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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 13.1887 (Teil 1)

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Jullien, Adolphe: "La valkyrie" a Bruxelles
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https://doi.org/10.11588/diglit.25558#0157

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« LA VALKYRIE » A BRUXELLES

La Belgique est, depuis tantôt dix-sept ans, un terrain neutre
où se débattent les questions musicales entre l’école allemande et
l’école française, où les chefs-d'œuvre modernes de l’art musical
allemand qui n’ont pas pu jusqu'à présent se produire en France
sont exécutés avec conviction, écoutés avec recueillement ; où les
amateurs français qui ne trouvent pas dans leur pays satisfaction
suffisante à leurs aspirations, à leur curiosité, s’en vont écouter
les opéras dont ils sont privés chez eux et qu’ils sont justement
humiliés de ne pas connaître, alors que le monde entier les apprécie
et les applaudit.

Les Belges, par leur humeur calme et moins gouailleuse que
la nôtre -—- aussi longtemps qu’ils ne s’emportent pas comme des
moutons enragés — par leur position intermédiaire entre deux
pays animés de sentiments hostiles jusque dans les questions d’art,
semblaient tout désignés pour jouer ce rôle d’arbitres ou d’inter-
médiaires dans les controverses qui s’agitaient entre les deux
nations ennemies, entre les deux camps musicaux. Aussi, depuis la guerre de 1870, la ville de
Bruxelles a-t-elle pris une importance inattendue au point de vue musical, et c’est bien nous,
il faut le dire, qui lui avons assuré ce rang considérable en la laissant se substituer à Paris, par
suite de notre entêtement puéril à proscrire un génie entouré de l’admiration universelle. En le
repoussant hors de nos théâtres, nous ne lui faisions aucun tort et nous en faisions beaucoup à
nous-mêmes en nous isolant du mouvement général, en nous laissant devancer par d’autres
peuples habitués précédemment à se régler sur nous.

S’apercevrait-on aujourd’hui de la faute commise et ne faut-il pas expliquer par un sentiment
de confusion tardif, par le désir de ne plus demeurer ainsi en arrière des autres nations,
l’empressement qu’ont marqué certains des ennemis les plus acharnés de Wagner à courir en
Belgique avec ses admirateurs ? Piteusement, ils ont mis différents prétextes en avant pour se
justifier de leur faiblesse auprès de leurs lecteurs : la mort de R. Wagner, l’apaisement qui s'est
fait dans les esprits à son sujet, la scène étrangère où la représentation devait avoir lieu,
l’importance de l’ouvrage où les théories de Richard Wagner sur le drame musical trouvaient
leur application rigoureuse. Autant d’excellentes raisons mais qui, toutes, étaient déjà aussi
probantes il y a deux ans lorsqu’on joua les Maîtres Chanteurs à ce même théâtre de la Monnaie ;
et cependant aucun de ceux qui font profession de combattre et de nier Wagner n’avait alors
pris la peine de se déranger.

C’est que, depuis deux ans, le revirement en faveur de Richard Wagner, auparavant déjà
très sensible, a pris une extension considérable en France et que les gens les plus compromis
par leurs déclarations antérieures ont senti qu’il ne suffisait plus d’injurier l’homme ou de traiter
ses œuvres d’insanités musicales, qu’il y fallait prêter quelque attention, puis en parler avec
sérieux, sous peine d’être abandonnés ou bafoués eux-mêmes par des lecteurs dont ils avaient
lassé la patience : ils avaient cru, les pauvres gens, faire le vide autour de Richard Wagner et


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Richard Wagner, par Klik.
Caricature allemande.

(Gravure extraite de : Richard Wagner,
sa vie et ses œuvres.)
 
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