MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
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prenait grand soin que rien ne leur manquât, fallût-il que les offices de son paiais eussent
grandement à souffrir de sa générosité*.
On me pardonnera, je l'espère, ces détails, qui peuvent servir à nous expliquer la richesse
de notre monument. En dehors du jubilé, nul homme au monde, excepté un prince régnant,
ne pouvait voir autre chose que l'extérieur de la châsse. Son aspect devait répondre au prix du
dépôt qu'elle renfermait. On en peut conclure que l'on n'aura laissé à l'heureux maître chargé
d'exécuter le chef-d'œuvre d'autres entraves que les limites de son génie et celles des procé-
dés de son art : enfin, comme cet artiste a nécessairement été choisi parmi les plus habiles, il
résulte que nous avons devant les yeux le dernier mot de l'orfèvrerie à une époque donnée.
Mais quelle est cette époque?
IV.
ÉPOQUE DU MONUMENT — SA DESCRIPTION.
Dans tout ce que l'on a écrit sur Aix je ne trouve qu'un seul document qui puisse jeter
quelque lumière sur l'époque de la châsse? Encore dois-je avouer que nul n'a songé jusqu'ici
à en tirer ce parti. Aussi prendrai-je soin, en donnant ma version, de mettre le lecteur à même de
la contrôler au moyen du texte. Ce document, publié par l'abbé Quix s, est un édit de Frédéric H,
à la date de 1220. L'empereur y rappelle l'obligation pour le prévôt d'Aix de pourvoir sur les
revenus de sa prévôté à la réparation des fenêtres, au renouvellement des livres tombant de
vétusté et à la parfaite conservation des de l'église. Il rappelle en même temps les gra-
ves pertes que l'église a eues plusieurs fois à souffrir en ce genre par la négligence du prévôt et
des siens, et il ajoute : « Désirant donc prévenir les dommages de la même église, et pourvoir
à ses intérêts, nous avons réglé, du consentement du prévôt, notre fidèle Othon, et du chapitre
d'Aix, qu'il aurait droit de prendre la totalité des offrandes déposées dans le tronc qui est placé
devant le parvis, tant que l'on travaillera à la cMysc (?) qui se construit en l'honneur de la
bienheureuse Vierge; et que, cette affaire une fois terminée, la moitié des fonds appar-
tiendra au prévôt, l'autre moitié à l'église. "
* Eginhard^ ap. Duch. T. II, p. 101. Amabat peregrinos et
corum suscipiendorum magnam habebat curant, adeo ut connu
multitude non soium paiatio, verum ctiam regno non immerito
videretur onerosa ; ipse tamen præ magnitudine animi hujus-
modi pondéré minime gravabatur cum etiam ingentia incom-
moda iaude iiberaiitatis ac bonæ famæ mercede compensaret.
2 Gesch. d. stadt Aachen, 11, Ccd. dfptow, p. 95. K Frcde-
ricus, divina favente clementia Roman. Rcx semper Augustus
et rex Siciiie. — Notum sit omnibus présentent paginant in-
specturis, quod cum prepositus aquen., quicumque fuit, bac-
tenus pro temporc ad fenestrarum ccciesie aquen. repara-
tionem, ad iibrorum, qui usu deperirent, innovationcm, ad
conservationcm omnimodam oilicinarum de suc prcpositurc
proventibus tcncrctur, et ex negiigentia prepositi et suorum
contigerit piurics cccicsiam in oilicinis suis gravent sustincrc
jacturam, Nos ejusdum ecciesie desiderantes indemnitatem
cavcre et utiiitati prospicere, de consensu iidelis nostri Ottonis
prepositi et capituii aquen. Statuimus, ut ad instaurationem
trunci ante Paravisum iocati, quamdiu Cap.sa ad iaudem Bte
Virginis fahricatur, percipiat; qua perfectamedietas preposito,
reiiqua vero medictas ecciesie cédât ex integro. Quod si
forte obiationes respeetu ejus valoris, cujus nunc sunt, adeo
contingat ntinorari, ut eadem prenominata medictas non suffi -
ciat, dictus prepositus vei ejus successor oblationi, que pro
tempore proveniet, de suo tantum adjiciat, ut eccicsia secun-
dum Deum conservetur indettntis. Ut igitur hcc nostra consti
tutio et inconvuisa permaneat et rata, presentem paginant inde
conscriptam sigiüi nostti impressione facimus communiri. Da
tum apud Frankcnfort, anno Uni 1220 . 13 Kai. januarii. «
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prenait grand soin que rien ne leur manquât, fallût-il que les offices de son paiais eussent
grandement à souffrir de sa générosité*.
On me pardonnera, je l'espère, ces détails, qui peuvent servir à nous expliquer la richesse
de notre monument. En dehors du jubilé, nul homme au monde, excepté un prince régnant,
ne pouvait voir autre chose que l'extérieur de la châsse. Son aspect devait répondre au prix du
dépôt qu'elle renfermait. On en peut conclure que l'on n'aura laissé à l'heureux maître chargé
d'exécuter le chef-d'œuvre d'autres entraves que les limites de son génie et celles des procé-
dés de son art : enfin, comme cet artiste a nécessairement été choisi parmi les plus habiles, il
résulte que nous avons devant les yeux le dernier mot de l'orfèvrerie à une époque donnée.
Mais quelle est cette époque?
IV.
ÉPOQUE DU MONUMENT — SA DESCRIPTION.
Dans tout ce que l'on a écrit sur Aix je ne trouve qu'un seul document qui puisse jeter
quelque lumière sur l'époque de la châsse? Encore dois-je avouer que nul n'a songé jusqu'ici
à en tirer ce parti. Aussi prendrai-je soin, en donnant ma version, de mettre le lecteur à même de
la contrôler au moyen du texte. Ce document, publié par l'abbé Quix s, est un édit de Frédéric H,
à la date de 1220. L'empereur y rappelle l'obligation pour le prévôt d'Aix de pourvoir sur les
revenus de sa prévôté à la réparation des fenêtres, au renouvellement des livres tombant de
vétusté et à la parfaite conservation des de l'église. Il rappelle en même temps les gra-
ves pertes que l'église a eues plusieurs fois à souffrir en ce genre par la négligence du prévôt et
des siens, et il ajoute : « Désirant donc prévenir les dommages de la même église, et pourvoir
à ses intérêts, nous avons réglé, du consentement du prévôt, notre fidèle Othon, et du chapitre
d'Aix, qu'il aurait droit de prendre la totalité des offrandes déposées dans le tronc qui est placé
devant le parvis, tant que l'on travaillera à la cMysc (?) qui se construit en l'honneur de la
bienheureuse Vierge; et que, cette affaire une fois terminée, la moitié des fonds appar-
tiendra au prévôt, l'autre moitié à l'église. "
* Eginhard^ ap. Duch. T. II, p. 101. Amabat peregrinos et
corum suscipiendorum magnam habebat curant, adeo ut connu
multitude non soium paiatio, verum ctiam regno non immerito
videretur onerosa ; ipse tamen præ magnitudine animi hujus-
modi pondéré minime gravabatur cum etiam ingentia incom-
moda iaude iiberaiitatis ac bonæ famæ mercede compensaret.
2 Gesch. d. stadt Aachen, 11, Ccd. dfptow, p. 95. K Frcde-
ricus, divina favente clementia Roman. Rcx semper Augustus
et rex Siciiie. — Notum sit omnibus présentent paginant in-
specturis, quod cum prepositus aquen., quicumque fuit, bac-
tenus pro temporc ad fenestrarum ccciesie aquen. repara-
tionem, ad iibrorum, qui usu deperirent, innovationcm, ad
conservationcm omnimodam oilicinarum de suc prcpositurc
proventibus tcncrctur, et ex negiigentia prepositi et suorum
contigerit piurics cccicsiam in oilicinis suis gravent sustincrc
jacturam, Nos ejusdum ecciesie desiderantes indemnitatem
cavcre et utiiitati prospicere, de consensu iidelis nostri Ottonis
prepositi et capituii aquen. Statuimus, ut ad instaurationem
trunci ante Paravisum iocati, quamdiu Cap.sa ad iaudem Bte
Virginis fahricatur, percipiat; qua perfectamedietas preposito,
reiiqua vero medictas ecciesie cédât ex integro. Quod si
forte obiationes respeetu ejus valoris, cujus nunc sunt, adeo
contingat ntinorari, ut eadem prenominata medictas non suffi -
ciat, dictus prepositus vei ejus successor oblationi, que pro
tempore proveniet, de suo tantum adjiciat, ut eccicsia secun-
dum Deum conservetur indettntis. Ut igitur hcc nostra consti
tutio et inconvuisa permaneat et rata, presentem paginant inde
conscriptam sigiüi nostti impressione facimus communiri. Da
tum apud Frankcnfort, anno Uni 1220 . 13 Kai. januarii. «