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La chronique des arts et de la curiosité — 1905

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Nr. 14 (8 Avril)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19760#0120
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110

LA CHRONIQUE DES ARTS

les églises franciscaines de Toscane, telles que
celles d'Arezzo, de Sienne, de Pistoïa, de Pise ;
leurs peintres sont Giotto et ses disciples, Taddeo
Gaddi, Puccio Copanna, Giovanni di Milano, etc.
Les centres de l'art dominicain sont Sainte-Marie
nouvelle et le Gampo Santo de Pise ; leurs peintres
principaux sont Andréa Orcagna et Francesco
Trani.

La question de l'attribution des fresques du Car-
miné reste toujours un des champs de bataille de
la critique. Mais, tandis que jusqu'ici la plupart
des discussions tendaient à distinguer la part do
Masolino de celle de Masaccio, M. Chiappelli porte
surtout son attention sur les parties exécutées par
Filippino Lippi, et, par des arguments de la plus
grande valeur, prouve que Filippino Lippi, dans
la plupart des fresques qu'il a peintes, avait comme
modèle des dessins de Masaccio.

Dans la partie de son livre consacrée à la sculp-
ture, M. Chiappelli étudie surtout Brunelleschi,
dont il a su le premier déterminer la part dans
l'autel d'argent de Pistoïa.

Je rappellerai aussi quelle reconnaissance nous
devons avoir pour M. Chiappelli, qui, en collabo-
ration avec M. A. Chiti, a publié le document
attestant que la Vierge du dôme de Pistoïa a été
commandée à Verrocchio et commencée par lui
avant d'être terminée par Lorenzo di Credi. La
publication de ce document est un fait capital, qui
a apporté une lumière toute nouvelle dans l'étude
de Verrocchio considéré comme peintre.

L'ouvrage est remarquable par l'importance
donnée aux idées générales. On notera, en
particulier, que M. Chiappelli adopte l'idée que
l'art de la sculpture florentine, et d'une manière
générale, l'art florentin du xve siècle, ne fut
influencé que d'une façon secondaire par l'art et
l'esprit antique et qu'il resta j)rofondément chré-
tien. Cette opinion a d'autant plus de valeur qu'elle
vient d'un homme tel que M. Chiappelli, qui s'est
fait une si grande place parmi les philosophes
italiens.

Marcel Beymond.

NECROLOGIE

Nous apprenons la mort du statuaire Henri-
Frédéric Iselin. Élève de Paide, il commença
d'exposer au Salon en 1849 et obtint sa première
récompense, une médaille de 3e classe, en 1852,
pour un Jeune Romain, qui fut acquis par l'Etat.

Citons parmi les œuvres dues au ciseau fécond
de cet artiste : le Génie du feu, groupe en pierre
pour la cour du Louvre, le buste du duc de Bauf-
fremont (1857), les bustes du président Boileau
(musée du Luxembourg), du professeur Bugnet et
du duc de Morny (1861), qui lui valurent une
2e médaille; ceux de Napoléon III (1862), du prince
de Bauffremont- Gourtenay (1864), d'Augustin
Thierry, pour la ville de Blois (1865), la statue de
VÉlégance, au foyer de l'Opéra, le buste de Méri-
mée, à la Bibliothèque Nationale (1875), ceux de
Lamoricière, Claude Bernard, Berthelot, etc. Il fut
nommé en 1863 chevalier do la Légion d'honneur.

Depuis plusieurs années, il s'était retiré à Glaire-
goutte (Haute-Saône), où il était né en 1825.

On annonce également la mort à Paris, à l'âge de

soixante-quinze ans, de M. Eugène Schneider

compositeur de musique, ancien professeur au
Conservatoire et à l'École normale de Metz.

On annonce la mort à Périguoux de M. Jules
Mandin, architecte, décédé à l'âge de soixante-dix-
huit ans.

Le grand sculpteur Constantin Meunier est

mort mardi dernier, 4 avril.

Né à Etterbeek, faubourg do Bruxelles, le 12
avril 1831, Constantin Meunier n'a connu la grande
notoriété qu'à cinquante-quatre ans seulement et
nullement pour ses œuvres picturales auxquelles il
s'était voué presque exclusivement pendant de lon-
gues années, mais pour sa sculpture, qui n'avait
été pour lui qu'un passe-temps. Tout jeune, il
avait, en effet, été élève du sculpteur Fraikin. Une
œuvre de début, La Guirlande, fut remarquée au
Salon de Bruxelles en 1851. Mais bientôt Meunier
laissait le ciseau pour la brosse et se mettait à
l'école de Degroux le père. Il n'eut d'abord comme
peintre que des succès modestes. C'est cependant
de cette époque que datent ses compositions sur la
Vie des Trappistes chez lesquels il était allé faire
une retraite artistique en Campine. Du même
temps aussi ses tableaux sur la Guerre des Paysans,
dont l'un est au musée de Bruxelles.

Il fut plus heureux en 1882, au retour d'un
voyage en Espagne où l'avait appelé une mission
officielle. Constantin Meunier devait y prendre à
Séville une copie de la Descente de croix do Cam-
pana. Il en rapporta encore une série d'études
espagnoles qui tirent grande impression, princi-
palement les Cigarières de Séville (également au
musée de Bruxelles).

Camille Lemonnier lui ayant demandé quelques
illustrations du « pays noir » pour son livre sur la
Belgique, Meunier se rendit à Seraing, à Char-
leroi et dans le Borinagc ; il en traduisit de façon
émotionnante les scènes et types de la mine et de
l'usine et les paysages dénudés que ravage l'in-
dustrie. C'est là que Meunier prit conscience de
lui-même et fut recréé en quelque sorte par ce
contact avec la vie ouvrière.

Déjà, du reste, en 1880, il avait exposé un Inté-
rieur d'usine et une Coulée de fonte. Son Pudd-
leur, au Salon de Bruxelles do 1885, avait fait
sensation. Mais sa réputation date vraiment du
Salon de Paris de 1886, où son Marteleur fit l'ad-
miration de la critique et du monde artiste.

Puis vinrent, pour no citer que quelques-unes de
ses sculptures, le Grisou, le Débardeur, YEcce
homo, ie Vieux cheval de mine, qui liront, par les
exposi'ions publiques ou privées, le tour du monde.
L'Amérique, l'Angleterre et l'Allemagne, avant ou
après Paris, se les disputèrent. Plusieurs des
belles œuvres de Meunier sont au musée du Luxem-
bourg.

La dernière est monumentale ; c'est une immense
composition en rhonneur du Travail, ayant aux
quatre coins quatre figures assises en ronde-bosse :
La Mine, La Moisson, Le Port, VIndustrie, le tout
dominé au centre par Le Semeur, également en
ronde-bosse. L'œuvre est acquise par le gouver-
nement belge et sera installée dans une rotonde
spéciale au futur musée des Arts décoratifs. Il a
aussi collaboré avec le sculpteur français Char-
pentier au monument à la mémoire d'Emile Zola.
 
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