CRUCIFIX DE LOTHAIRE. PI. XXXII.
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Grecs se sont bornés fréquemment aux sigles bien connues IG XC, qui n'indiquent que ie
nom de notre Seigneur. *
18. Après ce que nous venons de dire, on comprendra plus aisément, et quelques-uns des
motifs que peuvent alléguer les Grecs pour appuyer leurs assertions sans cesse répétées sur
les trois ou quatre espèces de bois qu'ils font entrer dans la composition de la croix, et l'ori-
gine de cette forme orientale qui semble donner à la croix des croisillons doubles (cn?ûc
c/c C%7vw%ccdu etc.). Gomme dans cette manière de représenter
la croix, les croisillons supérieurs sont beaucoup plus petits que les bras proprement dits
comme on parlait autrefois), il n'est guère douteux que ce qui paraît une répé-
tition des %?vMne soit tout simplement l'écriteau, ou d'autant plus que, selon quelques
écrivains % ce serait l'inscription qui aurait fait reconnaître la croix du Sauveur entre celles
des larrons lorsque sainte Hélène les retrouva toutes trois à Jérusalem. L'Orient adopta cette
forme, qui se montre sur les monnaies byzantines au commencement du huitième siècle, et
y reparaît au milieu du neuvième pour longtemps. Vers la même époque on la retrouve sur
les pièces frappées par quelques chefs normands, soit que déjà la cour de Constantinople en-
tretînt un corps de Varangues danois ou saxons qui eussent fait connaître cette croix double
dans le Nord ; soit que ce fût tout simplement un emprunt fait aux bezants, bien connus des
pirates au onzième siècle. Le ménologe grec ^ représente ainsi l'instrument de notre saluh dans
la cérémonie de l'adoration publique de la croix; et le nom de Nc/tM/cnr* donne
lieu de penser que les croisés trouvèrent cette forme adoptée à Jérusalem. Aussi l'employa-
t-on fréquemment pour les croix à reliques X C'était comme un souvenir des croisades et de
la Palestine; et l'on pourrait expliquer ainsi l'apparition de ce signe sur plusieurs sceaux, ar-
moiries ou monnaies de l'Occident, à partir du treizième siècle, o
Cette double croix^ que les pèlerins latins avaient vue dans leurs courses en Grèce et en
Syrie, devint sans doute à leurs yeux une sorte d'insigne des grandes églises patriarcales
d'Orient ; et de là sera venue aux sièges latins qui avaient des prétentions au patriarchat, l'envie
NazareMas 7'eæ jM&eorMm forment toutes ensemble
l'inscription de la croix, selon l'intention de l'artiste; quoique
l'habile interprète de ce monument juge qu'il faut détacher
les quatre premiers mots pour les attribuer à une autre scène.
1 Sur l'abréviation grecque IHC, qui a passé de bonne heure
dans l'Église latine, cf. Vitraux de Bourges, n° 133 (p. 227).
2 Ambros. De oADa TAeodos., 45 (t. n, 1210, sq. ).—
Chrysostom., m Joann.^ homil. 85 (t. vm, 505).
^ T. i, p. 37.
Cf. Vitraux de Bourges, n" 48 (p. 89).
Luc. Tudensis, 4 cD. (p. 223 ) : K Siquis inintellectu
colligat aut verbis contcndat stipitem (cracfx) erectum in suæ
longitudinis medio habuissc lignum transversum in quo Salva-
toris manus fuerunt alhxæ, et in summitatc titulum superpo-
situm ubi nomen gloriæ erat scriptum, ut ad modum duorum
TAaa unum super aliud positum fuerit ; minime duxi resistere,
eo quod Ecclesia Christi quibusdam crucibus, in quibus ligni
dominici reliquias ponere maxime consuevit, banc servare
formant dignoscitur... Hanc ego crucis formant Rontæ in ma-
nibus gloriosi Patris Gregorii Papæ IX, cuttt multis millibus
hominum, videre et adorare nterui ; et in festo cœnæ dorni-
nicæ ab ipso Papa SS. bcnedici. "
Cf. A?ma/es nrcA&dcgdfyaas, t. v, 318, 327.
6 Les monnaies siciliennes avec la croix double sont beau-
coup plus anciennes. Mais les princes latins de Sicile affec-
tèrent d'imiter bien d'autres usages byzantins, soit pour ne
pas dépayser leurs sujets, soit pour braver les empereurs de
Constantinople.
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Grecs se sont bornés fréquemment aux sigles bien connues IG XC, qui n'indiquent que ie
nom de notre Seigneur. *
18. Après ce que nous venons de dire, on comprendra plus aisément, et quelques-uns des
motifs que peuvent alléguer les Grecs pour appuyer leurs assertions sans cesse répétées sur
les trois ou quatre espèces de bois qu'ils font entrer dans la composition de la croix, et l'ori-
gine de cette forme orientale qui semble donner à la croix des croisillons doubles (cn?ûc
c/c C%7vw%ccdu etc.). Gomme dans cette manière de représenter
la croix, les croisillons supérieurs sont beaucoup plus petits que les bras proprement dits
comme on parlait autrefois), il n'est guère douteux que ce qui paraît une répé-
tition des %?vMne soit tout simplement l'écriteau, ou d'autant plus que, selon quelques
écrivains % ce serait l'inscription qui aurait fait reconnaître la croix du Sauveur entre celles
des larrons lorsque sainte Hélène les retrouva toutes trois à Jérusalem. L'Orient adopta cette
forme, qui se montre sur les monnaies byzantines au commencement du huitième siècle, et
y reparaît au milieu du neuvième pour longtemps. Vers la même époque on la retrouve sur
les pièces frappées par quelques chefs normands, soit que déjà la cour de Constantinople en-
tretînt un corps de Varangues danois ou saxons qui eussent fait connaître cette croix double
dans le Nord ; soit que ce fût tout simplement un emprunt fait aux bezants, bien connus des
pirates au onzième siècle. Le ménologe grec ^ représente ainsi l'instrument de notre saluh dans
la cérémonie de l'adoration publique de la croix; et le nom de Nc/tM/cnr* donne
lieu de penser que les croisés trouvèrent cette forme adoptée à Jérusalem. Aussi l'employa-
t-on fréquemment pour les croix à reliques X C'était comme un souvenir des croisades et de
la Palestine; et l'on pourrait expliquer ainsi l'apparition de ce signe sur plusieurs sceaux, ar-
moiries ou monnaies de l'Occident, à partir du treizième siècle, o
Cette double croix^ que les pèlerins latins avaient vue dans leurs courses en Grèce et en
Syrie, devint sans doute à leurs yeux une sorte d'insigne des grandes églises patriarcales
d'Orient ; et de là sera venue aux sièges latins qui avaient des prétentions au patriarchat, l'envie
NazareMas 7'eæ jM&eorMm forment toutes ensemble
l'inscription de la croix, selon l'intention de l'artiste; quoique
l'habile interprète de ce monument juge qu'il faut détacher
les quatre premiers mots pour les attribuer à une autre scène.
1 Sur l'abréviation grecque IHC, qui a passé de bonne heure
dans l'Église latine, cf. Vitraux de Bourges, n° 133 (p. 227).
2 Ambros. De oADa TAeodos., 45 (t. n, 1210, sq. ).—
Chrysostom., m Joann.^ homil. 85 (t. vm, 505).
^ T. i, p. 37.
Cf. Vitraux de Bourges, n" 48 (p. 89).
Luc. Tudensis, 4 cD. (p. 223 ) : K Siquis inintellectu
colligat aut verbis contcndat stipitem (cracfx) erectum in suæ
longitudinis medio habuissc lignum transversum in quo Salva-
toris manus fuerunt alhxæ, et in summitatc titulum superpo-
situm ubi nomen gloriæ erat scriptum, ut ad modum duorum
TAaa unum super aliud positum fuerit ; minime duxi resistere,
eo quod Ecclesia Christi quibusdam crucibus, in quibus ligni
dominici reliquias ponere maxime consuevit, banc servare
formant dignoscitur... Hanc ego crucis formant Rontæ in ma-
nibus gloriosi Patris Gregorii Papæ IX, cuttt multis millibus
hominum, videre et adorare nterui ; et in festo cœnæ dorni-
nicæ ab ipso Papa SS. bcnedici. "
Cf. A?ma/es nrcA&dcgdfyaas, t. v, 318, 327.
6 Les monnaies siciliennes avec la croix double sont beau-
coup plus anciennes. Mais les princes latins de Sicile affec-
tèrent d'imiter bien d'autres usages byzantins, soit pour ne
pas dépayser leurs sujets, soit pour braver les empereurs de
Constantinople.