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LA CHRONIQUE DES ARTS
#*# Un de nos compatriotes établi à Mos-
cou, M. Alexandre Brocard, vient de faire
don au musée de Versailles d'une toile repré-
sentant Louis XIV jeune, présidant une réu-
nion de personnages vêtus de noir, parmi
lesquels figurent de nombreux portraits. Ce
tableau, d'une exécution remarquable, repré-
senterait, selon M. de Nolhac, la rédaction de
l'ordonnance pour la réforme delà justice, qui
a été un des actes les plus importants de la
première période du grand règne.
Cette œuvre va prendre place dans la nou-
velle salle Louis XIV, qui doit prochainement
s'ouvrir à Versailles.
**# Tous les objets d'art ayant figuré
autrefois à la Malmaison et qui sont ac-
tuellement au château d'Arenenberg, notam-
ment le lit où est morte la reine Hortense,
viennent d'être offerts par l'impératrice Eu-
génie au château de la Malmaison, où l'on
vient de commencer les travaux de restaura-
tion de la chambre de l'impératrice Joséphine
et du salon doré. Ces deux pièces seront ou-
vertes le mois prochain au public.
**# La galerie des plans-reliefs des places
de guerre sera ouverte au public, à l'hôtel
des Invalides, les dimanches, mardis et jeudis,
de midi â quatre heures, à partir du 1er juin,
jusqu'au 31 juillet 19GK5. On accède à cette
galerie par le portique Est de la cour d'hon-
neur, le corridor de Metz et l'escalier K.
*** La commission du Vieux-Paris a ré-
cemment émis, entre autres vœux, que, au
lieu d'ajouter une arche de fer au pont Notre-
Dame, qu'ilest question de reconstruire, on le
continue en bâtissant une autre arche de
pierre, afin de conserver l'harmonie de son
ensemble et ne pas commettre d'anachro-
nisme par ce mélange.
Elle a demandé également que la chapelle
construite sons Louis XVI, dans le couvent
des Filles de Saint-Michel, rue Saint Jacques,
soit conservée dans les nouveaux bâtiments
qui seront élevés sur l'emplacement de ce
couvent pour y installer un institut chi-
mique.
De plus, elle a émis l'avis que la façade de
la Chambre des députés soit conservée lors de
la construction de la nouvelle Chambre.
*** La Société d'Encouragement à l'Art et
à l'Industrie, à l'occasion de sa reconnais-
sance comme établissement d'utilité publique,
a créé deux primes d'encouragement, de 300
francs chacune, devant être décernées chaque
année à deux artistes ayant exposé dans la
section des Arts décoratifs, l'un "au Salon de
la Société des Artistes Français, l'autre au
Salon delà Société Nationale des Beaux-Arts.
Les candidats doivent être Français, avoir
moins de trente-deux ans à ce jour, et adres-
ser avant le 25 mai, au siège social de la
Société, 10, rue Royale, leur demande accom-
pagnée d'un bulletin de naissance.
Les primes seront attribuées à un objet
d'usage courant et le jury sera nommé moitié
par la Société d'Encouragement à l'Art et à
l'Industrie, moitié parla Société des Artistes
Français ou par la Société Nationale des
Beaux-Arts.
ijs** Interrompues par l'hiver, les fouilles
du plateau d'Alésia, annoncent les Débals, ont
été reprises la semaine dernière. Dès les pre-
miers jours elles viennent de donner les ré-
sultats les plus intéressants.
On a mis la pioche dans une pièce rectan-
gulaire qui semble être un atelier de forgeron.
On y a trouvé un amas considérable de fer-
raille, burins, outils, ustensiles de ménage,
une chaîne de fer, des feuilles de plomb, plu-
sieurs morceaux de bronze. Dans cet amas de
ferraille sont de nombreuses hipposandales,
et c'est là une découverte importante. Les
archéologues, en effet, discutent encore sur la
question de savoir si les Gaulois et les Ro-
mains ferraient leurs chevaux ; la découverte
qui vient d'être faite au Mont-Auxois donne
la certitude que, à Alésia, dès l'époque ro-
maine, on ferrait les chevaux.
Mais la trouvaille la plus importante de
la dernière semaine est celle de deux bron-
zes : une statuette de Mercure et un Silène
en médaillon, ce dernier de toute beauté.
Outre leur valeur propre, ces derniers objets
ont une grande importance au point de vue
du succès futur des fouilles. Ils montrent que
la ville a été abandonnée précipitamment,
sans doute devant une invasion barbare, à la
fin du quatrième siècle après Jésus-Christ.
Dès lors, on doit s'attendre à retrouver, sous
la mince couche de terre qui recouvre la ville
détruite, de véritables trésors archéologiques.
Au Musée du Louvre
En dehors do l'importante et remarquable acqui-
sition que nous avions le plaisir d'annoncer il y a
huit jours (L'Homme au verre de vin de la cul-
leclion Wilezek) le département des peintures, au
Louvre, s'est enrichi en ces derniers temps d'un
certain nombre d'œuvres, intéressantes à divers
titres pour l'art français.
De Philippe Mercier, le peintre français du
xvm» siècle, qui a surtout vécu et séjourné en
Angleterre, imitant tour à tour Watteau ou Char-
din, le Louvre a recueilli une curieuse peinture
signée Le SégiustateuT, représentant un jeune
garçon au teint fiais, aux yeux bleu clair, on vête-
ment vert pomme, un trousseau Ce clefs à la cein-
ture, accoudé du bras droit sur un tonneau et
levant en l'air un verre de vin rouge, tandis que
du bras gauche il tient appuyée contre sa poitrine
une fiasque cerclée de paille. C'est un rare et pré-
cieux document à joindre au petit Kscamoleur de
la collection La Cazc, tableau non ùgné, mais
dont la paternité a été très justement reconnue et
pi'LUvée par la gravure où Mercier se montre à
nous comme imitateur do Walteau. Ici, c'est, au
contraire, Chardin dont il suit agréablement les
traces, avec une nuance et un cachet spécial, de
goût semi-anglais.
Deux intéressants portraits sont venus, de plus,
très heureusement se joindre au groupe d'œuvres
| de Théodore Chassôriuu déjà conservées au Lou-
LA CHRONIQUE DES ARTS
#*# Un de nos compatriotes établi à Mos-
cou, M. Alexandre Brocard, vient de faire
don au musée de Versailles d'une toile repré-
sentant Louis XIV jeune, présidant une réu-
nion de personnages vêtus de noir, parmi
lesquels figurent de nombreux portraits. Ce
tableau, d'une exécution remarquable, repré-
senterait, selon M. de Nolhac, la rédaction de
l'ordonnance pour la réforme delà justice, qui
a été un des actes les plus importants de la
première période du grand règne.
Cette œuvre va prendre place dans la nou-
velle salle Louis XIV, qui doit prochainement
s'ouvrir à Versailles.
**# Tous les objets d'art ayant figuré
autrefois à la Malmaison et qui sont ac-
tuellement au château d'Arenenberg, notam-
ment le lit où est morte la reine Hortense,
viennent d'être offerts par l'impératrice Eu-
génie au château de la Malmaison, où l'on
vient de commencer les travaux de restaura-
tion de la chambre de l'impératrice Joséphine
et du salon doré. Ces deux pièces seront ou-
vertes le mois prochain au public.
**# La galerie des plans-reliefs des places
de guerre sera ouverte au public, à l'hôtel
des Invalides, les dimanches, mardis et jeudis,
de midi â quatre heures, à partir du 1er juin,
jusqu'au 31 juillet 19GK5. On accède à cette
galerie par le portique Est de la cour d'hon-
neur, le corridor de Metz et l'escalier K.
*** La commission du Vieux-Paris a ré-
cemment émis, entre autres vœux, que, au
lieu d'ajouter une arche de fer au pont Notre-
Dame, qu'ilest question de reconstruire, on le
continue en bâtissant une autre arche de
pierre, afin de conserver l'harmonie de son
ensemble et ne pas commettre d'anachro-
nisme par ce mélange.
Elle a demandé également que la chapelle
construite sons Louis XVI, dans le couvent
des Filles de Saint-Michel, rue Saint Jacques,
soit conservée dans les nouveaux bâtiments
qui seront élevés sur l'emplacement de ce
couvent pour y installer un institut chi-
mique.
De plus, elle a émis l'avis que la façade de
la Chambre des députés soit conservée lors de
la construction de la nouvelle Chambre.
*** La Société d'Encouragement à l'Art et
à l'Industrie, à l'occasion de sa reconnais-
sance comme établissement d'utilité publique,
a créé deux primes d'encouragement, de 300
francs chacune, devant être décernées chaque
année à deux artistes ayant exposé dans la
section des Arts décoratifs, l'un "au Salon de
la Société des Artistes Français, l'autre au
Salon delà Société Nationale des Beaux-Arts.
Les candidats doivent être Français, avoir
moins de trente-deux ans à ce jour, et adres-
ser avant le 25 mai, au siège social de la
Société, 10, rue Royale, leur demande accom-
pagnée d'un bulletin de naissance.
Les primes seront attribuées à un objet
d'usage courant et le jury sera nommé moitié
par la Société d'Encouragement à l'Art et à
l'Industrie, moitié parla Société des Artistes
Français ou par la Société Nationale des
Beaux-Arts.
ijs** Interrompues par l'hiver, les fouilles
du plateau d'Alésia, annoncent les Débals, ont
été reprises la semaine dernière. Dès les pre-
miers jours elles viennent de donner les ré-
sultats les plus intéressants.
On a mis la pioche dans une pièce rectan-
gulaire qui semble être un atelier de forgeron.
On y a trouvé un amas considérable de fer-
raille, burins, outils, ustensiles de ménage,
une chaîne de fer, des feuilles de plomb, plu-
sieurs morceaux de bronze. Dans cet amas de
ferraille sont de nombreuses hipposandales,
et c'est là une découverte importante. Les
archéologues, en effet, discutent encore sur la
question de savoir si les Gaulois et les Ro-
mains ferraient leurs chevaux ; la découverte
qui vient d'être faite au Mont-Auxois donne
la certitude que, à Alésia, dès l'époque ro-
maine, on ferrait les chevaux.
Mais la trouvaille la plus importante de
la dernière semaine est celle de deux bron-
zes : une statuette de Mercure et un Silène
en médaillon, ce dernier de toute beauté.
Outre leur valeur propre, ces derniers objets
ont une grande importance au point de vue
du succès futur des fouilles. Ils montrent que
la ville a été abandonnée précipitamment,
sans doute devant une invasion barbare, à la
fin du quatrième siècle après Jésus-Christ.
Dès lors, on doit s'attendre à retrouver, sous
la mince couche de terre qui recouvre la ville
détruite, de véritables trésors archéologiques.
Au Musée du Louvre
En dehors do l'importante et remarquable acqui-
sition que nous avions le plaisir d'annoncer il y a
huit jours (L'Homme au verre de vin de la cul-
leclion Wilezek) le département des peintures, au
Louvre, s'est enrichi en ces derniers temps d'un
certain nombre d'œuvres, intéressantes à divers
titres pour l'art français.
De Philippe Mercier, le peintre français du
xvm» siècle, qui a surtout vécu et séjourné en
Angleterre, imitant tour à tour Watteau ou Char-
din, le Louvre a recueilli une curieuse peinture
signée Le SégiustateuT, représentant un jeune
garçon au teint fiais, aux yeux bleu clair, on vête-
ment vert pomme, un trousseau Ce clefs à la cein-
ture, accoudé du bras droit sur un tonneau et
levant en l'air un verre de vin rouge, tandis que
du bras gauche il tient appuyée contre sa poitrine
une fiasque cerclée de paille. C'est un rare et pré-
cieux document à joindre au petit Kscamoleur de
la collection La Cazc, tableau non ùgné, mais
dont la paternité a été très justement reconnue et
pi'LUvée par la gravure où Mercier se montre à
nous comme imitateur do Walteau. Ici, c'est, au
contraire, Chardin dont il suit agréablement les
traces, avec une nuance et un cachet spécial, de
goût semi-anglais.
Deux intéressants portraits sont venus, de plus,
très heureusement se joindre au groupe d'œuvres
| de Théodore Chassôriuu déjà conservées au Lou-