La chronique des arts et de la curiosité (1906)

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LA CHRON1UUE DES ARTS

leried'Énée, occupaient au dix-huitième siècle
l'emplacement sur lequel l'architecte Louis a
construit plus tard le Théâtre-Français. Les
deux colonnes et le lambris retrouvés par
M. Guadet ont été envoyés au Musée des Arts
décoratifs.

Par son testament, Mmc la baronne de
.Saint-Preignan, décédée récemment, a légué .
au même musée, auquel elle avait déjà fait j
de son vivant des dons importants, deux
petits meubles en marqueterie et acajou ayant
appartenu à son père, et qui sont de véri-
tables chefs-d'œuvre de l'art du mobilier ;
puis, au musée de Nîmes, une collection de
Sèvres, une des plus riches que l'on con-
naisse.

*** Le Musée des Beaux-Arts do la Ville
de Paris (Petit Palais) vient de s'enrichir de
deux peintures remarquables : le Portrait de
iimc de Cassin, par G, Ricard, donné par celle-
ci ; et les Demoiselles des bords de la Seine, de
Courbet, données par la sœur du peintre.

L'administration des Beaux-Arts, dont
l'attention avait été appelée sur la vieille
église Sainte-Marie de Sarlat, a décidé que
ce beau monument serait restauré.

Il sert actuellement d'hôtel des Postes, mais
on a respecté son architecture et il a été
classé comme monument historique.

Un crédit d'une cinquantaine de mille
francs sera affecté à la restauration de cette
église, qui est une des plus intéressantes du
sud-ouest de la France.

*** Les élèves et les amis du professeur
Paul Segond ont offert dimanche dernier à
l'éminent chirurgien, en souvenir des services
rendus par lui à la science, une plaquette,
œuvre du graveur Charpentier.

Lundi dernier a été inaugurée à l'Ex-
position de Marseille une section d'art rétros-
pectif organisée par les soins de M. Philippe
Auquier, conservateur du musée de Marseille,
et qui est des plus intéressantes.

Tous les grands collectionneurs et les mu-
nicipalités de Marseille, d'Aix-en-Provence,
de Toulon, d'Arles, etc., ont contribué à cette
manifestation artistique qui n'avait plus été
tentée depuis 1861 et qui montre, entre autres
chefs-d'œuvre : le Couronnement de la Vierge,
de Charonton, appartenant à l'hospice de
Villeneuve-lès-Avignon, qu'on admira à l'ex-
position des Primitifs français ; le triptyque du
Parlement de Provence, appartenant à l'église
du Saint-Esprit d'Aix; plusieurs peintures du
xiv° et du xvc siècle conservées à Carpentras,
Tarascon, Draguignan, Antibes et Nice; le
Pacha, de Fragonard, confié au comité par
Mmc Waldeck-Rousseau ; le Saint Ambroise et
une Sainte famille de Puget, des portraits
par les Vanloo, des œuvres de Finsonius, etc.,
en un mot de toute la pléiade de peintres et
de sculpteurs que la Provence vit naître ou
adopta, et qui aboutit à la magnifique
iloraison des Guigou, des Monticelli, des
Loubon et des Gustave Ricard. De ce peintre,
on a réuni à l'Exposition un choix de toiles
d'une superbe qualité. Ce Salon se complète
d'une section de faïences de Moustiers et Mar- i

seille, où figurent des pièces remarquables, et
d'une section de meubles, d'un vieil art ré-
gional exquis.

La Gazelle rendra compte prochainement
plus en détail de cette belle exposition.

*** Le tableau de Millet, L'Homme à la
houe, que l'on croyait détruit dans la catas-
trophe de San-Francisco, a été sauvé par un
domestique de son propriétaire, M. Croden.

*** La Nationalgalerie de Berlin vient en-
core d'acquérir, pour 31.250 fr., un tableau de
Menzel, la Place avec des maisons en cons-
truction et des saules, datée de 1846.

Au Musée du Louvre

Le musée du Louvre vient de se ren-
dre acquéreur d'une peinture importante du
xvc siècle, qui tiendra glorieusement sa place
dans la salle des Primitifs français. C'est
l'Homme au verre de vin, de la collection du
comte Wilczek, de Vienne, qui figura, en 1904,
à l'Exposition du pavillon de Marsan, parmi
les œuvres de Fouquet, Ceux qui eurent alors
occasion de l'admirer se souviennent encore
de la vigueur exceptionnelle de ce portrait,
au réalisme si plein de caractère, qui est
comme le pendant français du célèbre Homme
à l'œillet, de van Eyck, au musée de Berlin.
On no peut qu'applaudir pleinement à la dé-
cision énergique et prompte dont vient de
faire preuve le Conseil des Musées en s'em-
parant d'un chef-d'œuvre aussi précieux pour
l'histoire encore mystérieuse de notre art
national.

Le Louvre, qui avait eu le vif regret de
ne pouvoir acquérir à la vente Crosnier la
Flore de Carpeaux (marbre exécuté à Lon-
dres en 1873), vient de recevoir de M. Gulben
Kian, le nouveau propriétaire de ce chef-
d'œuvre, l'offre gracieuse d'un prêt dont la
durée minima sera de deux années. Le Lou-
vre, qui a déjà donné l'hospitalité à des
œuvres déposées dans ses salles, a accueilli
avec reconnaissance l'œuvre de M. Gulben
Kian, et la Flore a pris place cette semaine
dans la salle Carpeaux.

M. Marcel Bing, se souvenant qu'il était
demeuré attaché au musée du Louvre pen-
dant plusieurs années, a tenu à faire don
do quelques objets importants de la collec-
tion d'art japonais de son père, vendue cette
semaine.

Il a donc offert au musée deux très impor-
tantes peintures japonaises : un petit paravent
où se trouvent reproduits sur deux feuilles
quelques-uns des objets familiers d'un inté-
rieur japonais, deux vasques chargées do
gerbes de fleurs, une caille encagée, un ta-
bouret du haut duquel un chat guette deux
souris, peinture charmante et spirituelle du
xvn" siècle, — et une superbe figure de femme,