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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 8,1.1906

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Numéro 91
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Quénioux, G.: Le dessin et son enseignement
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https://doi.org/10.11588/diglit.44813#0191

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LE DESSIN ET SON ENSEIGNEMENT

terme consacre), et oü quarante-trois candi-
dats furent regus professeurs ä la derniere
session pour le seul examen du Ier degre
(lycees et Colleges).
Queis que soient le zele et le devoue-
ment des professeurs, ils ne peuvent en-
seigner que ce qu’ils ont appris eux-memes,
et d’ailleurs ne doivent transmettre d’autre
doctrine que celle qui est accreditee. Les
Programmes en effet sont formels, l’em-
ploi du temps y est prevu minutieusement,
et le professeur doit suivre les prescriptions
qui lui sont imposees.
Et comme l’obeissance stricte dispose
mal ä l’independance de la pensee, que les
professeurs n’ont aucunement ä apprecier
s’ils font bien ou mal, ou seulement s’ils
pöurraient mieux faire, ils se bornent ä
appliquer ä la lettre les Programmes traces,
assures ainsi de n’encourir aucun reproche.
La Methode et les Programmes. — Con-
trairement ä Ravaisson et aux illustres ar-
tistes dont j’ai eite les noms, Eug. Guillaume
soutient que la geometrie contient tout le
dessin. Et non seulement il enorme ce prin-
cipe comme une idee pouvant etre defendue
theoriquement, mais comme une verite pra-
tiquement realisable. Guillaume dit textuel-
lement que, possedant la connaissance du
dessin geometral, de la perspective et des
lois du trace des ombres, on est en posses-
sion du dessin tout entier. Des lors, avec
une pareille conception du dessin, il est
evident qu’il est inutile d’en fonder l’etude
sur le sentiment.
Ne s’etant pas plus que Ravaisson preoc-
cupe du sentiment naturel de l’eleve, la
methode Guillaume est tout aussi infruc-
tueuse, et pour les memes raisons. J’ai dit
que l’enfant ne peut comprendre les beautes
de l’art grec, et je dis que l’abstraite geo-
metrie ne peut le seduire davantage. Com-
ment! L’on veut obliger un petit cerveau de
8 ä g ans ä etudier les proprietes d’un cube
ou d’un parallelipipede ! L’on croit pouvoir
fixer l’attention d’un papillon par l’interet
que presente la perspective lineaire !
Ceux qui ont cru cette chose possible
sont des theoriciens; ce ne sont pas des
educateurs.
Il n’est pas exagere de dire que tous les
enfants aiment le dessin; ils l’aiment d’ins-
tinct, naturellement.
Fait librement, le dessin est pour eux

une source de joie et, si en classe les enfants
abandonnent cet exercice de leur esprit,
c’est parce qu’on ne fait pas appel ä leur
esprit, et qu’en classe on leur impose un
exercice machinal, ennuyeux, un pensum.
L’enfant a foi en son maitre, une foi
complete; mais il est naturel qu’il en attende


Fig- 7

autre chose que de l’ennui. Prenöns-y garde ;
une lueur superieure ä sa raison eclaire
l’enfant; il sait tres bien quand ce qu’on
lui fait faire est. bon et utile.
Aussi bien la reflexion d’un tout petit,
revenant de la classe de desssin, le coeur
gros, est-elle juste et resume-t-elle tout ce
qu’on peut reprocher ä ce Systeme : « L’on
ne nous a pas fait dessiner, disait ce petit,
l’on nous a seulement fait tracer des lignes ».
La premiere lecon consiste en effet ä tracer
une ligne droite.
A ces jeunes cerveaux dont l’imagina-
tion imprecise est sans limites, dont l’ima-
gination est creatrice d’images mirifiques, ä
ces petites intelligences qui, depassant les
realites immediates, pensent surtout aux

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