ET DE LA CURIOSITE
175
phie des lïeux et introduit des portraits dans les
groupes. Certaines de ces toiles eurent des succès
retentissants aux Salons de l'Empire et de la Res-
tauration ; le public s'écrasait devant l'Arrivée du
grand convoi à Satinas en Biscaye au Salon de
1819. Les portraits de la famille Bonaparte sont
restés à leur place ancienne, mais la salle a gagné
un meilleur aspect, grâce à l'addition de belles
consoles ornées do bronzes. C'est aux petits cabi-
nets, en retour sur les cours intérieures, que les
amateurs goûteront le meilleur régal ; ils y retrou-
veront la série justement célèbre des esquisses do
Gérard, les deux admirables dessins d'Isabey :
Visite de Napoléon aux Manufactures de Rouen
et de Jouy, une réplique du portrait du Pape de
David, enfin les crayons d'un réalisme parfois si
imprévu, par lesquels A. Dutcrtre nous garde les
images sincères et brutales des officiel s de l'armée
d'Egypte.
Au delà du passage qui relie ces salles à l'attique
du Midi, on aperçoit une vaste toile panoramique
représentant l'entrée du corlégo impérial au jar-
din des Tuileries, le jour du mariage do l'Empe-
reur, le 2 avril 1810, œuvre contemporaine exposée
au Salon do la même année par Ét.-B. Garnier et
qui est amusante par le pittoresque des costumes
fidèlement reproduits; en face, une admirable
esquisse de Gros : Napoléon décorant des artistes
au Salon de 180/!, d'une tonalité délicate et harmo-
nieuse, est pour la connaissance du talent du peintre
un document de premier ordre. Une grande salle
est consacrée aux dignitaires de l'Empire : maré-
chaux en costume do cour ou do bataille, ministies
entourant le maître revêtu des insignes impériaux.
La peinture officielle do l'Empire est tristement
appréciée d'après ces effigies prétentieuses et vides,
mais l'historien se plaira à retrouver les images
sincères, bien que médiocres, d'hommes qui ont
joué un rôle si éclatant.
La Restauration est représentée par de grands
portraits officiels de Paulin Guériu et de Gérard
vieillissant et par quelques toiles anecdotiques
curieuses, ainsi Louis XVIII assistant du balcon
des Tuileries au retour de Vannée d'Espagne,
par Ducis ; La Mort du duc de Berry, do
Menjaud. Aux journées de 18t0 se termine cette
calle; à côté des tableaux sur les « trois glorieuses »
déjà connus, on remarquera L'Attaque de la
caserne de la rue de Babylone, le 29 juillet 1830,
toile d'un peintre oublié, A. Lordon, exposée au
Salon de 1831, d'une couleur brutale mais poignante
par son réalisme sincère. Là s'arrête actuellement
la réorganisation des collections ; le règne de Louis-
Philippe, abondamment représenté au musée, n'est
puint terminé, il est fâcheux que des œuvres char-
mantes de Heiiu, Isaboy, Lami, attendent ainsi
longtemps encore. Quelques mètres do muraille
suffiraient à leur exposition, mais la galerie n'est
point restaurée en totalité, c'est une question de
crédit et do budget...
La pièce qui s'ouvre sur le cabinet de Madame
de Maintenon, jadis occupée par les Batailles de
Lami, transportées ailleurs, contient actuellement
les plus beaux portraits du xvu" siècle, maintenant
bien connus depuis leur installation en cette partie
du musée en 1904 (1) : le Mignard de Rigaud, le
(I) Voir l'article de la Chronique, 190i, p. 224-
225. — Une simple remarque : le portrait de Tous-
saint Rose ne serait-il pas celui exposé au Salon
Colbert de Villacerf de Mignard) les Keller de
Rigaud, le Mansart de J.-Fr. de Troy, le Coysevo.v
d'Allou, le Tliieriy do Largillière, le Duc d'Antin
d'après Rigaud... Dans les pièces voisines, des
portraits ont été replacés, que le visiteur attentif
découvrira aisément; ainsi, presque tous les
tableaux do valeur représentant des personnages
du règne de Louis XIV seront désormais exposés.
L'on sait que M. Dujardin-Beaumetz avait pro-
mis de faire replacer dans des palais nationaux, et
particulièrement à Versailles, des tapisseries du
Garde-meuble. Ces promesses viennent d'être en
partie réalisées. Deux salons des grands apparte-
ments: le Salon do Mercure et le Salon do la Reine,
ont été tendus de tentures de « l'Histoire du Roi »,
tandis que la chambre de la Reine était ornée
d'une admirable pièce de l'Histoire d'Esther, et
l'alcôve de la chambre de Louis XV, décorée de
trois sujets do Don Quichotte, œuvres de l'atelier
de Cozette, en 1750-1752.
L'on espère que d'autres tapisseries viendront
bientôt remplacer les cartons de peinture aux
teintes tristes, opaques et lourdes. Le travail sera
continué dès que le Garde-meuble sera en mesure
de livrer de nouveaux Gobelins ; il appartiendra en
même temps à la Conservation du musée do trou-
ver le moyen d'exposer les modèles qui ne furent
point traduits en tapisseries, ou dont les tentures
ne seront pas apportées au château.
B.
Les Récompenses du Salon
de la Société des Artistes français
MÉDAILLES D'HONNEUR
Peinture. — La médaille d'honneur a été décer-
née, au troisième tour de scrutin, par 228 suffra-
ges sur 426 votants, à M. Georges Rochegrosse,
pour son tableau La Joie rouge.
Sculpture. — La médaille d'honneur a été attri-
buée au second tour de scrutin, par 109 voix sur
231 votants, à M. Antonin Cariés, auteur du Mo-
nument du commandant lleriot et d'un Départ
pour la chasse, statue en marbre.
M. Georges Bareau, autour de la Vision du poète
(monument à Victor Hugo), et d'un Réveil de
l'humanité, statue en marbre, ayant obtenu 83
suffrages, c'est-à-dire plus du tiers des suffrages
exprimés, ses partisans, conformément au règle-
ment en vigueur pour les sculpteurs, ont réclamé
qu'une seconde médaille d'honneur lui fût attri-
buée. La question a été portée devant le Comité.
Architecture. — La médaille d'honneur a été
décernée à M. Jules-Alexandre Godefroy, par 45
voix sur 84 votants, pour sa Préfecture de la
Haute-Vienne.
Gravure et lithographie. — La médaille d'hon-
neur a été décernée, au second tour de scrutin, par
40 suffrages sur 04 votants, à M. Victor-Louis
Focillon, auteur d'une eau-forte d'après l'Hommage
à Delacroix de Fantin-Latour.
de 1699 par François de Troy sous cette mention
du catalogue : M. le Président Rose, secrétaire du
Cabinet du Roi ?
175
phie des lïeux et introduit des portraits dans les
groupes. Certaines de ces toiles eurent des succès
retentissants aux Salons de l'Empire et de la Res-
tauration ; le public s'écrasait devant l'Arrivée du
grand convoi à Satinas en Biscaye au Salon de
1819. Les portraits de la famille Bonaparte sont
restés à leur place ancienne, mais la salle a gagné
un meilleur aspect, grâce à l'addition de belles
consoles ornées do bronzes. C'est aux petits cabi-
nets, en retour sur les cours intérieures, que les
amateurs goûteront le meilleur régal ; ils y retrou-
veront la série justement célèbre des esquisses do
Gérard, les deux admirables dessins d'Isabey :
Visite de Napoléon aux Manufactures de Rouen
et de Jouy, une réplique du portrait du Pape de
David, enfin les crayons d'un réalisme parfois si
imprévu, par lesquels A. Dutcrtre nous garde les
images sincères et brutales des officiel s de l'armée
d'Egypte.
Au delà du passage qui relie ces salles à l'attique
du Midi, on aperçoit une vaste toile panoramique
représentant l'entrée du corlégo impérial au jar-
din des Tuileries, le jour du mariage do l'Empe-
reur, le 2 avril 1810, œuvre contemporaine exposée
au Salon do la même année par Ét.-B. Garnier et
qui est amusante par le pittoresque des costumes
fidèlement reproduits; en face, une admirable
esquisse de Gros : Napoléon décorant des artistes
au Salon de 180/!, d'une tonalité délicate et harmo-
nieuse, est pour la connaissance du talent du peintre
un document de premier ordre. Une grande salle
est consacrée aux dignitaires de l'Empire : maré-
chaux en costume do cour ou do bataille, ministies
entourant le maître revêtu des insignes impériaux.
La peinture officielle do l'Empire est tristement
appréciée d'après ces effigies prétentieuses et vides,
mais l'historien se plaira à retrouver les images
sincères, bien que médiocres, d'hommes qui ont
joué un rôle si éclatant.
La Restauration est représentée par de grands
portraits officiels de Paulin Guériu et de Gérard
vieillissant et par quelques toiles anecdotiques
curieuses, ainsi Louis XVIII assistant du balcon
des Tuileries au retour de Vannée d'Espagne,
par Ducis ; La Mort du duc de Berry, do
Menjaud. Aux journées de 18t0 se termine cette
calle; à côté des tableaux sur les « trois glorieuses »
déjà connus, on remarquera L'Attaque de la
caserne de la rue de Babylone, le 29 juillet 1830,
toile d'un peintre oublié, A. Lordon, exposée au
Salon de 1831, d'une couleur brutale mais poignante
par son réalisme sincère. Là s'arrête actuellement
la réorganisation des collections ; le règne de Louis-
Philippe, abondamment représenté au musée, n'est
puint terminé, il est fâcheux que des œuvres char-
mantes de Heiiu, Isaboy, Lami, attendent ainsi
longtemps encore. Quelques mètres do muraille
suffiraient à leur exposition, mais la galerie n'est
point restaurée en totalité, c'est une question de
crédit et do budget...
La pièce qui s'ouvre sur le cabinet de Madame
de Maintenon, jadis occupée par les Batailles de
Lami, transportées ailleurs, contient actuellement
les plus beaux portraits du xvu" siècle, maintenant
bien connus depuis leur installation en cette partie
du musée en 1904 (1) : le Mignard de Rigaud, le
(I) Voir l'article de la Chronique, 190i, p. 224-
225. — Une simple remarque : le portrait de Tous-
saint Rose ne serait-il pas celui exposé au Salon
Colbert de Villacerf de Mignard) les Keller de
Rigaud, le Mansart de J.-Fr. de Troy, le Coysevo.v
d'Allou, le Tliieriy do Largillière, le Duc d'Antin
d'après Rigaud... Dans les pièces voisines, des
portraits ont été replacés, que le visiteur attentif
découvrira aisément; ainsi, presque tous les
tableaux do valeur représentant des personnages
du règne de Louis XIV seront désormais exposés.
L'on sait que M. Dujardin-Beaumetz avait pro-
mis de faire replacer dans des palais nationaux, et
particulièrement à Versailles, des tapisseries du
Garde-meuble. Ces promesses viennent d'être en
partie réalisées. Deux salons des grands apparte-
ments: le Salon do Mercure et le Salon do la Reine,
ont été tendus de tentures de « l'Histoire du Roi »,
tandis que la chambre de la Reine était ornée
d'une admirable pièce de l'Histoire d'Esther, et
l'alcôve de la chambre de Louis XV, décorée de
trois sujets do Don Quichotte, œuvres de l'atelier
de Cozette, en 1750-1752.
L'on espère que d'autres tapisseries viendront
bientôt remplacer les cartons de peinture aux
teintes tristes, opaques et lourdes. Le travail sera
continué dès que le Garde-meuble sera en mesure
de livrer de nouveaux Gobelins ; il appartiendra en
même temps à la Conservation du musée do trou-
ver le moyen d'exposer les modèles qui ne furent
point traduits en tapisseries, ou dont les tentures
ne seront pas apportées au château.
B.
Les Récompenses du Salon
de la Société des Artistes français
MÉDAILLES D'HONNEUR
Peinture. — La médaille d'honneur a été décer-
née, au troisième tour de scrutin, par 228 suffra-
ges sur 426 votants, à M. Georges Rochegrosse,
pour son tableau La Joie rouge.
Sculpture. — La médaille d'honneur a été attri-
buée au second tour de scrutin, par 109 voix sur
231 votants, à M. Antonin Cariés, auteur du Mo-
nument du commandant lleriot et d'un Départ
pour la chasse, statue en marbre.
M. Georges Bareau, autour de la Vision du poète
(monument à Victor Hugo), et d'un Réveil de
l'humanité, statue en marbre, ayant obtenu 83
suffrages, c'est-à-dire plus du tiers des suffrages
exprimés, ses partisans, conformément au règle-
ment en vigueur pour les sculpteurs, ont réclamé
qu'une seconde médaille d'honneur lui fût attri-
buée. La question a été portée devant le Comité.
Architecture. — La médaille d'honneur a été
décernée à M. Jules-Alexandre Godefroy, par 45
voix sur 84 votants, pour sa Préfecture de la
Haute-Vienne.
Gravure et lithographie. — La médaille d'hon-
neur a été décernée, au second tour de scrutin, par
40 suffrages sur 04 votants, à M. Victor-Louis
Focillon, auteur d'une eau-forte d'après l'Hommage
à Delacroix de Fantin-Latour.
de 1699 par François de Troy sous cette mention
du catalogue : M. le Président Rose, secrétaire du
Cabinet du Roi ?