DOI Heft:
[Mémoires]
DOI Artikel:Mossmann, Xavier: La guerre des Six deniers à Mulhouse: à monsieur Fr. Engel-Dollfus
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.19863#0242
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qui puisse encore fournir des leçons aux hommes de notre temps, assez
indifférents aux éludes historiques quand elles se bornent à la matière des
fiefs, aux obscurités généalogiques, aux titres de propriété de nos vieilles
abbayes.
Lorsque les documents consultés par nos devanciers sont encore là,
le plus sûr est de faire table rase, et de ne laisser la parole qu'aux témoins
dont ils se sont faits les interprètes. Notre sentiment des choses humaines
s'est élargi, et nous gagnerons à cette méthode de mieux saisir l'enseigne-
ment que nous sommes en droit de demander aux moindres comme aux
plus hautes manifestations de l'histoire, sans compter la couleur, le côté
pittoresque que le plus chétif texte contemporain rend infiniment mieux
que le latin de Schœpflin.
On a compris de bonne heure, en Alsace, l'importance de nos char-
triers. Le vieux Berler y a puisé; le meilleur de Bernard Hertzog ne vient
que de là; ce qui donne du prix aux manuscrits de Daniel Specklé, ce sont
les extraits des archives de Strasbourg, et le greffier de Mulhouse Henri
Pétri a tiré tout le fonds de sa chronique du caveau où de nos jours encore
la ville conserve avec des précautions infinies ses richesses diplomatiques.
Malheureusement Pétri ne s'est pas borné à rendre simplement compte
de ces chartes, de ces recès, de ces négociations, de cette correspondance.
Il lui a fallu un arrangement, une mise en scène, voire même des théories
que lui ont fournies les historiens d'alors; il a voulu suppléer aux lacunes,
dissiper les obscurités, et il a fini par produire comme un cours d'études
historiques, plus sérieux et moins faux que celui du bon Malachias Tscham-
ser, l'auteur des grandes chroniques de Thann, mais dont les vues incom-
plètes ne laissent pas d'avoir exercé une fâcheuse influence, même sur la
véracité de l'excellent greffier.
Le dernier de ses successeurs, Josué Hofer, a repris en sous-œuvre les
recherches de Pétri; il a laissé des notes d'inventaire où, sauf la chrono-
logie qui n'a pas une précision suffisante, il fait généralement preuve d'une
sagacité digne de servir d'exemple à plus d'un archiviste moderne, et dont
les plus récents historiens de Mulhouse ont fait leur profit. Mais les récils
de Pétri, leur premier guide, leur présentaient des entraves dont ils n'ont
pas su s'affranchir; et pour nous rendre compte de ce passé qui a été, plus
qu'elles ne le pensent, l'éducateur des générations nouvelles auxquelles
Mulhouse doit d'être aujourd'hui l'une des villes qui font le plus honneur
à la France, pour découvrir les vrais ressorts qui ont fait agir autrefois les
pères conscrits de la petite république, il faut que nous retournions aux
originaux que Pétri a le premier explorés.
qui puisse encore fournir des leçons aux hommes de notre temps, assez
indifférents aux éludes historiques quand elles se bornent à la matière des
fiefs, aux obscurités généalogiques, aux titres de propriété de nos vieilles
abbayes.
Lorsque les documents consultés par nos devanciers sont encore là,
le plus sûr est de faire table rase, et de ne laisser la parole qu'aux témoins
dont ils se sont faits les interprètes. Notre sentiment des choses humaines
s'est élargi, et nous gagnerons à cette méthode de mieux saisir l'enseigne-
ment que nous sommes en droit de demander aux moindres comme aux
plus hautes manifestations de l'histoire, sans compter la couleur, le côté
pittoresque que le plus chétif texte contemporain rend infiniment mieux
que le latin de Schœpflin.
On a compris de bonne heure, en Alsace, l'importance de nos char-
triers. Le vieux Berler y a puisé; le meilleur de Bernard Hertzog ne vient
que de là; ce qui donne du prix aux manuscrits de Daniel Specklé, ce sont
les extraits des archives de Strasbourg, et le greffier de Mulhouse Henri
Pétri a tiré tout le fonds de sa chronique du caveau où de nos jours encore
la ville conserve avec des précautions infinies ses richesses diplomatiques.
Malheureusement Pétri ne s'est pas borné à rendre simplement compte
de ces chartes, de ces recès, de ces négociations, de cette correspondance.
Il lui a fallu un arrangement, une mise en scène, voire même des théories
que lui ont fournies les historiens d'alors; il a voulu suppléer aux lacunes,
dissiper les obscurités, et il a fini par produire comme un cours d'études
historiques, plus sérieux et moins faux que celui du bon Malachias Tscham-
ser, l'auteur des grandes chroniques de Thann, mais dont les vues incom-
plètes ne laissent pas d'avoir exercé une fâcheuse influence, même sur la
véracité de l'excellent greffier.
Le dernier de ses successeurs, Josué Hofer, a repris en sous-œuvre les
recherches de Pétri; il a laissé des notes d'inventaire où, sauf la chrono-
logie qui n'a pas une précision suffisante, il fait généralement preuve d'une
sagacité digne de servir d'exemple à plus d'un archiviste moderne, et dont
les plus récents historiens de Mulhouse ont fait leur profit. Mais les récils
de Pétri, leur premier guide, leur présentaient des entraves dont ils n'ont
pas su s'affranchir; et pour nous rendre compte de ce passé qui a été, plus
qu'elles ne le pensent, l'éducateur des générations nouvelles auxquelles
Mulhouse doit d'être aujourd'hui l'une des villes qui font le plus honneur
à la France, pour découvrir les vrais ressorts qui ont fait agir autrefois les
pères conscrits de la petite république, il faut que nous retournions aux
originaux que Pétri a le premier explorés.