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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 13.1887 (Teil 1)

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Garnier, Édouard: Les industries d'art dans l'ancienne France, [1]: études sur les musées et les collections de la province
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https://doi.org/10.11588/diglit.25558#0101

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Patron de dentelles en papier piqué.

LES INDUSTRIES D’ART DANS L’ANCIENNE FRANCE

ÉTUDES SUR LES MUSEES ET LES COLLECTIONS DE LA PROVINCE

Quand on étudie avec attention l’histoire de l’industrie
française au xvne et au xvme siècle, ce qui apparaît tout
d’abord, c’est la place importante qu’y occupent, dans les
villes de province, ce que l’on est convenu d’appeler
aujourd’hui les industries d’art. C’est à cette sorte de
décentralisation que la France d’autrefois a dû, en grande
partie, la suprématie incontestée qu’elle s’était acquise
pour tout ce qui touche aux choses de goût ; c’est cette
puissante vitalité, répandue sur tout son territoire, qui a
produit ces œuvres variées dans lesquelles le génie propre
à chaque contrée a pu se manifester librement sans être
étouffé, ainsi que nous ne le voyons que trop de nos jours,
par les caprices d’une mode exclusive, tyrannique et pas-
sagère comme tout ce qui relève d’un seul groupe d’indi-
vidus.

Malheureusement, à la suite de crises économiques
dues à des causes diverses que nous n’avons pas à appré-
cier ici, et qui se sont produites à plusieurs reprises depuis {
un siècle, ce grand mouvement de production s’est ralenti
peu à peu pour disparaître enfin si complètement que, dans
beaucoup de provinces, il ne resta bientôt plus aucune
trace de ces anciennes industries locales qui avaient tant
aidé autrefois à la grandeur et à la prospérité commerciale
delà France; dans bien des villes même, le souvenir en
était perdu à un tel point que, à l’exception de quelques
érudits, on eût fort étonné la plupart des habitants en leur
apprenant que certaines œuvres, recherchées par les ama-
teurs les plus délicats et qui atteignent dans les ventes des
prix parfois excessifs, étaient sorties de manufactures
auxquelles leur cité, triste et morne aujourd’hui, avait dû
autrefois la vie, la célébrité et, souvent aussi, la richesse.

Depuis quelques années cependant, une réaction pleine
de promesses pour l’avenir s’est produite; des expositions
rétrospectives organisées par les soins des sociétés savantes
des départements montrent les produits de ces anciennes
manufactures pendant si longtemps oubliées, des recher-
ches faites dans les archives locales aident à reconstituer
leur histoire, et le jour viendra bientôt, nous l’espérons
du moins, où des efforts sérieux seront tentés pour les
faire revivre aussi prospères que par le passé.

Ce sont quelques-unes de ces industries autrefois si
floiissantes dans nos villes du Nord que nous avons voulu

| - étudier dans un voyage entrepris à cet effet; il nous a
semblé intéressant et utile de rechercher dans quelles con-
ditions elles avaient été établies et avaient prospéré, à
quelles causes elles ont dû leur décadence et leur abandon,
et quels témoignages de leur existence elles ont laissés
dans les milieux qui les avaient vues naître.

I

VALENCIENNES

dentelles de Valenciennes. — faïences de saint-amand-
les-eaüx. — manufacture de porcelaine dure de Valen-
ciennes. — PORCELAINES TENDRES DE SAINT-AMAND. — LES
TAPISSERIES DE VALENCIENNES.

Le nom de Valenciennes évoque tout d’abord à l’esprit
le souvenir de ces merveilleuses dentelles, si belles et si
solides tout à la fois, de « ces éternelles Valenciennes »,
comme les appelle Mme de Genlis, qui se transmettaient
de génération en génération avec les bijoux les plus pré-
cieux, et qui faisaient, pour ainsi dire, partie du patrimoine
de la famille. Cependant on chercherait en vain aujourd’hui,
dans la ville qui leur a donné son nom, une trace quel-
conque de leur ancienne fabrication; non seulement il n’y
reste plus une seule dentellière, alors qu’il y a cent ans à
peine on en comptait de trois à quatre mille dans la seule
enceinte de la ville, mais encore, à qui voudrait étudier
cette intéressante industrie, le Musée ne peut offrir, en tout
et pour tout, qu’un spécimen du carreau ou coussin sur
lequel l’ouvrière exécutait son travail et quelques bandes
de papier ou de parchemin piquées qui servaient de mo-
dèles L Et pourtant il se débite actuellement tous les ans
pour plus de vingt millions de dentelles dites valenciennes
fabriquées presque exclusivement en Belgique, notamment
à Ypres, à Bruges, à Gand, à Courtrai, à Alost, etc.

C’est vers la fin du xve siècle ou dans les premières
années du xvi°, que deux habiles artisans dont les noms
sont arrivés jusqu’à nous, mais sur l’existence desquels on
ne sait rien de positif, au moins jusqu’à présent, I îeric

i. Voir le Patron de dentelles en papier piqué, reproduit en tac
de cette étude.
 
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