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La chronique des arts et de la curiosité — 1865

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Nr. 90 (5 février)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26564#0050
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LA CHRONIQUE DES ARTS

h2

qui l’avait acquise d’un artiste grec? Je re-
grette presque autant de ne point savoir son
nom que d’ignorer le nom de l’artiste lui-
même! Car la grande consolation de ne pou-
voir créer des chefs-d’œuvre, c’est de pou-
voir les posséder et les contempler aux
heures de la solitude ou de l’amitié com-
plète. Quelle révolution l’a fait sortir de la
tablette de cèdre qui la supportait? Qui sait
si, en voyant sa divinité vaincue par un dieu
nouveau, implacable, hostile à la douce phi-
losophie et au respect de la beauté, celui
qui possédait ce bronze n’est point allé lui-
même, l’âme oppressée, la main tremblante,
l’enfouir au fond du jardin dans lequel elle
fut découverte dix-huit cents ans après ? —
Oui, c’est bien une de ces divinités qui cha-
que jour se réveillent et protestent de leur
sereine immortalité; sinon la terre ne l’eût
point conservée avec ce soin pieux, et le
temps, tempus edax rerum, l’eût-il ainsi
teintée et polie sous ses mystérieux baisers?

Nul objet d’art ne nous a jamais inspiré j
une tentation plus forte. Le marbre de la
Tête d’Apollon est bien beau, mais enfin il
frise le poncif, et sa vraie place est dans un
musée. Ce bronze, au contraire, est considé-
rable par le rapport des parties, exigu par
le volume et se peut toujours emporter, si
loin qu’on aille de son foyer; il est chaste
et beau comme ces statuettes que les femmes
grecques s’envoyaient l’une à l’autre pendant
qu’elles étaient enceintes pour les contempler
et modeler par l’admiration le fruit qu’elles
portaient dans leur sein. Nous consentirions
volontiers à entrer pour neuf années et neuf
années encore chez le Laban qui, le terme
écoulé, nous donnerait cette statuette.

Mais il faut quitter ces rêves!... On ne
garde plus les troupeaux ; et à quoi serions-
nous utiles à ce maître, sinon à le tenir au
courant de toutes les ventes de l’hôtel
Drouot! Agissons donc ainsi vis-à-vis de nos
abonnés. Rappelons-leur l’ordre des exposi-
tions particulières, c’est là qu’ils doivent se
faire une opinion personnelle et se passion-
ner qui pour les marbres, qui pour les i
faïences de Henri II, qui pour les vases an-
tiques, etc., etc.

Il y aura exposition particulière des objets
d’art et de curiosité les samedis à, 11 et
18 février, à, H et 18 mars;

Exposition particulière des médailles, le
samedi 25 février ;

Expositions particulières des tableaux, les
samedi 25 et le mercredi 29 mars, d’une
heure à cinq heures.

Et maintenant taillons nos crayons pour
noter les adjudications de MM. Charles Pillet
et Eugène Escribe. Que de centaines de mille
francs le petit bruit sec de leur marteau d'i-
voire va mettre en branle !

Ph. Burty.

COLLECTION DE SAINT-GEORGES.

Experts : MM. Clément et Charavay.

Commissaire-priseur : Me Delbergue-Cormont.

(9 et 10 février)

Les catalogues de cette intéressante col-
lection ne nous arrivent qu’au dernier mo-
ment et nous prennent tout à fait au dé-
pourvu. Nous aurions voulu annoncer avec
! quelques détails la vente d’autographes
qui commence le 9 février, avec l’assistance
de M. Charavay et qui renferme de curieux
documents sur la Bretagne, des lettres pré-
cieuses de Charlet, de Delacroix, etc., pres-
que tous les artistes contemporains. Nous
aurions donné quelques détails sur la vente
des dessins, aquarelles, tableaux, lithogra-
phies et eaux-fortes modernes, qui commen-
cera aussi le 9, mais celle:ci à l’Hôtel Drouot
et avec l’assistance de M. Clément. L’une et
l’autre sous la présidence de M. Delbergue-
Cormont.

M. de Saint-Georges a déjà reçu ici de
M. Léon Lagrange, son ami, un éloge nécro-
logique plein d’effusion1. M. Lagrange a re-
fait en tête du catalogue une notice que nous
regrettons bien de ne pouvoir réimprimer,
mais que nous signalons à ceux qui recueil-
lent les morceaux bien sentis et bien écrits.
En voici seulement les premières et les der-
nières lignes. Elles donnent une vue exacte
de la collection de M. H. de Saint-Georges.

Les collections qu’un amateur laisse après lui
! en disent plus sur sa personne et sur sa vie que
tous les détails biographiques. Ouvrez les porte-
feuilles de i\l. H. de Saint-Georges, regardez les
dessins dont il ornait son cabinet, parcourez les
autographes qu’il colligeait avec tant de soin,

1. Chronique du 10 août 1864.
 
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