120 MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
pages copiées pour M. Gurmer à la bibliothèque de Grenoble, de Lyon, de Bréra (à Milan), etc.
Cf. J. et F^a/ipi/ay & f aimée.
Les bénédictins de Saint-Maur ont traité fort au long ce qui regarde les couleurs plu s
moins éclatantes, données aux parchemins des vieux manuscrits, ou employées pour trace
les lettres. Ils font observer que l'art de teindre le vélin en pourpre semble baisser beau-
coup au ix° siècle; que les manuscrits tracés entièrement en lettres d'or appartiennent à la
période renfermée entre le vin" siècle et le x"; que durant cette époque on distingue par-
fois des parties saillantes caractérisées exclusivement par cette couleur, comme dans un
évangéliaire du ix° siècle à la Bibliothèque du Roi, où toutes les paroles de Notre-Seigneur
tranchent par ce moyen sur le reste du texte. Les lettres d'or deviennent rares du xt* au xm° siè-
cle, et reprennent faveur du xiv° au xvf ; mais l'époque de leur grande vogue et de leur
véritable splendeur semble être le ix" surtout'.
uand il s^agit d'aborder la forme des lettres, la difficulté
devient grande. Les formes les plus usitées, et com-
munément employées à tracer la plus grande partie du
texte, ont bien pu être déterminées par les diplomatis-
tes, avec un travail énorme, il est vrai ; et après des
querelles dont nous nous contentons aujourd'hui de
recueillir les fruits, sans trop nous enquérir des flots
d'érudition et de bile qui ont été versés sur ce champ
de bataille. Mais, lorsque les sa-
^ vants ont voulu appliquer la clas-
sification aux lettres ornées qu'en-
fanta l'imagination des calligra-
phes, le langage n'a point suffi à leurs téméraires essais. Je ne parle point des lettres
historiées, où le caractère alphabétique n'est qu'une occasion ou simplement un cadre
pour tracer un petit ceci regarde les miniatures. Mais comment caractériser, au-
trement que d'une façon extrêmement vague, les lettres chargées d'une chevelure
ou plutôt d'une crinière touffue d'appendices démesurés, et d'accompagnements sans nom-
bre? les lettres ou rasées, c'est-à-dire réduites, quant au corps de l'écriture, à leur
plus simple expression; les lettres per/éas, ou à enchâssures de petites baies; lettres <^ar-
déay & pw'aës'; YroY&y ou tressées, en ou à 7?M<*7/c.s de chaînettes; nouées et entor-
tillées, ou le règne de ces dernières est le ix" siècle. Lettres à y'oMr; des pages
entières de cette sorte paraissent tracées avec une plume à deux becs distants l'un de
l'autre. Lettres maryMe/éa?, ou à compartiments de traits et de couleurs diverses, qui sem-
blent autant de pièces rapportées ; co/Mp/e-ray, ou à enclaves ; coM/om?e.y ou associées : des mots
entiers, surtout pour les monogrammes, sont réduits à une sorte de groupe d'hiéroglyphes
enveloppés comme dans un seul trait. Lettres .sayù/ëe.y, //ea?wmëc.y, Aac/zéay, ou tailladées; /ùY-
pmm/onMay, en pf/a-s/ras, e? /rachn éay, anwaù'ay, carrée, etc., etc.
La nomenclature des accidents botaniques n'est que jeu au prix de ce qu'il faudrait
imaginer pour fixer la dénomination de ces caprices. Les productions diverses de la nature
y sont mises à contribution, avec un mélange de fantaisie fait pour désespérer toute pré-
tention à la méthode. On y trouve des ornements végétaux et animaux ; mais les lettres
1. Cf. sacramentaire de Hrogon, évêque de Metz; supra, t. !I, p. 114-138.
pages copiées pour M. Gurmer à la bibliothèque de Grenoble, de Lyon, de Bréra (à Milan), etc.
Cf. J. et F^a/ipi/ay & f aimée.
Les bénédictins de Saint-Maur ont traité fort au long ce qui regarde les couleurs plu s
moins éclatantes, données aux parchemins des vieux manuscrits, ou employées pour trace
les lettres. Ils font observer que l'art de teindre le vélin en pourpre semble baisser beau-
coup au ix° siècle; que les manuscrits tracés entièrement en lettres d'or appartiennent à la
période renfermée entre le vin" siècle et le x"; que durant cette époque on distingue par-
fois des parties saillantes caractérisées exclusivement par cette couleur, comme dans un
évangéliaire du ix° siècle à la Bibliothèque du Roi, où toutes les paroles de Notre-Seigneur
tranchent par ce moyen sur le reste du texte. Les lettres d'or deviennent rares du xt* au xm° siè-
cle, et reprennent faveur du xiv° au xvf ; mais l'époque de leur grande vogue et de leur
véritable splendeur semble être le ix" surtout'.
uand il s^agit d'aborder la forme des lettres, la difficulté
devient grande. Les formes les plus usitées, et com-
munément employées à tracer la plus grande partie du
texte, ont bien pu être déterminées par les diplomatis-
tes, avec un travail énorme, il est vrai ; et après des
querelles dont nous nous contentons aujourd'hui de
recueillir les fruits, sans trop nous enquérir des flots
d'érudition et de bile qui ont été versés sur ce champ
de bataille. Mais, lorsque les sa-
^ vants ont voulu appliquer la clas-
sification aux lettres ornées qu'en-
fanta l'imagination des calligra-
phes, le langage n'a point suffi à leurs téméraires essais. Je ne parle point des lettres
historiées, où le caractère alphabétique n'est qu'une occasion ou simplement un cadre
pour tracer un petit ceci regarde les miniatures. Mais comment caractériser, au-
trement que d'une façon extrêmement vague, les lettres chargées d'une chevelure
ou plutôt d'une crinière touffue d'appendices démesurés, et d'accompagnements sans nom-
bre? les lettres ou rasées, c'est-à-dire réduites, quant au corps de l'écriture, à leur
plus simple expression; les lettres per/éas, ou à enchâssures de petites baies; lettres <^ar-
déay & pw'aës'; YroY&y ou tressées, en ou à 7?M<*7/c.s de chaînettes; nouées et entor-
tillées, ou le règne de ces dernières est le ix" siècle. Lettres à y'oMr; des pages
entières de cette sorte paraissent tracées avec une plume à deux becs distants l'un de
l'autre. Lettres maryMe/éa?, ou à compartiments de traits et de couleurs diverses, qui sem-
blent autant de pièces rapportées ; co/Mp/e-ray, ou à enclaves ; coM/om?e.y ou associées : des mots
entiers, surtout pour les monogrammes, sont réduits à une sorte de groupe d'hiéroglyphes
enveloppés comme dans un seul trait. Lettres .sayù/ëe.y, //ea?wmëc.y, Aac/zéay, ou tailladées; /ùY-
pmm/onMay, en pf/a-s/ras, e? /rachn éay, anwaù'ay, carrée, etc., etc.
La nomenclature des accidents botaniques n'est que jeu au prix de ce qu'il faudrait
imaginer pour fixer la dénomination de ces caprices. Les productions diverses de la nature
y sont mises à contribution, avec un mélange de fantaisie fait pour désespérer toute pré-
tention à la méthode. On y trouve des ornements végétaux et animaux ; mais les lettres
1. Cf. sacramentaire de Hrogon, évêque de Metz; supra, t. !I, p. 114-138.