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Blaeu, Joan
Le grand atlas ou Cosmographie Blaviane, ou laquelle est exactement descritte la Terre, la Mer et le Ciel (Nevfvième Volume): Contenant L'Italie, Qvi Est Le XVI. Livre De L'Europe — Amsterdam: Chez Jean Blaeu, 1663

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https://doi.org/10.11588/diglit.55560#0177

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Noms.

Confins.

.Ancône.


M A






N

Epays nommé la Mar-
che, ou Marks d’Ancone,
fut autrefois appelle
Picenum ; puis Marke
d’Ancone de la ville
principale,oùles Lom-
bards eftablirent un de
leurs deux Marquifàts,
dont l’autre fut celuy
de Trevigi , qu’on
nomme aujourd’huy la Marche Trevilane.
Il a pour confins du Levant le Golfe de Veni-
fe, & la rivière de Tronto , qui le tepare de l’A-
bruzzo ; du Couchant la Duché d’Vrbin , dont
il embraffe mefme une partie, & partie de laRo-
magne ,• du Nord l’autre partie de la Romagne,
& le Golfe de Venite; & du Midy l’Ombrie, & le
Mont Apennin.
Sa principale ville eft Ancône, jadis de mefine
qu’à prêtent Ancona, & Ancon , ville proche de
la mer, ayant le plus beau port d’Italie, 8c le plus
renommé,d’où vient que non feulement les Mar-
chands Grecs, Sclavons, Dalmatins,& Hongrois,
y vont aborder, ains encor plufieurs autres na-
tions. Maisfbn ancienne enceinte de marbre y
manque en plufieurs endroits. On y voit les co-
lonnes efloignées raitennablement l’une de
l’autre, pour attacher les vaiffeaux, de longs de-
grez fort mal entretenus, par lefquels on de-
fcend à la mer, & deux chaimes, avec lefquelles
on fermit l’entrée ou bouche du port Mais fa
plus belle piece eft le grand arc , chargé de
chariots triomphans, & de trophées, drefié par
ordonnance du Sénat & peuple Romain à l’hon-
neur de Trajan. Il y a dans la ville plusjeurs bel-
les Eglifes, mais entr’autres celle de fainét Fran-
çois , à laquelle on monte par 60 degrez, & celle
de fainét Dominique, où l’on voit les Epitaphes
des Marulles,&Tarchaniotes; 8c l’ony peut voir
auttideux Temples des Grecs. La ville eft for-
tifiée de battions , & de Forts, nommez en leur
langage , il Rebellinodel porto , il Cavalier o di S. Ste-
phano, la Portera delCajTaro, il CaValiero delta porta dsl
Calamo,il Rebellino di S. Agoflino, il La^aretto, accom-
pagnez de force canons. On y voit autti la
maifbn de la Farine, demeure des Conteillers
du Légat du Pape. Clement teptiefme y fit autti
baftjr une fortereffe, tervant de demeure à fon
Légat.
Hors la ville on trouve le Mont-d’Ancone, au-
jourd’huy nommé Mont-Guateo, & jadis Pro-
montoire Cumere, où l’on voit l’ancienne Eglite
Cathédrale de S. Cyriac , enrichie de divers
marbres rares, 8c d’une architeéiure admirable,
outre qu’il y a plufieurs corps 8c reliques de
Sainéts, & divers dons remarquables, faits par
des pertennes devotes. Audettbus de cette mon-
tagne , le long de la mer on voit le lieu de Sirolo,
renommé pour tes bons vins, nommez Siroli.
Italie.


Mais à quinze mils d’Ancone, on voit fur une Lorete.
colline la Cité deLorete, qu’ils nomment Lo-
reto, bien baftionnée, & fortifiée, pour arrefter
les mauvais defteins des Turcs 8c Corfaires. Elle

eft fort petite, mais de grande réputation, à cau-
te de la chambre où la Bien-heureute Vierge
Mere prit naiffance 8c nourriture, qui eft au mi-
lieu de l’Eglite de ce lieu , reveftuë de tables de
marbre qu’on n’a jamais pu faire joindre à cette
chambre, où l’on eft ordinairement touché d’u¬

ne dévotion extraordinaire -, comme plufieurs en
ont fait l’eflay de mefine que moy. Cette cham-
bre eft voûtée , baftie de gros quarreaux de bri-
que, & reçevoit autrefois le jour d’enhaut par u-
ne feneftre ronde. On y voit encor derrière l’Au-
tel la petite cheminée delà Vierge, & devant
l’Autel, par la chambre convertie en Chapelle,
un bon nombre de lampes d’argent , grandes 8c
petites , qui pendent d’enhaut, 8c font ordinaire-

ment ardentes. On y voit encor contre une fe*
neftre en relief de marbre l’Ange d’un cofté , 8c
la Vierge de l’autre , qui marque l’endroit où la
Vierge apperçeut premièrement l’Ange , 8c re-
çeut la falutation. Cette chambre fut portée par

les Anges premièrement en Efclavonie , puis à
Recanati, où l’on voit encor fa place , 8c finale-
ment à Lorette, où elle s’eft arreftée.

Dans la mefme Eglite baftie de marbre , on
voit plufieurs grands tableaux en divertes lan-
gues pour les pèlerins de divertes nations , qui
trouvent auffi dans ce lieu des Confefiéurs lefui-

tes des plusfuffifans, entendus en toutes langues,
dont les uns font deftinez pour certaines nations,
d’autres pour les autres. On voit en divers en-
droits de l’Eglite beaucoup d’offrandes, & de
vœux contre tes colomnes & murailles ; puis
dans le threfor , ou la facriftie , une infinité des
riches pretents faits par divertes Princes, 8c Sei-
gneurs. Par la ville on trouve force marchands
de Chapelets, 8c Rofaires de toutes fortes, de
médaillés, images & tableaux ; mais non guere
d’autre chofe. C’eft un lieu de fort bonne chere,
tant pour la chair que pour le poiftbn ; chofe re-
marquable en Italie.
A trois mils de là l’on voit la Cité de Recanati,
jadis Ricinetum, baftie, comme on croit, des rui-
nes de l’ancienne Helvia Ricina. Cette ville eft:
attife fur le fbmmet d’une haute montagne,ayant
autour les collines de l’Apennin, de Cingolo ,
& autres. Le Pape Grégoire douziefme afate-
pulture dans la grande Eglite : & on y voit point
tant de belles femmes en un fi petit lieu quece-
luy-cy.
La Cité de Macerata, qui n’en eft cfloignée que
de quelques mils, en tirant à Rome , eft attife fur
un haut, & tenue pour la première , ou du moins
la féconde de la Marque, comme eftant le fiege
de la Chancelerie ou Rore, qui juge les caufes de
la Marque,&la demeure du Gouverneur du pays.
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