Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Bulletin de la Société pour la Conservation des Monuments Historiques d'Alsace — 2.Sér. 5.1866-1867

DOI Heft:
[Mémoires]
DOI Artikel:
Siffer, Jér. Ans.: Mémoire sur un cimetière chrétien de l'époque mérovingienne, découvert à Morschwiller, au lieu dit Bühn
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.19863#0197

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
— 51 —

fermait près du corps une arme à deux tranchants, à manche court; à la
description qui m'en a été faite, j'ai reconnu la francisque. Le même
sépulcre recelait, en outre, plusieurs médailles, un plat en argent à bord
recourbé et ciselé, un gobelet en argent, un couteau et une fourchette
avec manches en argent. Ces objets, achetés par un brocanteur israélile,
sont perdus. Rappellent-ils le genre de vie d'un chef, dont le bonheur
consistait à se battre, à boire et à manger; ou contenaient-ils le dernier
repas? En tous cas, ce sont là autant d'indices des mœurs des Romains,
qu'adoptèrent les Francs, leurs successeurs.

Outre ces deux sarcophages, on a découvert, dans le même terrain, un
grand nombre d'autres tombeaux contenant les ossements de corps hu-
mains livrés à la terre sans cercueil, comme la première couche de ceux
enterrés au Lunenwasen. Le terrain, un peu montueux et en penle, étant
converti en terre labourable depuis un temps immémorial, rien ne les
révélait plus à la surface du sol. Jamais aucun des cadavres n'avait été
dérangé pour faire place à un nouveau mort. Les squelettes, encore en-
tièrement intacts et dont la plupart dénotaient une taille élevée, étaient
enfouis dans la terre à la profondeur d'environ 1 mètre. Ils étaient tous
placés sur le dos, la face tournée vers le ciel, les pieds au soleil levant, la
tète au couchant, les bras étendus le long des côtes, les mains ouvertes.
J'arrive à la particularité la plus caractéristique : chaque squelette avait
près de la tête une pierre brute, de la forme carrée, ronde ou polygone,
d'environ une vingtaine de centimètres en diamètre avec épaisseur en pro-
portion. Quelques-uns des morts avaient la tête posée sur le moellon
même, comme sur un oreiller. Cette pierre à part, il existe une frappante
analogie entre ces tombes et celles de la couche supérieure du Lunenwa-
sen, où on a remarqué le même mode d'inhumation, la même pose et la
même orientation.

Il m'a été assuré très-positivement, chaque fois où je suis allé aux infor-
mations, que le sol n'avait restitué, ni au moment de la découverte des
tombeaux ni auparavant, aucun fragment de vase, aucun ornement en fer
ou en cuivre, aucune pièce de monnaie, aucun débris d'ustensile ou d'ar-
mes, aucun tuileau à la romaine, bref, aucun objet pouvant servir comme
base d'observation pour déterminer l'époque à laquelle ils remontaient.
Cependant, ce qui ne peut être révoqué en doute, c'est qu'ils dénotent une
peuplade sédentaire, vivant en société, mais dont l'ethnographie est enve-
loppée encore de beaucoup de ténèbres.

Sont-ce des sépultures mérovingiennes? Cette opinion, peu arrêtée
d'abord, devint évidente pour le rapporteur au Congrès siégeant à Stras-
 
Annotationen