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D E
A
Tour.
Ville de
Milan.
’E s T A T de Milan,cm-
bradant leCremonois
& s’edendant tant au
deçà qu’au delà du Pô,
avoihne du Nord le
pays des Suides , qui
tiennent Bellinzone
prés du Tefin , avec
quelques autres lieux
adis prés de l’extremité
Septentrionale du LacMajour, de mefine que
tout le lac de Lugano, piece demembrée de l’an-
cien Eftat de Milan ; & le pays des Grifons au
bout du lac de Corne, vers Chiavenne & la Val-
teline : du Couchant la riviere de Sezia, avec le
Vercellois, la Val d’Aoude, & l’Adefan du Duc
de Savoye; le Montferrat & le pays de Valais,
où l’on entre par le mont Sampion,arrivant apres
à Brig , lieu du Valais, au delà de la montagne,
apres avoir pafie Domodolcella & Devedrio,
dernier lieu du Milanois ,• & du Midy l’Eftat du
Duc de Parme, dontlePôfaitlafeparationde
ce codé là ; le pays de la République de Genes
vers Novi & Gavi, apres avoir padé Alexandrie
de la Paille, la riviere de Bormia & Padorana, &
vers Ottaggio, ayant pafie la Betola & Serravalle
apres Tortone ; outre les pays de quelques Sei-
gneurs tenans leurs fiefs de l’Empire ; & du Le-
vant le Bergamafc, prés de la riviere d’Adde, de-
puis la ville de Lecco jufqu’àTrezzo -, le Brefian,
depuis Covo jufqu’à Calvaton, la riviere d’Oglio
entre deux ; le pays de Creme des Vénitiens, de
mefine que les deux autres, demeurant enclos
prelque comme une Ide, entre le Milanois & le
Cremonois , n’ayant qu’un petit pafiage du Ber-
gamafc; & pareillement l’Edat des Ducs de Man-
touë & de Sabionete, & du Prince de Bozolo,
du codé du Cremonois, & le Plaifantin du Prin-
ce de Parme,où l’on entre apres avoir pafie Vog-
here; les rivières de la Coppa& la Verfa, puis
Bron, au delà duquel lieu l’on trouve le Plaifan-
tin , avec Cadel S. Giovanni & la riviere deTi-
done.
Le tour de tout cét Edat, félon l’edime des
Italiens mieux entendus, ed de 300 mils.
La ville capitale de tout cét Edat ed Milan,
nommée par les anciens Mediolanum, par les Ita-
liens Milano, & par les Alemans Meyland. Elle a
quelques dix mils de tour, d’où vient que les Ita-
liens l’appellent Milano la grande, & a 22 portes,
en y comprenant celles des Fauxbourgs, faifans
comme un corps avec la ville, pource qu’ils font
ceints de fofiez, badions revedus de briques &
rempars , de l’entretien toutefois defquels les
Elpagnols n’ont plus defoucy, comme faiïànt
feulement Edat du chadeau. Ce qui ed depuis
cette enceinte & clodure, jufqu’à une petite ri-
Italie.
vière, palfe fous le nom de Faux-bourg $ &lé
corps de la ville ed tout entouré de cede eau. Il
y a quelques belles rués , & c’ed une belle chofè
d’y voir que la plulpart des ouvriers, dont la ville
ed pleine, plus qu’aucune d’Italie,font didinguez
par quartiers & rues. Elle a pour fa commodité
deux canaux qui portent grofles barques, dont
l’un, appellé Navilio di porta Ticinefe , vient du
Tefin, 8c l’autre, nommé Navilio di Martelana,
de l’Adde. De forte que par le moyen de ces eaux,
on y conduit des vivres en grande abondance, &
toute forte de choies.
Scot & Pfiaumeren fuivans Capugnan , y Ëgfr'fis &
mettent quatre-vingts deux Eglifos,- à fçavoir (onwnf-
onze Collegiales , & foixante & onze Paroides,
outre trente Convens de Religieux, huiét Eglifes
de Predres Réguliers, trente-fix Monaderes de
Religieulès, & trente-deux Confrairies, qui font
enlèmble cent quatre-vingt huiét Eglifes ; com-
bien qu’ils advouënt qu’elles font avec plufieurs
autres deux cent trente-huiét Eglifes. Mais le plan
qui ed faiét, accompagné du dénombrement de
tout fon contenu,rapporte qu’il y a quatre-vingts
foize Paroides, quarante Convens de Religieux*
cinquante de Religieufes, & cent Confrairies ;
tellement que tout enlèmble feroit deux cens
trente-fix Eglifes.
Il y met encor un Holpital qui en maintient au-
très neuf. C’ed celuy qu’ils appellent le grand
Holpital,ayant d’ordinaire cinquante mille elcus
de revenu tous les ans, & par fois foixante, voire
foixante & dix. Le dehors ed quarré, mais le lo-
gis du dedans ed fait en forme de croix. Telle-
ment qu’il lailfe quatre Cours entre les branches
de fa Croix, où les malades font couchez, ayans
au milieu de la Croix, & comme en fon centre,
un Autel, où chacun peut voir dire Méfié de fon
lit. Cét Holpital entretient ordinairement qua-
tre mille pauvres, 8c les autres, qui font ceux de
fainét Denis, fainét Grégoire, fainét Vincent,
làinét Lazare, làinét Ambroife& quelques au-
tres, qui font prelque tous des mieux badis, avec
quantité de chambres & belles galleries,en nour-
ri fient environ cinq mille. Tellement que neuf
mille necelfiteux ou malades y vivent tous les
jours aux delpens du public.
Quant à les Eglilès, la principale ed l’Eglifo 'EgiiftCœ*
Cathédrale,qu’ils appellent Homo, toute reveduë thedrale*
dedans & dehors de marbre blanc avec un grand
nombre de datuës de mefine marbre, rangées
contre les murailles & dedans & dehors j cent
foixante colonnes aufii de marbre blanc, qui fou-
tiennent fa voûte, & font de telle grofleur, qu’à
peine trois hommes les peuvent embrafler, cha-
cune ayant coudé dix mille efeus, comme on a
jugé par celles qu’on a faites pour aggrandir l’E-
glife, & des chefiies de fer d’une admirable gran-
Q deuï
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A
Tour.
Ville de
Milan.
’E s T A T de Milan,cm-
bradant leCremonois
& s’edendant tant au
deçà qu’au delà du Pô,
avoihne du Nord le
pays des Suides , qui
tiennent Bellinzone
prés du Tefin , avec
quelques autres lieux
adis prés de l’extremité
Septentrionale du LacMajour, de mefine que
tout le lac de Lugano, piece demembrée de l’an-
cien Eftat de Milan ; & le pays des Grifons au
bout du lac de Corne, vers Chiavenne & la Val-
teline : du Couchant la riviere de Sezia, avec le
Vercellois, la Val d’Aoude, & l’Adefan du Duc
de Savoye; le Montferrat & le pays de Valais,
où l’on entre par le mont Sampion,arrivant apres
à Brig , lieu du Valais, au delà de la montagne,
apres avoir pafie Domodolcella & Devedrio,
dernier lieu du Milanois ,• & du Midy l’Eftat du
Duc de Parme, dontlePôfaitlafeparationde
ce codé là ; le pays de la République de Genes
vers Novi & Gavi, apres avoir padé Alexandrie
de la Paille, la riviere de Bormia & Padorana, &
vers Ottaggio, ayant pafie la Betola & Serravalle
apres Tortone ; outre les pays de quelques Sei-
gneurs tenans leurs fiefs de l’Empire ; & du Le-
vant le Bergamafc, prés de la riviere d’Adde, de-
puis la ville de Lecco jufqu’àTrezzo -, le Brefian,
depuis Covo jufqu’à Calvaton, la riviere d’Oglio
entre deux ; le pays de Creme des Vénitiens, de
mefine que les deux autres, demeurant enclos
prelque comme une Ide, entre le Milanois & le
Cremonois , n’ayant qu’un petit pafiage du Ber-
gamafc; & pareillement l’Edat des Ducs de Man-
touë & de Sabionete, & du Prince de Bozolo,
du codé du Cremonois, & le Plaifantin du Prin-
ce de Parme,où l’on entre apres avoir pafie Vog-
here; les rivières de la Coppa& la Verfa, puis
Bron, au delà duquel lieu l’on trouve le Plaifan-
tin , avec Cadel S. Giovanni & la riviere deTi-
done.
Le tour de tout cét Edat, félon l’edime des
Italiens mieux entendus, ed de 300 mils.
La ville capitale de tout cét Edat ed Milan,
nommée par les anciens Mediolanum, par les Ita-
liens Milano, & par les Alemans Meyland. Elle a
quelques dix mils de tour, d’où vient que les Ita-
liens l’appellent Milano la grande, & a 22 portes,
en y comprenant celles des Fauxbourgs, faifans
comme un corps avec la ville, pource qu’ils font
ceints de fofiez, badions revedus de briques &
rempars , de l’entretien toutefois defquels les
Elpagnols n’ont plus defoucy, comme faiïànt
feulement Edat du chadeau. Ce qui ed depuis
cette enceinte & clodure, jufqu’à une petite ri-
Italie.
vière, palfe fous le nom de Faux-bourg $ &lé
corps de la ville ed tout entouré de cede eau. Il
y a quelques belles rués , & c’ed une belle chofè
d’y voir que la plulpart des ouvriers, dont la ville
ed pleine, plus qu’aucune d’Italie,font didinguez
par quartiers & rues. Elle a pour fa commodité
deux canaux qui portent grofles barques, dont
l’un, appellé Navilio di porta Ticinefe , vient du
Tefin, 8c l’autre, nommé Navilio di Martelana,
de l’Adde. De forte que par le moyen de ces eaux,
on y conduit des vivres en grande abondance, &
toute forte de choies.
Scot & Pfiaumeren fuivans Capugnan , y Ëgfr'fis &
mettent quatre-vingts deux Eglifos,- à fçavoir (onwnf-
onze Collegiales , & foixante & onze Paroides,
outre trente Convens de Religieux, huiét Eglifes
de Predres Réguliers, trente-fix Monaderes de
Religieulès, & trente-deux Confrairies, qui font
enlèmble cent quatre-vingt huiét Eglifes ; com-
bien qu’ils advouënt qu’elles font avec plufieurs
autres deux cent trente-huiét Eglifes. Mais le plan
qui ed faiét, accompagné du dénombrement de
tout fon contenu,rapporte qu’il y a quatre-vingts
foize Paroides, quarante Convens de Religieux*
cinquante de Religieufes, & cent Confrairies ;
tellement que tout enlèmble feroit deux cens
trente-fix Eglifes.
Il y met encor un Holpital qui en maintient au-
très neuf. C’ed celuy qu’ils appellent le grand
Holpital,ayant d’ordinaire cinquante mille elcus
de revenu tous les ans, & par fois foixante, voire
foixante & dix. Le dehors ed quarré, mais le lo-
gis du dedans ed fait en forme de croix. Telle-
ment qu’il lailfe quatre Cours entre les branches
de fa Croix, où les malades font couchez, ayans
au milieu de la Croix, & comme en fon centre,
un Autel, où chacun peut voir dire Méfié de fon
lit. Cét Holpital entretient ordinairement qua-
tre mille pauvres, 8c les autres, qui font ceux de
fainét Denis, fainét Grégoire, fainét Vincent,
làinét Lazare, làinét Ambroife& quelques au-
tres, qui font prelque tous des mieux badis, avec
quantité de chambres & belles galleries,en nour-
ri fient environ cinq mille. Tellement que neuf
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Quant à les Eglilès, la principale ed l’Eglifo 'EgiiftCœ*
Cathédrale,qu’ils appellent Homo, toute reveduë thedrale*
dedans & dehors de marbre blanc avec un grand
nombre de datuës de mefine marbre, rangées
contre les murailles & dedans & dehors j cent
foixante colonnes aufii de marbre blanc, qui fou-
tiennent fa voûte, & font de telle grofleur, qu’à
peine trois hommes les peuvent embrafler, cha-
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