insuffisance ou de la nullité de l’enseignement théo-
rique d’autrefois. La formation intellectuelle n’était pas de nature à permettre