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La chronique des arts et de la curiosité — 1906

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Nr. 18 (5 Mai)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19761#0154
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LA CHRONIQUE DES ARTS

les cadres de M™ Creamer, de M"* Smythe, do M.
Laing, montrent que le pays d'outre-Mancho ne
cesse pan de demeurer la patrie de l'aquarelle libre,
largement lavéo.

Objets d'art

Certes, j'accorde qu'il y a trop de travaux de
pensionnat, trop de cuirs pyrogravés, trop d'éven-
tails aquarelles de fadaises, et il est certain aussi
que hors des rotondes, réservées, comme il sied,
aux maîtres, tout est disposé sans méthode, à
l'aventure. Et pourtant la première impression dé-
favorable ne laisse pas que de se modifier à l'exa-
men. Déjà il suffirait, et cette année surtout, de
la présence simultanée de M. René Lalique avec
ses camées sur verre à plusieurs couches, et de
M. Lucien Gaillard avec ses incrustations de mé-
taux patinés, pour ruiner la prévention; mais il
y a encore, parmi les poètes de la matière pré-
cieuse, M. Falize, M. Habert-Dys, M.. Feuillàtre;
puis M. Louis Tiffany nous revient avec des ver-
reries, des émaux, des poteries, et près de lui M™*
Gunningham aide à prendre pleinement con-
science d'un style- exotique, tout à la fois affiné
et barbare; à Copenhague, chez MM. Bing et
Grœndahl, la collaboration de M™" Dreves-Kofoed
et de M. Harold Junel nous vaut des porcelaines
à décor cloisonné d'un charme imprévu; ici même
la palette do M. Decœur s'est enrichie à miracle;
à l'intérêt do la réussite technique M. Naudot
ajoute le prix d'une harmonie de tons pour lui
insolite. L'émancipation définitive de la reliure et
la rénovation du petit fer sont maintenant passées
dans l'ordre des faits acquis, et il en faut rendre
grâce à M. René Kicffer, à M. Saint-André, à M.
Aumaitro.

On goûtera la façon dont se trouvent traités : le
fer, par M. Robert; le bois, par M. Beckor et
M. Miault; la corne, par M"" Raguct; la nacre,
par M. Floury et M. Bastard. Qu'est-ce à dire, pour
le surplus, si ce n'est que ce qui manque le plus
à cette section c'est l'ordre dans le classement, c'est
aussi une disposition autre que l'éparpillemont
lamentable, le long des galeries désortes ? Plus que
tous autres, les objets qui la composent requièrent
l'intimité d'une salle. Un groupement selon la ma-
tière et la technique saurait à souhait coordonner
les efforts, établir entre les créations le lion utile
et aider par le rapprochement à tirer de chacune
les leçons qu'elle peut contenir.

Sculpture

Descend-on des galeries dans le jardin de la sta-
tuaire, les éléments constitutifs de la section et le
principe môme do la présentation provoquent le
retour des réserves et des questions naguère sus-
citées. Si, on dépit de leur insignifiance avérée,
certains ouvrages ont pu trouver accès, de quel
droit s'autoriser pour en exclure quelque autre ?
Knlin, la hâte, extrême j'en conviens, apportée à
transformer une piste en parterre justifie-t-ollo un
placement qui fait surtout état do la situation et
de l'âge quand seul l'intérêt du talent dépensé de-
vrait eu déterminer les conditions'.'

Aussi bien le dispositif général semble réglé
selon un canon identique et préétabli : autour du
rond point central des bustes s'érigent, offrant
aux curieux la ressemblance de M. Picot et de
M. Mézières, de M. llarpignies et de Paul Mcu-
rice, de M. Quentin-Bauchart et de M. Georges
Bourdon, de M. Herbette et de la reine Ranavalo.

Égarée parmi ces célébrités, une image de femme
inconnue se signale par l'accent puissant de la vie
et du caractère ; M. Vermaro oa est l'autour (1).

Aux environs immédiats de ce rond-point, ont été
groupés, selon l'habitude, les envois des membres
de l'Institut : la Jeanne d'Arc, plus sentimentale,
plus mignardo qu'héroïque, do M. AntoninMercié ;
la figure tombale du cardinal Bourret, par M.
Puech ; celle do Léon Dru, par M. Frémiet, et, du
même M. Frémiet, une statue do son oncle
Rude,noble et touchante évocation du chef d'école par
le plus légitime héritier do sa tradition. Dos hom-
mages à Ferdinand Fabre, à Jean Lombard, à Léon
Valado se destinent à l'ombre discrète des bois sa-
crés de la province ; le grand jour do la place pu-
blique attend, au contraire, le monument de Sarraut
(par M. Ducuing), de Bertagna (par M. Sicard),du
commandant Hériot (par M. Antonin Cariés) et
celui qui perpétuera, grâce à M. Verlet, le souve-
nir de la défense de Neuilly. L'intérêt, fort divers,
s'en mesure, non pas à l'acquis, à l'habileté profes-
sionnelle, certaine chez tous, mais au degré de
personnalité do l'invention, et aussi à l'émotion qui
s'en dégage. Seule, une fraternité d'âme réelle peut
prolonger, auprès de l'avenir, le crédit de ces
témoignages de reconnaissance. A plus foi te raison
sied-il qu'une tristesse profondément ressentie
marque le symbole dont notre regret entend em-
bellir la tombe de l'être cher ; n'est-ce pas pour
avoir satisfait à ces fondamentales exigences que
les emblèmes funéraires de M. Gréber, de M. Le-
marquier éveillent la sympalhic, gagnent la pitié,
tandis que nous demeurons indifférents à d'autres
entreprises plus vastes, où l'effort semble s'être
moins soucié d'exalter l'amertume du deuil que
d'en exprimer la solennité et la magnificence ?

La conception païenne do l'art impassible ne
s'admet plus sans contrôle, en toute occurenco.
Passe pour des créations à visées purement déco-
ratives, comme la fière Automne de M. Gustave
Michel ou Tassez moderne Eté do M. Lombard,
pour la Donaïde à la grâce alanguio de M. Han-
naux, la Kymphe de M. Octobre, ou pour cette
figure nue do M. Henri Cordier qui doit le meilleur
de son indicible charme à la qualité de la matière :
un quartz rose tendre délicatement jaspé do gris;
mais ne s'improvise pas qui veut interprète des
mythes antiques à l'exemple de M. Henry Cros,
pur et admirable Hellène égaré parmi nous !
Hors des cas nettement spécifiés, nous souhaitons
que l'esprit et le sentiment viennent ennoblir la
matière. Ces différences se trouvent d'ailleurs mar-
quées à souhait par les deux envois de M. Gau-
dissart : l'un, le Printemps, d'allure toute grecque,
met les yeux en joie par le balancement des
lignes, l'agrément des formes, les intlexious dou-
cement suivies du modelé ; dans l'autre, des bas-
reliefs expressifs célèbrent le bienfait de l'hospita-
lité avec une chaleur d'âme généreuse où le sculp-
teur de la Bonté se retrouve.

Rien n'est pour faire plus d'honneur à l'art do
notre temps que cette évolution vers une statuaire
toute pénétrée de sens social, humain ; M. Derré,
qui appelle, avec sa fontaine et son chapiteau des
Baisers, le souvenir de nos vieux imagiers, s'est

(F Le souvenir est à retenir des autres bustes
qu'ont signés M'"" Itasse, Gallaud, MM. Jean
Boucher, Scgoffin, Boverie, Violet, Romaguoli,
Jaecklé, Ferrand, Cordonnier, Guignes.
 
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