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La chronique des arts et de la curiosité — 1906

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Nr. 16 (21 Avril)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19761#0136
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126

LA CHRONIQUE DES ARTS

frayantes images de la mort apparaître tout à coup
dans l'art ; dès les premières années du xv siècle,
il semble que- la mort devienne la grande inspi-
ratrice, et le xvi" siècle .renchérit encore sur
le xve. M. Mâle nous, montre l'origine de cette
nouvelle source d'inspiration au xur siècle, dans
le célèbre Dit des trois morts, et des trois vifs,
première et timide ébauche de la Danse macabre.
■ .Celle-ci apparaît pour la première fois à Paris au
petit cimetière des Innocents, en 1424, et semble
. n'être que l'illustration de .sermons mimés sur la
mort qui devaient se tenir alors dans les églises ;
ici-encore,comme M.Màlel'a montré précédemment
-pour les.« Mystères » (1), le drame a précédé l'œu-
vre d'art. Après lu.-Danse macabre du cimetière
des Innocents, malheureusement-détruite, et dont ne
-nous ont été conservés, dans la 1" édition do la
Danse macabre de Guyot-Marchand, que les vers
qui l'accompagnaient et- une imitation assez libre
. dus. peintures, M. Mâle, étudie les autres danses
-macabres, peintes en France (il. ne subsiste plus
que , celles -de Kermaria, dans les Côtes-du-Nord,
et de la Chaise-Dieu) ou gravées dans les livres
.d'Heures, et il montre le rapide succès de ce thème
qui, pou. à peu, devient un prétexte à un tableau do
genre où l'artiste donne libre cours à sa fantaisie
(tel Holbein). pe.relâchement du sentiment chré-
, tien dans ces représentations a sa compensation
■dans le succès rapide: et, extraordinaire d'un petit
. livre illustré :- l'Ars moriendi, dont le texte au
■moins décèle aussi une origine française et qui,
répandu à plusieurs millions d'exemplaires, touche
autant d'âmes que ses images l'eussent fait sculpter
aux siècles précédents à la façade des églises.

+ Rassegna d'Arte Senese (1905, fasc. 1). —
"' Cette " publication nouvelle est le bulletin de la
'Sociétè'des-Amis des Monuments de Sienne. Elle
se propose, comme son titre l'indique, do men-
tionner toiuVCc qui intéresse l'art de Sienne et des
environs, les musées, leâ monuments, etc.
' + Le premier numéro contient plusieurs courtes
notices. L'une, due à M. G. Ricci, se rapporte aux
peintures siennoises do Volterra; une autre, de
M. Piccolomini, â des fibules étrusques décou-
vertes à Sienne près du Palais Communal,
' (Fasc. 2). — M. B. Petrucci donne un article sur
la manière dont peuvent revivre les villes d'art.

+ M. Mason Perkins signale dans une inté-
ressante étude, différentes peintures de l'école
' siennoiso aujourd'hui dans les galeries particulières
- ou les musées des États-Unis;.

'•-J-'M. Coletti montre oh quoi l'école siennoise a
précédé l'école florentine.

BIBLIOGRAPHIE

Vincenzo Vela (1820-1801). par Romeo Manzoni.
Milano, Ilcepli, 1006. In-4», 306 p. avec 78 ill.
et 26 planches.

Lorsque Cicognara, dans les premières années
.du xix" siècle, écrivait son Histoire de la sculpture
italienne, la. terminant avec le nom do Canova
qu'il considérait comme le. plus grand sculpteur de
l'Italie, comme l'égal do. Michel-Ange, il ne se dou-
tait pas combien allait être éphémère la gloire de
ce maître et que tous les efforts du xix° siècle de-
vaient tendre à détruire son art...

(1)'V. Gazette des Beaux-Arts, 1004, t. I.

En Italie comme en France, les sculpteurs et les
peintres s'unirent pour lutter contre l'art do David
et de Canova, pour substituer â leurs imitations
de l'antiquité un art plus intimement lié à la vie
contemporaine.

Trois grands noms résument l'histoire do la
sculpture italienne au xix° siècle : Bartolini, Dupré,
Vola. Rartolini, le premier, commença à s'insurger
contre l'art classique ; Dupré le suivit, et Vela
acheva l'œuvre que ses prédécesseurs n'avaient en-
treprise qu'avec une certaine timidité.

Pour comprendre l'art italien du xix° siècle, il
faut penser aux drames terribles dans lesquels
l'Italie s'est débattue, â la rude domination étran-
gère, aux luttes, aux espoirs de liberté, si long-
temps déçus, qui passionnaient tous les esprits.
C'est à ce point do vue qu'il faut se placer pour
comprendre l'enthousiasme qui accueillit les omvrcs
patriotiques de Vela telles que le Spartacus et le
Guillaume Tell.

Dans toutes ses œuvres, même dans celles qui
ne sont pas inspirées par le sentiment patriotique,
Vela a exprimé la sensibilité dos nations moder-
nes. Il a été le poète des tombeaux, trouvant, dans
la passion de son âme, des formes nouvelles, em-
preintes d'une poésie, d'une émotion, d'une mélan-
colie que ses prédécesseurs n'avaient pas connues.
Il a créé d'admirables figures, telles que la Déso-
lation, la Mater dolorosa, Y Ange gardien, l'Ange
de la Résurrection, l'Eccc homo, la Prière, la Li-
berté en deuil, l'Harmonie du monument do Doni-
zetti, l'Italie du monument do Manin; et c'est à lui
que remonte le mérite, on pourrait dire peut-être
la responsabilité, d'avoir créé une école représen-
tant sur les tombes les mourants étendus sur leur
lit d'agonie, avec toutes les réalités de la vie fami-
lière. A cette série, qui comprend entre autres le
Docteur Bertani au lit de mort de Charles Cat-
tanco, ou la Comtesse d'AddA sur son lit de mort,
on peut rattacher les Derniers jours de Napo-
léon I", œuvre qui a rendu populaire en France le
nom de Vela.

Sur la fin de sa vie, Vola, obéissant â la sensibi-
lité do sa nature, suivant le mouvement qui en-
traînait toute l'école moderne, s'est associé, par son
Monument aux Victimes du travail (1883), à ce
grand courant de sympathie pour les humbles qui
s'est manifesté avec tant de force dans les dernières
années du xix" siècle.

En somme, l'œuvre de Vela, quel que soit le
charme que lui donnent ses beautés plastiques, est
une œuvre do douleur et représente bien ce siècle
qui débute avec les tristesses de René, pour se
terminer avec les révoltes de Germinal.

Le livre que vient de lui consacrer M. Romeo
Manzoni a été écrit avec tout l'enthousiasme de
l'amitié et l'illustration do l'ouvrage est digne de
M. Ulrico Hœpli, à qui nous devons tant de beaux
livres sur l'art italien.

Marcel Reymond.

NECROLOGIE

Le statuaire Louis-Auguste Roubaud, né à

Cerdon (Ain), le 29 février 1828, connu sous le nom
de Roubaud jeune, parce qu'il était le frère do Fé-
lix Roubaud, mort â Lyon en 1876, est décédé à
Paris le 11 avril. Élève d'IIippolyte Flandrin et do
Duret, Roubaud débuta au Salon de 1861 et ne
cessa d'exposer depuis lors. Citons, parmi ses prin-
 
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