Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Blaeu, Joan
Le grand atlas ou Cosmographie Blaviane, ou laquelle est exactement descritte la Terre, la Mer et le Ciel (Nevfvième Volume): Contenant L'Italie, Qvi Est Le XVI. Livre De L'Europe — Amsterdam: Chez Jean Blaeu, 1663

DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.55560#0038

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
Ncnt'

■Marqià-

Duché.

Bornes.

Villes.

E pays de Montfei>
rat, qui faiét la fécon-
de Province de Pied-
mont, eft fort plaifànt
& agréable ; il eft en
la Lombardie deçà le
Pô, & s’appelle Mont-
ferrat , comme fi vous
difiez Mow ferax^ c’eft
à dire, Montaigne fer-
tile , à caufo de fos petites collines, qui font ferti-
les à merveilles ; ou bien ce nom vient du fer,
d’autant que comme le fer furpafle les autres mé-
taux en force & dureté -, de mefme ce pays fùr-
paffe tous fes voyfins en fertilité, en abondance,
& en excellence de toute forte de fruiéts, mais
principalement de vin.
Il y a eu autrefois foptMarquifàtsen cefte con-
trée , erigez par l’Empereur Otton 11 : à fçavoir,
celuy de Montferrat, Ceve, Poncion,Bufche,Sa-
luffes, Savone & Finare, lelquels furent donnez
aux fept fils d’Aleran Duc de Saxe.La famille des
Paleologues a tenu celuy de Montferrat, jufques
à l’an 1534, que l’Empereur Charles V, apres la
mort de Sainét George, le dernier des Paleolo-
gues , déclara le Duc de Mantouë légitimé heri-
tier de Montferrat. Ce Marquifàt fut érigé en
Duché, par l’Empereur Maximilian l’an 157y ; &
Guillaume III Seigneur de Mantouë, fut le pre-
mier Duc de Montferrat. Merula, au liv. 3. des
antiquitez du Vicomté, le dépeint de ces cou-
leurs : c’eft une montagne, qui a des perpétuelles
collines, toutes plaçantes, toutes fertiles, &
toutes fort habitées; vous n’y verriez pas un poul-
ce de terre vacquant, tant le terroir eft fertile.
A main gauche il a le fleuve Tanaro, & à droi-
te le Pô, qui luy fervent de bornes : car il ne fort
point d’entre ces deux rivières ; & tant plus que
les collines s’en efloignent, tant plus laiflent el-
les de plaine entre elles. Certes on pourroit à bon
droiét appeller ce pays Mefopotamie ; car il eft
entre les rivières, qui l’enferment d’un cofté &
d’autre.
Non gueres loin de l’emboucheure du Tana-
ro , on rencontre Baflignana ; où il y avoit jadis
un pont de bois, fur lequel comme pafloit un
jour lean de Medicis Florentin, Cardinal & Lé-
gat de Boloigne, qui fut puis apres Pape, &
nommé Leon X, il fut arraché des mains des
François (qui l’avoientpris en cette fanglante ba-
taille, devant Ravenne l’an 1512, & le menoient
en France, ) & fut ramené à Boloigne, qui eftoit
le fiege de fa légation.
Puis on rencontre une fort ancienne ville nom-
mée Valence, & on void fur une colline Pomaro
avec fon chafteau.
Italie.


AfTez près de là eft Fraffinetto & CafaI S. E- Cafak
vafio afliegé par le Marquis Spinola. Sixte IV
l’an 1474 , luy accorda droiét de Cité ; ilyaE-
vefohé, ôc c’eft là où les Marquis de Montferrat
font leur ordinaire refidence. Il y a deux cha-
fteaux, l’un ancien, qui eftoit jadis le domicile
des Marquis -, l’autre nouveau, bafti par Vincent
Gonzaga Duc de Mantouë & de Montferrat,
qu’on nomme la citadelle. De cette ville font
fortis plufieurs perfonnagesilluftres ,• Othonde
la tres-noble race d’Aleran, & Théodore Paleo*
logue, tous deux Cardinaux ; Bernardin Romain
premier Evefque du lieu ; George Catatoxico
Théologien & Philofophe, & plufieurs autres.
Apres Baflignana, il y a des collines plus avant
dans le pays , toutes remplies de gentiles villes,
telles que font Monte Caftello, Pavon, S. Salva-
tore, où il y a une forte citadelle, Gerella, Sui-
zan, Caftelleto, Lugo,Montema^no. Depuis
Cafal, fi vous fuivez le rivage du Pô, vous ren-
contrerez plufieurs villes : Ponte di Stura, Cami-
no, Gabiano.
Au concours, des deux rivières Borme & Ta- ^lexané
nar , fe void Alexandrie de la Paille. Elle a fon d’ie‘
nom du Pape Alexandre III, & fon furnom,félon
que veulent quelques uns, de ce que jadis les Em-
pereurs defignez, y reçevoient une couronne de
paille : mais ce font contes faits à plaifir. Elle
eft entre deux rivières, en un lieu fort plaifànt, &
,1e Tanaro fepare les fauxbourgs d’avec la ville.
Les habitans font gens d’efprit & d’un cœur haut.
Elle a efté long temps tenu par des Vicomtes ;
puis par ceux de la maifon de Sforce ; en apres
par les Roys de France, tandis qu’ils ont efté
Ducs de Milan ; à prefent elle eft au Roy d’Efpa-
gne. George Merula en eftoit natif. Delà le Ta-
naro ou Tangro eft Borgolio , qui fort de faux-
bourg à la ville d’Alexandrie, n’y ayant que la
riviere & le pont entre deux. Delà la rivière de
Bormia à main gauche, eft Bofoo , fur le chemin
d’Æmilius, ville afléz gentile, encor qu’elle ait
perdu le tiltre deMarquifat,qu’ellepoflédoit au-
trefois : ce fut là, que Barthélémy de Bergame,
chef de l’armée Milanoifè, mitlesFrançoys en
defroute. Un peu plus haut,entre Bormia & Bur-
da,eft la ville d’Incifa,où eft Livorna,dont Ptolo-
méefaiét mention. Derechef à deux miles d’Ale-
xandrie , il y a une petite ville, que les doétes ap-
pellent Maricorum,dont les habitans vindrent peu-
pler la ville d’Alexandrie. Il y a aufli un bourg
joignant le Tangro , nommé Forum, lequel eft à
prefont fort deshabité, & presque defort,auffi bien
que Maricoro , qui eftoient jadis des chafteaux
fort peuplez, quand on baftifloit Alexandrie. On
y void encor des ruines & mafures de quelques
anciens temples, avec le pavé de pierres precieu-
I fos,
 
Annotationen