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Watteau (Antoine).
229 Concert dans un paysage (Angers).
230 Arlequin dans une carriole (Nantes).
BLOUIN ET CATHERINE MIGNARD.
Des documents authentiques publiés à la fin du dernier volume des Nou-
velles Archives (1874-75, p. 5oo-5i5) ont suffisamment édifié le lecteur sur
les relations de Blouin, le premier valet de chambre de Louis XIV, le gou-
verneur de Versailles, et de Catherine Mignard, la fille du premier peintre
du roi. Voici un nouveau document qui nous est communiqué, comme les
précédents, par notre obligeant collègue, M. Em. Campardon. Nous l’avons
connu trop tard pour le joindre aux précédents ; d’un autre côté, son carac-
tère tout intime rendrait peut-être sa publication déplacée parmi des docu-
ments relatifs aux artistes ou à l’histoire de l’art.
Toutefois, comme il complète et au besoin confirme nos renseignements
précédents, nous avons pensé qu’il pouvait figurer au moins dans notre
Bulletin.
Y a-t-il eu à l’époque du mariage de Catherine Mignard (avril 1696), et à
l’occasion de ce mariage, un refroidissement entre Blouin et son ancienne
maîtresse? J’aime à le supposer pour l’honneur de Catherine Mignard et du
comte de Feuquières. Dans tous les cas la brouille ne fut pas définitive, nous
en avons donné les preuves. Mais à la suite de cette rupture temporaire,
Blouin, qui s’était laissé aller à des excès de confiance, songea à se mettre
en garde contre les inconvénients de son imprudence. Nous voyons ici
que, vers l’année 1689 ou 1690, probablement dans l’ardeur de la pre-
mière passion, il avait souscrit trois billets en blanc à Catherine Mignard.
Celle-ci, il est vrai, ne fit point usage de cette arme perfide, puisqu’elle en
rendit un et assura avoir perdu les autres. Toutefois Blouin paraît avoir
conservé quelques doutes sur cette allégation et prit ses précautions en con-
séquence. Est-ce pour racheter ces billets de complaisance, un moment
égarés par Catherine, qu’il lui fit plus tard, en 1717, cette étrange donation
de la moitié d’une maison qui leur appartenait par indivis à tous deux ?
Nous l’ignorons ; mais il nous semble qu’une femme qui entend aussi
bien les affaires que Catherine Mignard ne perd pas des papiers aussi pré-
cieux que les billets de Blouin. Décidément il ne faut pas examiner tout ce
beau monde-là de trop près. J.-J. G.
L’an 16g5, le samedy dix septiesme décembre, du matin, est com-
paru en l’hostel et par devant nous, Charles Bourdon, etc., Louis
Blouin, escuier, premier valet de chambre ordinaire du Roy, demeu-
rant rue de Richelieu, lequel nous a dit et fait plainte qu’il y a envi-
ron cinq à six ans qu’il confia à la damoiselle Mignard, fille, trois
blancs, signez de la main de luy sieur plaignant, au bas de trois
feuilles de papier coupé servant à lettres : L’un desquelz trois blancs
signez elle luy a rendu du jour de dimanche dernier, aiant dit au
sieur plaignant qu’elle ne se souvient pas de ce qu’elle a fait desditz
deux autres blancs signez, ny de ce quilz sont devenus. Et d’autant
que l’on pourroit faire un mauvais usage desditz blancs signez que
Watteau (Antoine).
229 Concert dans un paysage (Angers).
230 Arlequin dans une carriole (Nantes).
BLOUIN ET CATHERINE MIGNARD.
Des documents authentiques publiés à la fin du dernier volume des Nou-
velles Archives (1874-75, p. 5oo-5i5) ont suffisamment édifié le lecteur sur
les relations de Blouin, le premier valet de chambre de Louis XIV, le gou-
verneur de Versailles, et de Catherine Mignard, la fille du premier peintre
du roi. Voici un nouveau document qui nous est communiqué, comme les
précédents, par notre obligeant collègue, M. Em. Campardon. Nous l’avons
connu trop tard pour le joindre aux précédents ; d’un autre côté, son carac-
tère tout intime rendrait peut-être sa publication déplacée parmi des docu-
ments relatifs aux artistes ou à l’histoire de l’art.
Toutefois, comme il complète et au besoin confirme nos renseignements
précédents, nous avons pensé qu’il pouvait figurer au moins dans notre
Bulletin.
Y a-t-il eu à l’époque du mariage de Catherine Mignard (avril 1696), et à
l’occasion de ce mariage, un refroidissement entre Blouin et son ancienne
maîtresse? J’aime à le supposer pour l’honneur de Catherine Mignard et du
comte de Feuquières. Dans tous les cas la brouille ne fut pas définitive, nous
en avons donné les preuves. Mais à la suite de cette rupture temporaire,
Blouin, qui s’était laissé aller à des excès de confiance, songea à se mettre
en garde contre les inconvénients de son imprudence. Nous voyons ici
que, vers l’année 1689 ou 1690, probablement dans l’ardeur de la pre-
mière passion, il avait souscrit trois billets en blanc à Catherine Mignard.
Celle-ci, il est vrai, ne fit point usage de cette arme perfide, puisqu’elle en
rendit un et assura avoir perdu les autres. Toutefois Blouin paraît avoir
conservé quelques doutes sur cette allégation et prit ses précautions en con-
séquence. Est-ce pour racheter ces billets de complaisance, un moment
égarés par Catherine, qu’il lui fit plus tard, en 1717, cette étrange donation
de la moitié d’une maison qui leur appartenait par indivis à tous deux ?
Nous l’ignorons ; mais il nous semble qu’une femme qui entend aussi
bien les affaires que Catherine Mignard ne perd pas des papiers aussi pré-
cieux que les billets de Blouin. Décidément il ne faut pas examiner tout ce
beau monde-là de trop près. J.-J. G.
L’an 16g5, le samedy dix septiesme décembre, du matin, est com-
paru en l’hostel et par devant nous, Charles Bourdon, etc., Louis
Blouin, escuier, premier valet de chambre ordinaire du Roy, demeu-
rant rue de Richelieu, lequel nous a dit et fait plainte qu’il y a envi-
ron cinq à six ans qu’il confia à la damoiselle Mignard, fille, trois
blancs, signez de la main de luy sieur plaignant, au bas de trois
feuilles de papier coupé servant à lettres : L’un desquelz trois blancs
signez elle luy a rendu du jour de dimanche dernier, aiant dit au
sieur plaignant qu’elle ne se souvient pas de ce qu’elle a fait desditz
deux autres blancs signez, ny de ce quilz sont devenus. Et d’autant
que l’on pourroit faire un mauvais usage desditz blancs signez que