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Le charivari — 11.1842

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Septembre (No. 244-273)
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https://doi.org/10.11588/diglit.17321#0962
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France ; c'était à lui de repousser ces niaises calomnies-,
il l'a fait avec vigueur et lalent :

« A que! propos, dit-il, les pauvres Français reçoivent-
ils ces politesses? A propos deja fondation (l'une société
de bienfaisance ayant pour unique but de donner des se-
cours à nos compatriotes m il heureux, et les bienfaits de
l'éducaliou à leurs enfans ! C'est là ce que le journaliste
américain appelle la culture de principes anti-républi-
cains !

» Ce sauvage patriote interdit aux étrangers la célé-
bration des anniversaires, même les plus glorieux ! C'est
une singulière défense dans un pays d'origine étrangère,
dont un tiers de la population se compose d'émigrans
arrivés d'hier, elle qui a une liste de fêtes et d'anniver-
saires en tous1 genres ; la plus longue du genre humain,
quoique son histoire soit la plus courte.

»Ce fougueux patriote, qui se moque des hommes que
leur génie devrait faire rester sur le sol de la vieille Eu-
rope, devrait bien se demander pourquoi son père y est
venu; et s'il se donnait la peine d'étudier sa généalogie,
il y a mille à parier que son aïeul, au lieu d'avoir été un
de ces hommes de génie, serait un marchand d'oignons
ou d'allumettes, sinon quelque cbose de pis. Pauvres
aveugles, si liers de votre titre de natifs, rappelez-vous
donc que les premiers immigrans du nouveau monde ont
élé, à quelqnes exceptions près, les nécessiteux, les pau-
vres de l'ancien !

» Citoyens d'hier, soyi z humbles avec les étrangers.
Vous sortez du même sac, vous êtes de la même farine.
Respectez en eux le bâlon de pèlerin que portait votre
père et que vous pouvez voir, poudreux encore, dans un
coin de son foyer.

» Vous demandez ce que vous pouvez avoir à faire
avec les principes français, et vous formulez ces princi-
pes à votre façon, comme s'il y avait en France plus de
haines et de divisions politiques que chez vous-mêmes!
comme si l'on pouvait apprendre quelque chose à vos mé-
decins en charlatanisme, à vos tilles en coquetterie, à
vos enfans eu dissipation ! Comme si tout ce qu'il y a de
médecins honorables et instruits à la Nouvelle-Orléans
n'étaient pas aux septhuitièmes Français, et comme si
tout cé qui vend des panacées empiriques n'était pas
américain! comme si les mots de^w/fet de humbug
gient pas de pur sang anglo-saxon! comme si les la
la rue de Bourgogne n'éiaient pas aux neuf
dixf?{BVii\es natives uu Nord,et les hôtes du pénitentiaire
ife Bâtciii^Pouge des natifs, dans la même proportion!

^es^Vincipes français ont mauvaise réputation en
J*&me£iqu«^fes principes américains, hélas ! n'en ont pas
' pjttj^lFliuyune meilleure en France. Nous ne vous cite-
îbnèq'u'-w/fait, à cet égard, monsieur le satirique: c'est
fjue d (ferla plupart, sinon dans toutes les grandes mai-
'' Vl ^ uucation de Paris,on redoute l'introduction d'une
élève américaine parmi le» élèves française-; qu'on la re-
fuse, si elle n'est appuyée des recommandations les plus
influentes. Ceci est de la notoriété, elle est éloquente.

«Votre journal se publie dans la Louisiane; interrogez
l'histoire de ce riche et beau pays.E le vous dira que sous
la domination française, le nom oe Louisiane était le syuo
ïiyme d'honneur, de probité, d'urbanité, de «énéroîiié ;
que le déshonneur, le jeu, les spéculations folles, la
banqueroute, le vol, l'émeute, se sont implantes là avec
certaines institutions d'origine incontestablement améri-
caine.

» Si l'Amérique en revenaitaux principrsfrançais, elle
y gagnerait probablement un plus grand respect "des eïi-
gagemens publics et privés, une sécurité plus grande
pour les personnes et les fortunes, une police mieux orga-
nisée, une justice moins ruineuse ; uu peu moins de zèle
religieux en apparence, mais un peu plus de charité et
de fraternité dans le fonds; beaucoup moins de corrup-
tion et de vénalité dans les emplois publics ; uu peu plus
d'amour des arts et un peu moins d'égoï-me mercantile,
un peu plus de bienveillance et de politesse pour les
étrangers, et enlin beaucoup plus d'éducation et de civi-
lité chez certains journalistes. »

Comme indice de mœurs, ces citations ont une valeur
qui nous a engagé à les reproduire. Cette faction anti-
française n'est heureusement qu'une miuorité dans le
peuple américain; mais comment cette insolence est-elle
soufferte dans un pays avec qui la France a partagé son
plus grand citoyen et sa plus belle conquête,Lafayette et la
liberté, et qui ne nous a jusqu'à présent manifesté sa re-
connaissance qu'en nous faisant indûment payer vingt-
cinq millions de créance véreuses? Ordinairement on est
considéré quand on paie; il paraît qu'aux États-Unis
nous avons payé pour être précisément le contraire.

GRAND DÉBII DE MORT All RUSSES,

Voyons, il faut s'entendre ; depuis quelque temps il rè-
gne dans les nouvelles extérieures qui arrivent de Rus-
sie un désordre que nous cherchons vainement à uous
expliquer. Il faut enfin que cet état de choses cesse ; que
tous les Times d'Angleterre, toutes les Gazelles d'Augs-
bmrtj d'Allemagne, tous les Pébafà de Franc®, s'expli-

quent, s'ils peuvent: leur prose est un tohubohu de nou-
velles, uu salmigondis de suppositions auquel M. de Met-
ternich lui-même ne comprendrait rien.

Comptons, si c'est possible.

Chaque jour apporte sa mort moscovite; c'est effrayant
ce que depuis quelque temps on tue de Cosaques aristo-
cratiques aux bords de la Newa: aujourd'hui celui-ci,
demain celui-là, après-demain un autre, et les jours sui-
vans aussi. Si cela continue, une effroyable pénurie de
boyards va se faire sentir eu Russie ; il faudra avoir re-
cours aux palatins de la Lithuanie pour suffire à celte
consommation.

Les Baskirs et les Tartares qui habitent Paris n'ouvrent
un journal qu'en tremblant, tant ils ont peur de lire le
récit fidèle d'un illustre trépas. Heureusement ces braves
exotiques ne savent pas lire.

Tous les entrefilets sont des articles nécrologiques ; les
discours sont des oraisons funèbres. Si vous ne voulez
pleurer, ne lisez pas les faits divers.

D'abord, c'a été le comte Cancrin. Celui-là a été per-
foré d'un coup de pMolet par un garde champêtre qu'il
avait molesté, à propos d'une gibelotte de lapins courlan-
dais. Le garde n'ayant pas pu digérer cette gibelotte, il
l'avait sur le cœur, et c'est pourquoi il a déchargé sa co-
lère sur le comte, qui en est mort.

Mais le mystère s'en est mêlé : du garde champêtre on
en fait un personnage politique ; la gibelotte est passée
conspiration.

Après le comte Cancrin, ç'a été le tour du prince Gan-
garin. Celui-ci a élé transpercé d'un coup d'épée au coin
d'une rue solitaire.

La Gazette d'Juqsbourg avait édilé la première de ces
morts; le Times s'est chargé de la seconde. Le prince
Gangarin a été, sans s'en douter, la victime d'un drame,
ou, si mieux vous aimez, le héros. Ce drame a cinq co-
lonnes; sa première impression a eu lieu avant-hier.
L'empereur Nicolas y remplit le rôle de traître ; une gran-
de duchesse y tient lieu de première amoureuse; il y a
eu inlroducl on de rendez vous et d'échelles de cordes,
complication d'embuscades et de trahisons, péripéties
de larmes et de sanglots, avec accompagnement de
prières et de menaces, dénoûment d'assassinat.

Le mystère, qui est décidément un citoyen de Siint-
Péter.-bourg, s'est encore abattu sur ce trépas; il y a
trouvé une conjuration en herbe; mais nous sommes,
nous, pour l'amour. L'amour, qui perdit Troie, peut bien
avoir perdu uu Gangarin. :

En dernier lieu c'a élé le comte Orlow. Le comte Or-
low a été trouvé mort dans son lit.

Gomment est-il mort; pourquoi est-il mort?

Graves questions thérapeut'ques qui préoccupent tous
les premiers-Paris du monde ; dans ces ténèb es le Cour-
rier de Nuremberg seul jelle quelques lumières. Ecou-
tons-le.

Le comte Orlow est un ambitieux : depuis longtemps
il dissimulait. Quand on dissimule, il faut se méfier.
Aussi l'empereur se méfia-t-il. A force de se méfier, il s'a-
perçut que ce comte Orlow tramait dans l'ombre pour
arriver à la royauté d'une Fiulande quelconque ou de
n'importe quelle Courlaniie.

Ce qui se passa est resté dans l'ombre. Une foule de
régimens s'agitaient., ces régitnens ont été envojésen
Circassie, qui e-t la Sibérie de l'armée. Quant au comte
Orlow, il a été, comme nous vous avons dit, trouvé mort
un beau matin. Le Gangarin sentait le Marcellange ; le
Orlow sent à son tour le Poucli -Lafarge.

Cependant nous n'oserions affirmer que d'ici au pro-
chain courrie r on n'apprîi. la résurrection de ces mêmes
Cancrin, GaDgarin et Orlow, tués par la typographie.

Quelle po sition ! ne pas savoir si on est mort ou vi-
vant; c'est à mourir d'ennui ! Voyez-vous ces trois mal-
heureux lisant partout qu'ils sont trépassés et enterrés,et
se demand aut avec, épouvante si vraiment ils seraient
morts à leur insu.

La posi tion n'est pas tenable; à la place de ces mes-
sieurs, 'nous protesterions énergiquement, et nous de-
manderions aux journaux des dommages-intérêts pour
s'être peh'mis de répandre sur nous une opinion si funèbre.

Théâtre de Sa Fortc-St-^Iariln,

Claudine, drame en quatre actes, dont un songe
de MM. Desnoyers et Lubize.

Aimez-vous l'innocence? on en a mis partout. — La
vertu a t-elle pour vous quelques charmes? parlez, faites-
vous servir ; MM. Charles De-noyers et Lubize en ont à
revendre. Quels apôtres que ces dramaturges ! en vérité,
M. Poirson et moi nous n'aurions jamais pen-é qu'il y
eût place pour une si forte dose de vertu dans les cœurs
de deux membres de la société dramatique.

Vous connaissez M. de Florian ; vous tavez à quel point
cet aimable capitaine de dragons pratiquait la pastorale.
C'était l'homme de France qui s'eutendait le mieux à
conduire de blancs moutons aux gras pâturages; il était
de première force sur le galoubet, cultivait la musette a-
vec. un remarquable succès, et ne se nourrissait guf-re
que de marrons rôtis et de fromage à la pie. (Caslaneœ
molles et pressi copia laciis.) De cet assemblage de vertu,
de fromage, de pipeaux, de châtaignes et d'innocence, il
en est résulté Gonzalve de Cirdouc, Claudine et une
foule d'autres ehefs-d'œuvre aussi complètement inodo-
res.

La gloire du capitaine Florian a empêché M Vf. Lubize
el Desnoyers de dormir. I s ont repris Claudine en sous-
œuvre, et, sous prétexte que la vertu sied bien à la Porte-
Saml-Martin, ils ont fabriqué un drame si pur, si naïf, et
d'une essence si flormnesque, que, près de lui, h Du-
chesse de Lavaubatière.peul passer hardiment pour une
œuvre immorale et démoralisante.

La scène est en S ivoie. — Qui nous délivrera ds la Sa-
voie, de l'Auvergne, et des Auvergnats et des Savoyards?
Le theàtie représente des ramoneurs et des marmottes;
mais on ne chante pas chin chous, chin chous ! C'est
toujours cela de gagné.

Claudine a trompé la confiance de chon vieux père;
elle a fait un enfant incognito. Chon vieux père la chasse
et la maudit.

Claudine vient à Paris. Comme elle est d'une com-
plexion faible et délicate, elle s'établit décrotteur et com-
missionnaire, fait les déménagemens, coupe les chats,
tond les chiens, porte les malles des voyageurs aux dili-
gences; mais ne va pas-t-en ville.

Un jour, un monteur très crotté s'approche de Clau-
dine et po^e son p ed sur sa sellette. Claudine reconnaît
la botte, elle regarde plus haut, et reconnaît la jambe;
elle regarde encore plus haut, et reconnaît son séducteur,
un milord anglais qui voyage pour son agrément.

L'Anglais, enchanté de, la façon dont ses boites sont
cirées, prend le décrotteur à son service, en qualité de
secrétaire. Peu après il est si ravi de l'orthographe de son
secrétaire, qu'il t'épouse

Entendons-nous ; il épou'e le secrétaire, qui n'est aulre
OUrt le décrotteur, qui n'est autre que Claudine, qui n'est
aulre que sa victime. —Ainsi, la vertu reçoit sa petite ré-
compense.

J'ai oublié de vous dire qu'il y a un moment où Clau-
dine voit eu songe clion vieux père occupé à s'arracher
ses pauvres cheveux blancs.—Le songe e->t représenté par
un voile de gaze. Cela a paru d'un effet neuf et saisissant.

Le spectacle a été terminé par la reprise du Dén'.rteur.
Ce ballet est horriblement vieux et singulièrement rance,
si bien que drame et ballet, Déserteur et Claudine, le*
deux font la paire.

Dclaggemens-Ctoniiqueg*

1" rep. de Miss Anna, vaudeville en 3 actes.

Miss Anna est une jeune fille prodigue qui jette l'argent
par les fenêtres. La fortune dont elle use si rondemen
provient de l'héritage d'un oncle qui, dans son te-taïïicn >
lui a imposé la condition d'épouser son cousin Edouard»
qu'elle aime. Cependant, au moment d'épouser, Edouat
lui fait des observations surses prodigalités ;eile les prtB
de mauvaise grâce et l'euvoye promener, ce qu'il fait en
partant pour la Russie.

(La mfâé à te 4® pafl-)
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