DOI Heft:
Nr. 86 (8 janvier)
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.26564#0017
1865. — N° 86.
BUREAUX, 55, RUE VIVIENNF.
janvier.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE DIMANCHE MATIN
Les Abonnes d une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.
Un an
PARIS ET DEPARTEMENTS :
10 fr. | Six mois.
6 fr.
MOUVEMENT DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ.
VENTE PROCHAINE
DES OEUVRES DE M. CORDIER.
La vente des œuvres de M. Cordier, qui
aura lieu le 21 janvier prochain, est un évé-
nement qui n’intéresse pas seulement le pu-
blic de l’hôtel Drouot. Tous les amateurs de
l’art contemporain ont suivi d’un œil attentif
et sympathique cet artiste chercheur et con-
vaincu, et nous sauront gré de leur annon-
cer que dans quelques jours ils trouveront
réunies les pièces importantes qui s’étaient
succédé isolément aux expositions.
M. Cordier est élève de Rude, et c’est lui
qui peut-être, de tout cet atelier qui mar-
quera dans l’histoire de l’art français, a le
mieux recueilli la doctrine du maître. En
1848, M. Cordier, alors fort jeune, exposait
le buste d’un nègre de la tribu de Mayac;
en 1852, le pendant, sous le titre, sérieux
au fond, de Vénus africaine, et ce groupe
d’Êpoux chinois qui joint à une si curieuse
silhouette une étude si scrupuleuse des for-
mes générales et des détails caractéristiques.
C’est là, pensons-nous, la dominante du ta-
lent de M. Cordier, talent que de libres voya-
ges en Italie, en Grèce, en Afrique, n’ont fait
que confirmer dans sa voie. « Avec tous les
maîtres, a pu écrire un jour près de lui un
de ses amis1, avec tous les maîtres, M. Cor-
dier a vu, que pour le plus plastique et le
plus réel des arts, l’idéalité ne pouvait être
obtenue que par une épuration et une idéa-
lisation des formes naturelles, et non pas des
conceptions chimériques. Mais son originalité
consiste à avoir puisé le type dans la nature
elle-même, au lieu de le composer par une
analogie plus ou moins ingénieuse, par une
synthèse qui, plus ou moins savante, reste
toujours plus ou moins imparfaite. » Ce
qu’il s’était proposé, M. Cordier l’a tenu.
Plus d’un de ces types a pu produire aux
yeux l’effet que produit au goût la saveur
d’un fruit étranger, mais il n’en aura pas
moins l’honneur, dans une époque où, de
l’aveu des maîtres classiques, l’Art se perd
dans une convention sans relief, d’avoir re-
cueilli et fixé les traits des enfants éparsçà et
là de la grande famille humaine, d’avoir
cherché le beau dans les types autres que
ceux de la tradition grecque, et d’avoir
ébauché une œuvre qui intéresse encore le
1. L’œuvre de M. Cordier, galerie anthropologique
et ethnographique pour servir à l’histoire des races ;
catalogue descriptif par Marc Trapadoux. Brochure
in-12. Paris, 1860.
II.
BUREAUX, 55, RUE VIVIENNF.
janvier.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE DIMANCHE MATIN
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Un an
PARIS ET DEPARTEMENTS :
10 fr. | Six mois.
6 fr.
MOUVEMENT DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ.
VENTE PROCHAINE
DES OEUVRES DE M. CORDIER.
La vente des œuvres de M. Cordier, qui
aura lieu le 21 janvier prochain, est un évé-
nement qui n’intéresse pas seulement le pu-
blic de l’hôtel Drouot. Tous les amateurs de
l’art contemporain ont suivi d’un œil attentif
et sympathique cet artiste chercheur et con-
vaincu, et nous sauront gré de leur annon-
cer que dans quelques jours ils trouveront
réunies les pièces importantes qui s’étaient
succédé isolément aux expositions.
M. Cordier est élève de Rude, et c’est lui
qui peut-être, de tout cet atelier qui mar-
quera dans l’histoire de l’art français, a le
mieux recueilli la doctrine du maître. En
1848, M. Cordier, alors fort jeune, exposait
le buste d’un nègre de la tribu de Mayac;
en 1852, le pendant, sous le titre, sérieux
au fond, de Vénus africaine, et ce groupe
d’Êpoux chinois qui joint à une si curieuse
silhouette une étude si scrupuleuse des for-
mes générales et des détails caractéristiques.
C’est là, pensons-nous, la dominante du ta-
lent de M. Cordier, talent que de libres voya-
ges en Italie, en Grèce, en Afrique, n’ont fait
que confirmer dans sa voie. « Avec tous les
maîtres, a pu écrire un jour près de lui un
de ses amis1, avec tous les maîtres, M. Cor-
dier a vu, que pour le plus plastique et le
plus réel des arts, l’idéalité ne pouvait être
obtenue que par une épuration et une idéa-
lisation des formes naturelles, et non pas des
conceptions chimériques. Mais son originalité
consiste à avoir puisé le type dans la nature
elle-même, au lieu de le composer par une
analogie plus ou moins ingénieuse, par une
synthèse qui, plus ou moins savante, reste
toujours plus ou moins imparfaite. » Ce
qu’il s’était proposé, M. Cordier l’a tenu.
Plus d’un de ces types a pu produire aux
yeux l’effet que produit au goût la saveur
d’un fruit étranger, mais il n’en aura pas
moins l’honneur, dans une époque où, de
l’aveu des maîtres classiques, l’Art se perd
dans une convention sans relief, d’avoir re-
cueilli et fixé les traits des enfants éparsçà et
là de la grande famille humaine, d’avoir
cherché le beau dans les types autres que
ceux de la tradition grecque, et d’avoir
ébauché une œuvre qui intéresse encore le
1. L’œuvre de M. Cordier, galerie anthropologique
et ethnographique pour servir à l’histoire des races ;
catalogue descriptif par Marc Trapadoux. Brochure
in-12. Paris, 1860.
II.