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Cahier, Charles; Martin, Arthur
Mélanges d'archéologie, d'histoire et de littérature (Band 1,1): Collection de mémoires sur l'orfévrerie ... : 1 — Paris, 1849

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https://doi.org/10.11588/diglit.33560#0097
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SYMBOLISME EXTÉRIEUR DES ÉGLISES.

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ayant été pris comme indication des suppôts de l'enfer, magot a bientôt signifié un être
difforme et plus ou moins repoussant. Pourquoi ces magots ont pullulé sur les toits des églises,
nous l'avons dit ; quant à savoir si aujourd'hui il serait expédient de livrer aux du
moyen âge dans une église nouvellement construite toutes les places qui leur eussent été
dévolues au treizième siècle, ce n'est pas précisément la question. Imaginer quelque chose
de mieux,, ce sera un progrès ; mais ce n'en serait pas un de quitter l'ancienne pragmatique
parcequ'on n'en connaîtrait point les raisons, ou parceque, les appréciant mal, on les jugerait
puériles. Quoi qu'on puisse penser de la forme que revêtait cette leçon, le fond est une de ces
vérités que l'Écriture et la liturgie répètent chaque jour au chrétien pour l'exciter à se tenir
sans cesse sur ses gardes * ; savoir que tout nous est piège hors de la voie tracée par l'Église,
et que les œuvres même de Dieu peuvent être tournées en armes contre nous entre les mains
de l'ennemi si nous ne cherchons dans les secours de la Grâce une défense quotidienne contre
les périls que recèle la nature elle-même. L'art alors,—noble mission,, depuis bien oubliée,—
se proposait d'être pour l'humanité le contrepoids de cette pente qui nous entraîne à oublier le
monde supérieur dans la fascination de ce qui frappe nos sens ; comme l'Église, il visait à faire
des choses visibles un marchepied pour élever l'homme à l'invisible. Que les artistes futurs
inventent des moyens meilleurs ou plus appropriés aux esprits sur lesquels ils ont à agir,, rien
de mieux ; mais quant au but de leurs prédécesseurs, qu'ils sachent que l'art ne peut y re-
noncer sans s'amoindrir et déchoir.
Passons plus avant.
Si un symbolisme grave et appuyé par l'Écriture sainte a régi sur les toits même des églises
des détails presque imperceptibles, où l'on consentirait assez volontiers à ne voir que les fan-
taisies d'une ornementation capricieuse, que faudra-t-il penser des grands membres de l'édi-
fice lui-même et de la destination affectée à chacun d'eux? C'est bien ici que l'arbitraire a dû
être écarté. Les esprits mûrs se le persuadent par un irrésistible instinct; et si l'on est animé
de la.foi qui a remué ces montagnes., on pressent avant toute démonstration que certaines lois
réglaient le soulèvement et la configuration de leurs diverses parties. Déterminer ces lois, c'est
l'affaire de l'étude ; mais affirmer % qu'il en existait, c'est le cri d'un sentiment chrétien
qui entend les hommes et les choses du temps passé. Aussi monseigneur l'évêque de Strasbourg,
ayant à déterminer le choix de sujets pour les vitraux destinés au transsept méridional de sa
cathédrale, faisait-il récemment à l'un de nous l'honneur de lui demander quelles peintures
devaient ou pouvaient prendre place en ce lieu. C'était avoir bien aperçu que, dans les gran-
des œuvres de nos aïeux, le soin de coordonner les détails accompagnait la force de faire
! L'oincc divin, surtout celui du soir, et les diverses forum- comme du même pas dans le soin de rappeler au chrétien la
les d'exorcisme ou de prières qu'emploie l'Église dans la guerre qu'il lui faut soutenir, et pour laquelle il doit demeurer
Dedicace montrent bien que l'art et la liturgie marchaient constamment sous les armes.
 
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