112
en or, il avait été commandé dans la seconde moitié du xvnie siècle,
probablement à l’occasion de la reprise officielle du titre abbatial par le
prieur de Marbach, lorsque son monastère avait dû, sur l’ordre de
Louis XIV, se séparer de la Congrégation de Windisheim. L’abbé Herr-
gott entendit donner à sa nouvelle dignité l’éclat et de luxe qui lui
convenaient. L’abbaye de Marbach avait possédé antérieurement des
ornements non moins précieux, mais tous avaient disparu lors de l’in-
vasion des Suédois. L’on cite parmi les trésors perdus à cette occasion
le fameux ornement de Damas blanc orné de broderies d’or et d’argent
et de pierres précieuses, que la duchesse de Brabant avait offert à
l’abbaye en reconnaissance d’un don de reliques que celle-ci lui avait cédées.
Lorsqu’au début de la grande Révolution les chanoines ne se trou-
vèrent plus en sûreté dans leur antique monastère, ils transférèrent leur
domicile à Colmar et se réunirent aux chanoines de la collégiale de
St-Martin. Ils apportèrent toutes les richesses du trésor de leur église
et abandonnèrent à la sacristie de l’église St-Martin tous les ornements
et leurs vases sacrés. La collégiale de Colmar se trouva ainsi et d’une
façon inattendue enrichie d’un nombre relativement grand d’ornements
de tous genres qui figurent pour la plupart sur l’inventaire dressé à
l’occasion de la vente des biens nationaux. L’abondance des ornements
et des pièces dont chacun d’eux se composait, indique à première vue
qu’ils avaient appartenu originairement non pas à l’église St-Martin,
mais à une communauté religieuse comptant un nombre respectable
d’ecclésiastiques. On est étonné de voir les chanoines de Marbach aban-
donner purement et simplement, à leur arrivée à Colmar, leurs orne-
ments à la collégiale de St-Martin ; car en réalité déjà depuis quelques
années avant les événements de 1789 ils ne pouvaient en disposer à
leur gré. L’abbaye de Marbach avait été sécularisée en 1785 au profit
du chapitre noble d’Ottmarsheim et ses biens avaient été mis sous
séquestre. Les chanoines ne jouissaient plus que des rentes des biens
appartenant à leur monastère et la communauté devait disparaître par
voie d’extinction. Au moment de la mise sous séquestre (1786), il
avait été dressé un inventaire détaillé de tous les objets mobiliers se
trouvant alors à Marbach ; malheureusement cet inventaire qui fournirait
des renseignements précieux sur les richesses artistiques de l’antique
monastère, a disparu. Il servit encore pendant la grande Révolution,
car dans une lettre adressée le 15 avril 1791 au district de Colmar pour
réfuter des accusations calomnieuses, l’abbé Herrgott fait allusion à ce
document qui se trouvait alors entre ses mains et dont les bureaux du
district devaient posséder une copie. Quoiqu’il en soit, les chanoines de
Marbach et les membres du chapitre St-Martin se servirent des orne-
en or, il avait été commandé dans la seconde moitié du xvnie siècle,
probablement à l’occasion de la reprise officielle du titre abbatial par le
prieur de Marbach, lorsque son monastère avait dû, sur l’ordre de
Louis XIV, se séparer de la Congrégation de Windisheim. L’abbé Herr-
gott entendit donner à sa nouvelle dignité l’éclat et de luxe qui lui
convenaient. L’abbaye de Marbach avait possédé antérieurement des
ornements non moins précieux, mais tous avaient disparu lors de l’in-
vasion des Suédois. L’on cite parmi les trésors perdus à cette occasion
le fameux ornement de Damas blanc orné de broderies d’or et d’argent
et de pierres précieuses, que la duchesse de Brabant avait offert à
l’abbaye en reconnaissance d’un don de reliques que celle-ci lui avait cédées.
Lorsqu’au début de la grande Révolution les chanoines ne se trou-
vèrent plus en sûreté dans leur antique monastère, ils transférèrent leur
domicile à Colmar et se réunirent aux chanoines de la collégiale de
St-Martin. Ils apportèrent toutes les richesses du trésor de leur église
et abandonnèrent à la sacristie de l’église St-Martin tous les ornements
et leurs vases sacrés. La collégiale de Colmar se trouva ainsi et d’une
façon inattendue enrichie d’un nombre relativement grand d’ornements
de tous genres qui figurent pour la plupart sur l’inventaire dressé à
l’occasion de la vente des biens nationaux. L’abondance des ornements
et des pièces dont chacun d’eux se composait, indique à première vue
qu’ils avaient appartenu originairement non pas à l’église St-Martin,
mais à une communauté religieuse comptant un nombre respectable
d’ecclésiastiques. On est étonné de voir les chanoines de Marbach aban-
donner purement et simplement, à leur arrivée à Colmar, leurs orne-
ments à la collégiale de St-Martin ; car en réalité déjà depuis quelques
années avant les événements de 1789 ils ne pouvaient en disposer à
leur gré. L’abbaye de Marbach avait été sécularisée en 1785 au profit
du chapitre noble d’Ottmarsheim et ses biens avaient été mis sous
séquestre. Les chanoines ne jouissaient plus que des rentes des biens
appartenant à leur monastère et la communauté devait disparaître par
voie d’extinction. Au moment de la mise sous séquestre (1786), il
avait été dressé un inventaire détaillé de tous les objets mobiliers se
trouvant alors à Marbach ; malheureusement cet inventaire qui fournirait
des renseignements précieux sur les richesses artistiques de l’antique
monastère, a disparu. Il servit encore pendant la grande Révolution,
car dans une lettre adressée le 15 avril 1791 au district de Colmar pour
réfuter des accusations calomnieuses, l’abbé Herrgott fait allusion à ce
document qui se trouvait alors entre ses mains et dont les bureaux du
district devaient posséder une copie. Quoiqu’il en soit, les chanoines de
Marbach et les membres du chapitre St-Martin se servirent des orne-