La chronique des arts et de la curiosité (1906)

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LA CHRONIQUE DES ARTS

président de la Société. L'entrée de l'exposition
sera payante. Le tiers de la recette sera donnée
à la Ville de Paris, qui en affectera le produit
;'i l'acquisition d'œuvres d'art.

D'autre part, M. Quentin-Bauchart et plu-
sieurs de s-es collègues "du Conseil municipal
v-iennent de déposer une proposition con-
cluant au vote du principe de l'établissement
à Bagatelle d'un parc botanique, d'une sta-
tion d'étude botanique et de culture, dans le
genre des jardins de Kew, près de Londres;
à l'organisation de cultures botaniques appli-
quées à l'art, ainsi qu'à celle d'un musée et
d'expositions des arts de la plante dans l'un
des pavillons du parc.

*** Le jury de peinture pour le prochain
Salon de la Société des Artistes français est
ainsi composé :

Président : M. Dawant.

Membres du jury : MM. Joseph Bail, Albert
Maignan, Raphaël Collin, Tattegrain, Zuher,
Laugée, Dameron, Gagliardini, Paul Chabas,
Toudouze, Chartran, E. Renard, Thirion,
Pelez, Luigi-Loir, Gagniart, Wencker, Olive,
Saubès, Schommer.

*** Le ministre du Commerce a transmis
au Conseil un nouveau projet de transforma-
tion du Champ-de-Mars qui, tout en tenant
compte des désirs de rassemblée municipale,
permettrait de créer et de maintenir au
Champ-de-Mars un centre d'expositions, de
concours, d'exercices physiques, etc. Le pré-
fet de la Seine, après avoir étudié ce projet,
le considère comme acceptable, au moins on
principe, et demande au Conseil de l'exami-
ner dans le plus bref délai.

Le plan primitif de lotissement du Champ-
de-Mars réservait dans le parc central, entre
la rue de Grenelle et l'avenue de La Motte-
Piquet, un espace attribué aux exercices phy-
siques, jeux et sports, tout en maintenant
sur les côtés des lots de terrains à vendre.
C'est cet emplacement que le ministre et le
préfet proposent d'utiliser.

Deux palais y seraient édifiés à titre défini-
tif, à droite et à gauche de la partie médiane
du Champ-de-Mars. Ces palais seraient
conçus suivant des dispositions de hauteur,
de forme et d'ordonnance se combinant avec
la façade de l'Ecole militaire. Quant à l'espace
libre entre les deux palais, il serait planté en
quinconces et comprendrait un grand plateau
central avec des parties réservées pour les
jeux,

*** Le commandeur Giacomo Boni, le sa-
vant archéologue qui dirige les fouilles du
Forum romain, croit avoir découvert la sépul-
ture de l'empereur Trajan. Une dépèche de
Rome annonce en effet que M. Boni, s'atta-
chant au récit des historiens Cassien et Eu-
trope, d'après lesquels les restes de l'empereur
Trajan auraient été rapportés d'Asie et enfer-
més dans une urne d'or déposée sous la co-
lonne Trajane, a fait pratiquer des fouilles
au pied de la porte gauche du vestibule d'en-
trée dans le piédestal de la colonne. Or, les
fouilles ont mis à jour le mur qui ferme l'ou-
verture de la petite porte et remplit les épau-

lements des anciens pieds-droits. Puis on a
découvert un seuil usé, comme si la petite
porte avait été pendant un certain temps pra-
ticable. Ces indices, et quelques autres encore,
incitent le commandeur Boni à croire qu'il a
découvert le tombeau contenant l'urne et les
ossements de l'empereur Trajan.

*** La galerie des Offices de Florence, que
dirige si habilement M. Corrado Ricci, s'est
enrichie, ces temps derniers, de plusieurs
œuvres très intéressantes : un panneau peint
sur les deux faces, par Melozzo da Forli,
offrant, d'un côté, une exquise figure d'Ange,
fragment 'd'une Annonciation, de l'autre, la
partie inférieure seule, mais superbe, d'un
Sainl Benoît ; un Saint dominicain, par Co-
simo Tura ; un Saint Sébastien, de Lorenzo
Costa; deux petits panneaux de l'école pisane
du xive siècle, représentant des épisodes de la
vie de saint Romuald ; un autre panneau re-
présentant la Vierge couronnée par des anges,
sur fond d'or gravé et délicatement ornementé
parle célèbre orfèvre Nicolas Guardiagrele ;
un panneau anonyme, datant probablement du
début du xv° siècle, offrant les trois portraits
de Gaddo, Taddeo et Angelo Gaddi ; une Ma-
done avec l'Enfant, clans un excellent état de
conservation, par Jacopo Bellini, dont les
œuvres sont si rares ; enfin, dans la galerie
des portraits d'artistes par eux-mêmes, ceux
de Romney, de Girolamo 'da Gastello et de
notre compatriote Bonnat.

Le Musée National de la même ville, dont
M. Supino est directeur, a fait également une
importante acquisition : une Vierge assise
tenant l'Enfant sur ses genoux, œuvre italienne
de la lin du xiii" siècle ou du commencement
du xivc, qui offre encore le type hiératique
des Vierges byzantines.

**# Notre collaborateur M. Marcel Rey-
mond, a fait à Florence, sous les auspices de
la Société d'archéologie et des Beaux-Arts, le
12 mars, une conférence avec projections sur
L'Art en Dauphiné, qui a été très applaudie.

*** On projette, à Berlin, pour l'an pro-
chain, une grande exposition d'art industriel
berlinois, à laquelle on se prépare déjà.

Le Salon des Artistes Indépendants

D'année on année, le Salon des Indépendants
acquiert, au regard do l'opinion, un sens plus dé-
cisif et mieux défini. On a cessé do le considérer
comme une manifestation de portée négligeable et
comme le refuge ouvert aux talents bannis du
Grand Palais. C'est, dans un état libre, le Salon
libre où chacun en appelle à Ions sans rien con-
voiter que l'éveil de la sympathie. A ne relever
ainsi quo de sa conscience et du public, l'artiste
paraît avoir recouvre le sentiment de la dignité
originelle ; le développement de sa personnalité ne
subit la gêne d'aucune entrave ; il ne connaît ni les
rivalités mesquines ni la déchéance des compromis
et des adultérations par où se capte le jury à l'heure
de l'admission et du vote des récompenses. Les con-