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La chronique des arts et de la curiosité — 1906

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Nr. 11 (17 Mars)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19761#0093
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ET DE LA CURIOSITE

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puis chez un marchand anglais, d'être acquis
par le richissime banquier James Simon, de
Berlin, pour la somme de 325.000 marks (plus
de 400.000 francs). Ce fut le « clou » de l'ex-
position, que nous avons annoncée, du palais
Redern à Berlin, qui a clos ses portes le
25 février.

*** On a inauguré cette semaine, à Bàle,
à la Kunsthalle, une exposition d'art français,
organisée sur l'initiative de la Société locale
des Beaux-Arts, h l'instigation du consul
français, M. Maurice de Coppet, et par les
soins de M. L. Bénédite, conservateur du mu-
sée du Luxembourg. Un comité avait été
constitué à Paris, sous la présidence de
M. A. Rodin. C'est la première fois qu'une
entreprise artistique de ce genre a été tentée
à Bàle; elle va pleinement réussi : les œuvres
de MM. Claude Monet, Renoir, Degas, Car-
rière, Besnard, Carolus Duran, Roll, Cottet,
Simon, Henri Martin, etc., ont obtenu le plus
vif succès. On a, de même, beaucoup appré-
cié les plaquettes, médailles, bijoux et objets
d'art de MM. Charpentier, Gaillard, Dam-
mouse, etc.; en sculpture, quelques beaux
bronzes de MM. Bartholoiné, Bourdelle,
Dampt, Pierre Roche, etc. Une salle spéciale
est consacrée à un ensemble d'œuvres de
M. Rodin.

.*** Le musée de Brème vient de s'enrichir,
grâce à la générosité d'un collectionneur de
Hanovre, M. Mummy, de l'œuvre gravé pres-
que complet de Durer.

PETITES EXPOSITIONS

EXPOSITION DE PEINTRES ET DE SCULPTEUBS
M. CLAUDE MONET — M. MAURICE DENIS
M. CÉZANNE — M. JULES CAYRON

Les peintres et sculpteurs qui exposent à la
galerie Georges Petit formaient autrefois la
Société Nouvelle; aujourd'hui, ils se conten-
tent de se réunir sous la présidence de M. Ro-
din. Un lien réel subsiste cependant er.tre
eux : en haine de l'éclat factice, des chairs de
porcelaine et des étoffes 'te satin qui se déta-
chent sur du coton argenté, ils ont baissé le
tonde leur palette, cherché dans la pénombre
et le gris, ou, au contraire, affecti nnô les co-
lorations intenses et les harmonies outran-
cières ; en haine des gaietés de mauvais aloi,
ils sont le plus souvent recueillis ou tristes.
Tous ils ont un nom et il faut résister au dé-
sir de les ônumérer tous de peur d'oublier les
moins négligeables. La plupart, d'ailleurs, re-
paraissent, autour de M. Carrière, avec des
œuvres ou des formules déjà connues. M. Ro-
din a un beau buste d'Anglo-Saxon où se lit
tout le caractère d'une race; M. Lucien Simon,
un portrait de recteur breton d'une facture
superbe. M. Ch. Cottet décrit avec un pinceau
incisif des vues du Dauphiné qui évoquent
certains dessins de Victor Hugo. M. Blanche
a des lleurs fort contestables. M. Dauchez
travaille à rehausser le ton de sa palette. Et

l'on revoit avec plaisir les intérieurs de M.
Walter Gay, tes fantaisies de M. La Touche,
les neiges de M. Thaulov»", les vues de Ve-
nise de M. Vail, les plages de M. Ulmann,
près des nocl urnes de M. Le Sidaner et des
poèmes do M. Ménard.

De retentissantes expositions, celle des
Meules, par exemple, ou celle des Cathédrales,
avaient initié le public aux recherches sub-
tiles de M. Claude Monet et permis de mesu-
rer la richesse d'une imagination capable,
sur un thème unique, d'orchestrer vingt
poèmes. Aucune exposition rétrospective
n'avait tenté de résumer les étapes de cette
glorieuse carrière. Aujourd'hui, une ving-
taine de toiles nous sont présentées, éche-
lonnées de 1888 à l'année dernière, et, bien
que la réunion soit incomplète, l'intérêt en
est grand et la signification haute. Les
Matinées près de Vernon, les Meutes, les Ca-
thédrales, les PeupHcrs, les Passerelles, les
l'omise, ne nous donnent pas seulement la
joie de revoir des séries déjà admirées; leur
confrontation affirme la souplesse d'une tech-
nique que l'on savait puissante et originale,
qu'on ne soupçonnait peut-être pas dans
l'incertitude des souvenirs aussi variés. Et
c'est là une épreuve significative. Une for-
mule conventionnelle, artificielle, serait in-
capable de se plier, d'évoluer. A se montrer
aussi Uexible, celle-ci s'affirme essentielle
et vivante. L'hommage fait ici à M. Claude
Monet est donc décisif. On voudrait qu'il fût
plus accessible à tous; pourquoi aucun Cata-
logne n'accompagne-t-il ces œuvres? pour-
quoi, tout au moins, quelques étiquettes
n'en donnent-elles les noms adoptés par l'ar-
tiste et la date '? Les amis de M. Claude Mo-
net n'en seraient point gênés et ceux qui le
connaissent encore mal le comprendraient
plus vite.

« Dans l'éternel Été retentira le chant nou-
veau », tel est le programme sur lequel
M. Maurice Denis a composé cinq panneaux
décoratifs destinés à une salle do musique.
Or, il fautledire tout de suite, l'œuvre est de
celles qui comptent. La composition en est
simple et significative : dans des jardins,
parmi des lleurs, autour de jets d'eau, près de
maisons et d'escaliers blancs qu'irradie le
soleil, des enfants, des jeunes tilles, vêtues
de tuniques flottantes, couronnées de fleurs,
chantent, dansent, jouent du violon, touchent
de la harpe. Tout, dans l'intention et dans
l'exécution, respire la fraîcheur. Des harmo-
nies claires, une touche très franche, très sim-
ple et très sévère donnent à ces panneaux une
gaieté sereine et reposante. C'est l'œuvre d'un
poète; mais le sentiment exquis qu'elle té-
moigne est soutenu par une intelligence re-
marquable et nouvelle de l'art décoratif. Les.
Florentins et Puvis de Ckavannés n'y sont
pas oubliés; mais la personnalité y apparaît
complète. Pour ceux qui ont parfois reproché
à M. Maurice Denis un maniérisme et des
puérilités conventionnels, c'est une joie véri-
table de le louer pleinement pour une oîuvre
pleine.
 
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