Confus»
Divifion.
'Lflendxc.
Lacs.
Rivières.
V
E N I S
E N
ITALIE.
’Eftat des Vénitiens en
Italie a pour voifins du
collé du Nord les Gri-
fons, les Trentins, &
les Archiducs d’Au-
ftriche ; du Couchant
l’Eftat de Milan, qui le
confine encor en partie
du Midy , de mefme
que l’Eftat du Duc de
Mantoùe, celuy du Pape, & le Golfe de Venilè :
& du Levant en partie le mefme Golfe, & partie
aufli lesmefmes Archiducs d’Auftriche, qu’il a
mefme pour aboutiflans hors de l’Italie, au com-
mencement de la Dalmace, & de lès Ifles : & pour
le regard du relie de cet Eftat, celuy des Turcs,
la Republique de Ragoulè, & la mer luy fervent
de borne.
Ils divilènt ordinairement tout ce qu’ils poflè-
dent en Eftat de T erre ferme, & de Mer, faifant
embrafler au premier la Duché de Venife, qu’ils
nomment Dogado, quoy que dans la mer, avec les
Ifles qu’elle contient : La Marche Trevifane , à la-
quelle plufieurs font comprendre, outre Venilè,
& fes Ifles, le Padoüan, Vicentin, & Veronois, quoy
que les Vénitiens les mettent avec leur Eftat de
Lombardie, qui contient aulfi le Breffan , le Berga-
mafe , & le Polefine de Rovigo, membre de l’ancien
Ferrarois, quoy que logé par quelques uns dans
la Marche Trevifane, & le Priai.
Quant à leur Eftat de Mer , ils le divilènt en
Continent, ou Terre ferme, & en Ifles. La Ter-
re ferme de l’Eftat de Mer contient leurs pays
maritimes de la Prefqu’Ifle d’Iflrie, 8c ce qu’ils
poflèdent en Dalmace, 8c Albanie, ou Epire : & les
Ifles qui les recognoiflènt; dont les principales de
leur Golfe font Cherfo, 8c Ojfero, Veggia, Arbe, Pago,
Bra^a, Lejîna, 3c Cur^ola : puis hors de leur Golfe
Corfu, avec Paxu, 8c Antipaxu, Cefalonie, Zante, Ceri-
goj Candie, Tine, 8c Micone ; toutes comprilès depuis
Corfu fous le nom de Levante, ou Levant. Mais
ayant parlé en autre lieu des pays hors d’Italie,
nous parlerons icy lèulement de ceux d’Italie, y
comprenant aufli l’Iftrie.
Cet Eftat a de longueur plus de mille mils :
mais la largeur eft moindre de beaucoup, inéga-
lé^ de plus racourcies & reftreintes en quelques
endroits, principalement où il confine avec le
Turc.
Ses principaux lacs en Italie font ceux d’I/èo,
d’Idro, & de Garde, du Bergamafc, Breflàn 8c Ve-
ronnois, & celuy de EAnguillare du Padoüan. Les
principales rivières de leurs Eftats d’Italie font
celles d’Oglio, Mêla, Navilio, Adige, Bacchiglione,
Italie.
Br enta, la PiaVe, LiVen^a, Tagliamento, & Lifon^o.
Outre tous les revenus des gabelles 8c daces,
il y a le Threfor de S. Marc , qui ne peut eftre
épuifé, tant il eft grand & bien ménagé, comme
eftant conduit par des gens intereflèz en là con-
lèrvation, d’où dépend la leur. De forte qu’un
Ambafladeur de Venife dit avec railbn à certain
Prince, que S.Marc ne manqueroit jamais de lè-
quins, non plus que la France de foldats.
La richefle des particuliers de Venilè lè peut
dire prelque ineftimable, comme eftant aflèm-
blée depuis plus de douze cens ans en ceftc ville,
qui n’a jamais efté faccagée , 8c qui s’eft enrichie
de tant de dépouilles du Levant, & remplie de
tant d’or, d’argent, de perles, pierrerie & meubles
de grand prix, depuis tant de centaines d’années;
fi bien qu’il eft impoflible d’eftimer, aufli bien que
d’épuifer les grandes richeflès qui s’y trouvent.
Les Vénitiens ont tiré tous les ans aflez lon-
guement deux millions de ducats de leur feul tra-
fic d’Alep ; & l’on tient qu’ils ont doublé depuis
cefte fomme. Ils ont encore d’autres fondiques
ou magazins en Alexandret-te 8c T ripoli de Surie,
de mefine qu’en Alexandrie d’Egypte, d’où ils ti-
rent de très-grands profits. Ils ont aufli la com-
modité de plufieurs grands ports des plus aflèu-
rez , qui font qu’ils y peuvent retirer leurs mar-
chandilès, pour en faire part aux eftrangers , ti-
rant aufli d’eux ce qu’ils ont de meilleur, 8c plus
précieux; & c’eft par leurs mains que pafle la plus
grande partie des épiceries, cires, foyes, cuirs,
tapis,& autres cholès qui viennent par la voye de
Surie , d’Egypte, 8c de la Mer Majour dont ils
font apres part à la plus grande partie de l’Italie ,
de mefine qu’à plufieurs lieux d’Alemagne.
Quant à leur Eftat de Terre ferme, il eft plein
de rivières,de canaux, & de lacs navigables, pro-
pres à la conduite de leurs marchandilès & den-
rées , outre que le pays eft plain en partie, 8c par
confequent propre pour les belles de charge,
charettes, 8c tranfport des marchandifes de lieu
en autre ; & d’ailleurs ils font maiftres des valées
& paflages des Alpes Rheties, lulies, & Carni-
ques, par lelquelles pafle le trafic d’Italie 8c d’Ale-
magne.
O _
L’Eftat de Venife eft mieux pourveu de ca- Ferres.
nous & munitions de guerre qu’aucun autre qui ^mes>
foit en Europe ; veu qu’outre plus de quinze cens
pièces de campagne ou de batterie, que les Vé-
nitiens ont dans leur Arcenal, & celles de leurs
galeres, qui font en grand nombre, ils ont toutes
leurs places des mieux munies pour ce regard , &
quant aux autres armes , outre celles d’environ
170 mille hommes qui font dans leur Arcenal, &
A a celles
Divifion.
'Lflendxc.
Lacs.
Rivières.
V
E N I S
E N
ITALIE.
’Eftat des Vénitiens en
Italie a pour voifins du
collé du Nord les Gri-
fons, les Trentins, &
les Archiducs d’Au-
ftriche ; du Couchant
l’Eftat de Milan, qui le
confine encor en partie
du Midy , de mefme
que l’Eftat du Duc de
Mantoùe, celuy du Pape, & le Golfe de Venilè :
& du Levant en partie le mefme Golfe, & partie
aufli lesmefmes Archiducs d’Auftriche, qu’il a
mefme pour aboutiflans hors de l’Italie, au com-
mencement de la Dalmace, & de lès Ifles : & pour
le regard du relie de cet Eftat, celuy des Turcs,
la Republique de Ragoulè, & la mer luy fervent
de borne.
Ils divilènt ordinairement tout ce qu’ils poflè-
dent en Eftat de T erre ferme, & de Mer, faifant
embrafler au premier la Duché de Venife, qu’ils
nomment Dogado, quoy que dans la mer, avec les
Ifles qu’elle contient : La Marche Trevifane , à la-
quelle plufieurs font comprendre, outre Venilè,
& fes Ifles, le Padoüan, Vicentin, & Veronois, quoy
que les Vénitiens les mettent avec leur Eftat de
Lombardie, qui contient aulfi le Breffan , le Berga-
mafe , & le Polefine de Rovigo, membre de l’ancien
Ferrarois, quoy que logé par quelques uns dans
la Marche Trevifane, & le Priai.
Quant à leur Eftat de Mer , ils le divilènt en
Continent, ou Terre ferme, & en Ifles. La Ter-
re ferme de l’Eftat de Mer contient leurs pays
maritimes de la Prefqu’Ifle d’Iflrie, 8c ce qu’ils
poflèdent en Dalmace, 8c Albanie, ou Epire : & les
Ifles qui les recognoiflènt; dont les principales de
leur Golfe font Cherfo, 8c Ojfero, Veggia, Arbe, Pago,
Bra^a, Lejîna, 3c Cur^ola : puis hors de leur Golfe
Corfu, avec Paxu, 8c Antipaxu, Cefalonie, Zante, Ceri-
goj Candie, Tine, 8c Micone ; toutes comprilès depuis
Corfu fous le nom de Levante, ou Levant. Mais
ayant parlé en autre lieu des pays hors d’Italie,
nous parlerons icy lèulement de ceux d’Italie, y
comprenant aufli l’Iftrie.
Cet Eftat a de longueur plus de mille mils :
mais la largeur eft moindre de beaucoup, inéga-
lé^ de plus racourcies & reftreintes en quelques
endroits, principalement où il confine avec le
Turc.
Ses principaux lacs en Italie font ceux d’I/èo,
d’Idro, & de Garde, du Bergamafc, Breflàn 8c Ve-
ronnois, & celuy de EAnguillare du Padoüan. Les
principales rivières de leurs Eftats d’Italie font
celles d’Oglio, Mêla, Navilio, Adige, Bacchiglione,
Italie.
Br enta, la PiaVe, LiVen^a, Tagliamento, & Lifon^o.
Outre tous les revenus des gabelles 8c daces,
il y a le Threfor de S. Marc , qui ne peut eftre
épuifé, tant il eft grand & bien ménagé, comme
eftant conduit par des gens intereflèz en là con-
lèrvation, d’où dépend la leur. De forte qu’un
Ambafladeur de Venife dit avec railbn à certain
Prince, que S.Marc ne manqueroit jamais de lè-
quins, non plus que la France de foldats.
La richefle des particuliers de Venilè lè peut
dire prelque ineftimable, comme eftant aflèm-
blée depuis plus de douze cens ans en ceftc ville,
qui n’a jamais efté faccagée , 8c qui s’eft enrichie
de tant de dépouilles du Levant, & remplie de
tant d’or, d’argent, de perles, pierrerie & meubles
de grand prix, depuis tant de centaines d’années;
fi bien qu’il eft impoflible d’eftimer, aufli bien que
d’épuifer les grandes richeflès qui s’y trouvent.
Les Vénitiens ont tiré tous les ans aflez lon-
guement deux millions de ducats de leur feul tra-
fic d’Alep ; & l’on tient qu’ils ont doublé depuis
cefte fomme. Ils ont encore d’autres fondiques
ou magazins en Alexandret-te 8c T ripoli de Surie,
de mefine qu’en Alexandrie d’Egypte, d’où ils ti-
rent de très-grands profits. Ils ont aufli la com-
modité de plufieurs grands ports des plus aflèu-
rez , qui font qu’ils y peuvent retirer leurs mar-
chandilès, pour en faire part aux eftrangers , ti-
rant aufli d’eux ce qu’ils ont de meilleur, 8c plus
précieux; & c’eft par leurs mains que pafle la plus
grande partie des épiceries, cires, foyes, cuirs,
tapis,& autres cholès qui viennent par la voye de
Surie , d’Egypte, 8c de la Mer Majour dont ils
font apres part à la plus grande partie de l’Italie ,
de mefine qu’à plufieurs lieux d’Alemagne.
Quant à leur Eftat de Terre ferme, il eft plein
de rivières,de canaux, & de lacs navigables, pro-
pres à la conduite de leurs marchandilès & den-
rées , outre que le pays eft plain en partie, 8c par
confequent propre pour les belles de charge,
charettes, 8c tranfport des marchandifes de lieu
en autre ; & d’ailleurs ils font maiftres des valées
& paflages des Alpes Rheties, lulies, & Carni-
ques, par lelquelles pafle le trafic d’Italie 8c d’Ale-
magne.
O _
L’Eftat de Venife eft mieux pourveu de ca- Ferres.
nous & munitions de guerre qu’aucun autre qui ^mes>
foit en Europe ; veu qu’outre plus de quinze cens
pièces de campagne ou de batterie, que les Vé-
nitiens ont dans leur Arcenal, & celles de leurs
galeres, qui font en grand nombre, ils ont toutes
leurs places des mieux munies pour ce regard , &
quant aux autres armes , outre celles d’environ
170 mille hommes qui font dans leur Arcenal, &
A a celles