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Cahier, Charles; Martin, Arthur
Mélanges d'archéologie, d'histoire et de littérature (Band 1,1): Collection de mémoires sur l'orfévrerie ... : 1 — Paris, 1849

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https://doi.org/10.11588/diglit.33560#0133
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DIVERS MONUMENTS D ORFÈVRERIE.

113

(PLANCHE XIX.)
L'ACNUS DEI DE CHARLEMAGNE.
11 est aisé de voir que la monstrance D. E. F. recouvre un agnus Dei: or, d'après la tradi-
tion d'Aix, celui dont il s'agit ici ne serait rien moins qu'un don de S. Léon 111 à Charlemagne.
Si cette tradition est trop vague pour inspirer une entière confiance, du moins ne repose-
t-elle sur rien d'impossible. Sans m'étendre ici comme j'aimerais à le faire sur l'antiquité
tout à fait primitive du symbole de l'agneau dans l'Église, celle des ALymus Dca' en cire, bénits
avec des cérémonies particulières par les souverains Pontifes dans la semaine sainte, et dis-
tribués par eux à la fin de la semaine de Pâques, remonte, d'après les plus graves critiques, aux
premiers siècles du christianisme*. Dès lors avait lieu le samedi saint la bénédiction du cierge
pascal, symbole de la résurrection. En consacrant le nouveau cierge on brisait l'ancien, et
ses fragments marqués de l'empreinte de l'agneau se distribuaient au peuple en souvenir de la
Pâque. On les remettait surtout aux nouveaux baptisés pour remplacer les bulles que les
païens faisaient porter à leurs enfants, soit sous une forme obscène, pour éloigner d'eux les
maléfices, selon Varron, soit sous la forme d'un cœur pour leur insinuer „ selon Macrobe, le
courage viril. Ainsi les nouveaux-nés de l'église, mor/e , devaient-ils voir
dans l'agneau de Dieu leur protecteur et leur modèle. Notre Dca' en cire se trouvant
invisible, nous ne pouvons parler que de l'agneau pascal de la ciselure, ouvrage du quin-
zième siècle. Ici, comme presque toujours depuis les temps carlovingiens, l'agneau pascal
porte le nimbe divin,, car il représente celui dont le précurseur disait : Voilà l'agneau de
Dieu qui efface les péchés du monde. Il est debout, car s'il a été immolé, il a triomphé de la
mort; il porte la tête élevée comme celle d'un vainqueur, et regarde derrière lui en marchant
pour voir s'il est suivi de ceux qu'il aime; de la droite il tient son étendard: la croix, signe de
ralliement et sauvegarde des élus ; ainsi s'avance-t-il sous de joyeux ombrages, ceux des col-
lines éternelles où il attendra les élus. On lit autour du médaillon :
AGNE DEI, MISERERE NOSTRI QUI CRIMINA TOLLIS.
La victoire retracée d'un côté par le symbole est exprimée de l'autre par le mystère, Jésus-
Christ sort de sa tombe. De son corps transfiguré jaillissent, comme au Thabor, des rayons
de gloire; ses yeux élevés vers le ciel indiquent son retour vers son père, et l'étendard qu'il
soutient rappelle les droits de ses souffrances. En quittant la terre, il pense encore aux
* ecc/eL, Barcnii, cd l'agi, ad Ann. 58, N. Rotna, 1586.—Baidassari, Depù'A^MDe^poM-
I.XX^I. — Bonardo, ^cnexia, 171A, etc.
 
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