8. — 1005
BOREAUX : 8, RUE FAVART (2e Arr.)
25 Février.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés à la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement la Chronique des Arts et de la Curiosité
Prix de l'abonnement pour un an
Paris, Seine et Seine-et-Oise. ... 10 fr.
Départements........... 12 fr.
Étranger (Etats faisant partie de
l'Union postale)......... 15 fr.
Le ISTiamcro : O fr. 35
PROPOS DU JOUR
rop souvent déjà nous avons eu à
déplorer ici l'intrusion de plus
en plus fréquente de la politique
dans des régions où son action
néfaste ne devrait pas avoir à s'exercer; voici
qu'il nous faut aujourd'hui enregistrer le
renvoi par décret d'un savant que l'Europe
considère comme l'une des plus pures gloires
de la France : M. Léopolcl Delisle est mis en
demeure de prendre une retraite que sa santé
ne réclamait nullement.
En vain nous objectera-t-on qu'il avait dé-
passé l'âge normal du repos : il y a des ex-
ceptions qui s'imposent ; mais du train dont
vont les mœurs parlementaires, il est fort
heureux pour eux que Renan ou. Pasteur n'ait
point atteint la « limite d'âge », car on les
eût évincés sans plus de façon au profit de
quelque épave du suffrage universel ou res-
treint. Or, dans le domaine de l'érudition,
M. Delisle occupe une place égale à celles que
tenaient Pasteur et Renan dans les sciences
naturelles et éxégétiques. On l'a bien vu il y a
deux ans lorsqu'on célébra le cinquantenaire
de son entrée à la Bibliothèque : de tous les
centres scientifiques d'Europe et d'Amérique
affluèrent spontanément les témoignages les
plus flatteurs pour l'homme modeste qui était
le seul sans doute à ignorer combien ses tra-
vaux étaient connus et appréciés ; une biblio-
graphie en fut alors dressée et l'on put se ren-
dre compte du labeur prodigieux et de la
science impeccable qu'il y avait dépensés de-
puis un demi-siècle.
Ces considérations ne sont pas, nous le sa-
vons, pour toucher nos politiciens actuels;
mais nous avions, nous, le droit et le devoir
de les rappeler. La Gazette n'oubliera pas non
plus qu'elle a eu l'honneur de publier le tra-
vail où M. Delisle décrivit pour la première
fois le joyau paléographique de Chantilly: les
Très riches Heures du duc de Berry, et les au-
tres manuscrits « historiés » provenant de ce
prince.
La direction de notre grande bibliothèque
a été conçue jusqu'à présent comme une fonc-
tion savante, comme une institution scienti-
fique. On la conçoit aujourd'hui autrement.
On la confie à un administrateur de premier
ordre, doué d'une haute culture, d'une intel-
ligence rayonnante, mais qui ne se donne
pas lui-même pour un spécialiste. C'est un
changement de conception : le monde savant
ne peut pas ne pas s'en inquiéter.
NOUVELLES
*** Mardi dernier a été inauguré par M.
Du jardin-Beaumetz, sous-secrétaire d'Etat
des Beaux-Arts, la nouvelle salle du musée
du Louvre, à droite des guichets du Car-
rousel, réservée aux antiquités égyptiennes.
On y a placé, avec la stèle du roi Zâ dite
« stèle du roi Serpent » provenant des fouilles
d'Abydos, des bas-reliefs et statues, parmi
lesquelles un certain nombre de statues funé-
raires en calcaire peint de la Ve dynastie,
une grande statue en bois, peinte en rouge,
d'un homme marchant, la plus grande connue
des statues de la vieille Egypte, et un impor-
tant monument : la chambre d'offrandes du
mastaba d'Akhouthotep, tombeau remontant
à la Ve dynastie et rapporté de Saqqârah par
M. Georges Bénédite.
Le Gazette des Beaux-Arts consacrera dans
son prochain numéro une étude détaillée à
ce dernier monument.
BOREAUX : 8, RUE FAVART (2e Arr.)
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PROPOS DU JOUR
rop souvent déjà nous avons eu à
déplorer ici l'intrusion de plus
en plus fréquente de la politique
dans des régions où son action
néfaste ne devrait pas avoir à s'exercer; voici
qu'il nous faut aujourd'hui enregistrer le
renvoi par décret d'un savant que l'Europe
considère comme l'une des plus pures gloires
de la France : M. Léopolcl Delisle est mis en
demeure de prendre une retraite que sa santé
ne réclamait nullement.
En vain nous objectera-t-on qu'il avait dé-
passé l'âge normal du repos : il y a des ex-
ceptions qui s'imposent ; mais du train dont
vont les mœurs parlementaires, il est fort
heureux pour eux que Renan ou. Pasteur n'ait
point atteint la « limite d'âge », car on les
eût évincés sans plus de façon au profit de
quelque épave du suffrage universel ou res-
treint. Or, dans le domaine de l'érudition,
M. Delisle occupe une place égale à celles que
tenaient Pasteur et Renan dans les sciences
naturelles et éxégétiques. On l'a bien vu il y a
deux ans lorsqu'on célébra le cinquantenaire
de son entrée à la Bibliothèque : de tous les
centres scientifiques d'Europe et d'Amérique
affluèrent spontanément les témoignages les
plus flatteurs pour l'homme modeste qui était
le seul sans doute à ignorer combien ses tra-
vaux étaient connus et appréciés ; une biblio-
graphie en fut alors dressée et l'on put se ren-
dre compte du labeur prodigieux et de la
science impeccable qu'il y avait dépensés de-
puis un demi-siècle.
Ces considérations ne sont pas, nous le sa-
vons, pour toucher nos politiciens actuels;
mais nous avions, nous, le droit et le devoir
de les rappeler. La Gazette n'oubliera pas non
plus qu'elle a eu l'honneur de publier le tra-
vail où M. Delisle décrivit pour la première
fois le joyau paléographique de Chantilly: les
Très riches Heures du duc de Berry, et les au-
tres manuscrits « historiés » provenant de ce
prince.
La direction de notre grande bibliothèque
a été conçue jusqu'à présent comme une fonc-
tion savante, comme une institution scienti-
fique. On la conçoit aujourd'hui autrement.
On la confie à un administrateur de premier
ordre, doué d'une haute culture, d'une intel-
ligence rayonnante, mais qui ne se donne
pas lui-même pour un spécialiste. C'est un
changement de conception : le monde savant
ne peut pas ne pas s'en inquiéter.
NOUVELLES
*** Mardi dernier a été inauguré par M.
Du jardin-Beaumetz, sous-secrétaire d'Etat
des Beaux-Arts, la nouvelle salle du musée
du Louvre, à droite des guichets du Car-
rousel, réservée aux antiquités égyptiennes.
On y a placé, avec la stèle du roi Zâ dite
« stèle du roi Serpent » provenant des fouilles
d'Abydos, des bas-reliefs et statues, parmi
lesquelles un certain nombre de statues funé-
raires en calcaire peint de la Ve dynastie,
une grande statue en bois, peinte en rouge,
d'un homme marchant, la plus grande connue
des statues de la vieille Egypte, et un impor-
tant monument : la chambre d'offrandes du
mastaba d'Akhouthotep, tombeau remontant
à la Ve dynastie et rapporté de Saqqârah par
M. Georges Bénédite.
Le Gazette des Beaux-Arts consacrera dans
son prochain numéro une étude détaillée à
ce dernier monument.