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Bulletin de la Société pour la Conservation des Monuments Historiques d'Alsace — 2.Sér. 5.1866-1867

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[Mémoires]
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Mossmann, Xavier: La guerre des Six deniers à Mulhouse: à monsieur Fr. Engel-Dollfus
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https://doi.org/10.11588/diglit.19863#0243

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— 97 —

Dans l'histoire de Mulhouse, la guerre des Six deniers (sechs piappeft
Krieg) — c'est le nom qu'on lui a donné fort improprement, à en juger
par les pièces des archives — constitue un de ces moments décisifs qu'il
ne faut jamais perdre de vue. On sait quelle avait été jusque-là la situation
de la ville. Comprise à l'origine dans la juridiction des landgraves de la
haute Alsace, quoique relevant directement des évêques de Strasbourg1,
comme Colmar elle dut à son érection en cité impériale de n'être pas
absorbée dans le patrimoine des ducs d'Autriche, et elle resta une enclave
indépendante au centre du territoire où ces princes ont fini par exercer
tous les droits de domaine et de seigneurie.

La force des choses devait faire naître, entre la modeste commune et la
puissante famille qui l'enserrait, plus d'un de ces conflits dont on aurait pu
prédire la fatale issue, si au moyen âge, contre la violence et l'injustice
triomphantes, le faible et le petit n'avait trouvé moyen de réagir par la
vigueur du caractère, par l'appui que lui prêtaient les mœurs, par les ga-
ranties que l'individu s'était réservées en s'agrégeant à la commune, par
les alliances que la commune isolée contractait avec d'autres communes.

La lutte commença dès les temps de Rodolphe de Habsbourg. Sur le
trône des Hohenstaufen, l'ancien grand-vassal de l'Empire ne pouvait en-
visager ses intérêts d'empereur que comme subordonnés à ceux de la
maison d'Autriche; et loin de faire de son vaste patrimoine un apanage du
trône impérial, il voulut convertir l'Empire même en un apanage de sa
famille. Telle fut la politique de Rodolphe à l'égard de Colmar2, telle fut
celle de son fils Albert Ier contre les cantons primitifs de Schvvitz, d'Un*
terwalden et d'Uri. De là les révoltes de Colmar sous Waller Rœsselmann;
de là l'alliance de 1291 et le soulèvement plus efficace des Waldstctten.

La réaction se généralisa; elle amena la chute du fils et du petit-fils
de Rodolphe de Habsbourg, l'affermissement de Louis de Bavière sur le
trône impérial, et l'avènement de la maison de Luxembourg. Au lieu d'a-
voir affaire à un empereur qui était en même temps le chef des Habsbourg,
nos villes trouvèrent en lui l'ennemi naturel de cette puissante famille et
le premier défenseur de leurs franchises contre les envahissements des an-

1. Sur les rapports de Mulhouse avec les évêques de Strasbourg, cf. Une excommu-
nication de Mulhouse au treizième siècle, par M. L. Spacli, dans le Bulletin de la Société,
IIe série, t. II, p. 55 et sq.

2. Dans le statut octroyé à Colmar, par Rodolphe de Habsbourg, 29 décembre 1278,
et confirmé, le 21 février 1293, par Adolphe de Nassau, à une époque où il était tout dé-
voué aux intérêts de la maison d'Autriche, l'article 8 interdit au seigneur de la ville (der
Stelte lierre) et au prévôt les poursuites d'office, en cas de guerre privée entre les bour-
geois. Le seigneur de la ville dont la juridiction est proclamée ici, ne peut être que le
landgrave. A n'en pas douter, c'est là le secret de la rupture de Colmar et des Habsbourg.

Il- SÉRIE. — T. V. — (M.) 1
 
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