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https://doi.org/10.11588/diglit.1185#0296
a96
LIBRO QUINTO
a Padouo . On s'est fait une loi d'imitar
toujours exo.ctement ces ancìenncs formes:
Raphael méuiequi les connoissoit si bien ,
qui a conserve dans ce tableau la couleur
jaun'e du manteau, et Ja couleur ble'u de
la tunique de s. Pierre , n'a copie qu'en
pirli e les traits deson visage, il cn a chan-
gé les coloris et le caraetére, en lui cn
donnent un lort different du sien . Au
licii de le reprcsehter chauve dans la par-
ile superieure de la tète , et sur le front
un toupet de cheveux, ìl lui cn a dorine
en tres grande guatiti té'--, encors soni il
de couleur tres noi re mais grisorinaute ,
quoique ceux de s. Pierre, fussèrit de cou-
leur très blonde. Le coloris de son visa-
ge toujours represenlé tr'ès blanc, et très
fleuri, estici très basane, et haut en cou-
leur. A' la douceur, a la tìmidi té , a l'es-
treme simplicilé, en fin à la franchìse, au
sentimenl qu il portoit à s'aUacher fòrte-
ìhent a eelui qui le rendoit très crainlif
et queique fois très variable dans ses idees ,
on a' substitué dans ces deus portraits
un temperament très sanguin, un esprit
très réflechi, severo, ardent, mélancholì-
que, très ferme et très obstiné. Avec la
forme de la chcvelure,la couleur des che-
veux, le leint, on trouve dans cette figure
de s. Pierre, les menrs, les habitudes de
lame, celle? de l'esprit, le col très gros,
la forme dunez, la coupé des yeux, eiiuti
mot toute le caraetére et beaucoup de traits
du visage de Jules II: dans toutes les au-
tres parties, et surloul d.ms les conlours,
il est aisé de reeonnoìtre cellcs de la pbv-
sionomie prò prò à tous les porlrails de
s. Pierre. Aìnsi la statue de Moyse , ap-
prouvé par Jules IL dont le caraetére fut
sìngulicrment bien rcpres:nté par Miche-
lange est aussi compose du caraetére du
bouc bizarrcnicnt ititroduit dans celle fi-
gure, vraisemblablemcnt pour montrer la
vie pastorale du Lcgìslateuv des Juite ,
quand il fut nppelé pour devenìr le lìbc-
rateur de sa Nation . Raphael ne pouvant
pas décemment dans un tableau du geli-
ve decclui-ci, pcint dans le palai? du suc-
cessela' de s. Pierre substiteur a son por-
trait connu par chaqne un cclui de Ju-
les IT., a donne a l'un le caraetére très
marqué de 1 autre . En composant son vi-
rago du melange des traits de tous deux ,
en Ics rendant presquo egalement recon-
noissables, dans cette peinture,en imitarit
avec une elonnante precision Apclles qui
dans un.mème portrait, fait pour le tem-
pie d'Ephese, fit reeonnoìtre Alexandre
et Jupiter sens rien òler a la jeunesse de
lun, ni dégradcr la majesté de laulvejle
peintre Italien egalant leplus grand pein-
tre de la Greco , a trouvé par le mojen de
cette alliance de formes celui de rendre
sensible l'allusion dece tableau, elle rap-
porl de riiistoirc ancienne a la moderne.
Cotte idee de Raphael, bien plus mesurce
bien plus convenable a son objet, me pa-
roìt bien superieure a celle de Michelan-
ge dans la statue dont otì vieni de parler.
Raphael en introduisant le caraetére de
Jules II. dans les figures de s. Pierre a scu
leur conserver cette idee de bonlé et de
pieté, sur tout à celle ou le S. e?t en pri-
son, que Ivlicbelange a negligé de donner
à celle de son Moyse, ce qui le rend bien
moiri inleressant : peul ètre a-t-il voulu
exprimer seulement l'auleur de la loi de
rigueur, mais Raphael a mieu fait de
cherchcr à exprimer le caraetére ile hon-
té convenable au Vicairede l'auleur de la
luì de Grace. Les statues auliques don-
nerent à ces deux artisles l'idee de celle
composìtion de portraits: Raphael clier-
cha ses inodeles dans. les figures de Dicux.
Cellcs des salyres el des faunes composées
de formes de l'ho ni me , el de celles-du
bouc ou de chevreau servircnl de modele
a Micholan«e.
LIBRO QUINTO
a Padouo . On s'est fait une loi d'imitar
toujours exo.ctement ces ancìenncs formes:
Raphael méuiequi les connoissoit si bien ,
qui a conserve dans ce tableau la couleur
jaun'e du manteau, et Ja couleur ble'u de
la tunique de s. Pierre , n'a copie qu'en
pirli e les traits deson visage, il cn a chan-
gé les coloris et le caraetére, en lui cn
donnent un lort different du sien . Au
licii de le reprcsehter chauve dans la par-
ile superieure de la tète , et sur le front
un toupet de cheveux, ìl lui cn a dorine
en tres grande guatiti té'--, encors soni il
de couleur tres noi re mais grisorinaute ,
quoique ceux de s. Pierre, fussèrit de cou-
leur très blonde. Le coloris de son visa-
ge toujours represenlé tr'ès blanc, et très
fleuri, estici très basane, et haut en cou-
leur. A' la douceur, a la tìmidi té , a l'es-
treme simplicilé, en fin à la franchìse, au
sentimenl qu il portoit à s'aUacher fòrte-
ìhent a eelui qui le rendoit très crainlif
et queique fois très variable dans ses idees ,
on a' substitué dans ces deus portraits
un temperament très sanguin, un esprit
très réflechi, severo, ardent, mélancholì-
que, très ferme et très obstiné. Avec la
forme de la chcvelure,la couleur des che-
veux, le leint, on trouve dans cette figure
de s. Pierre, les menrs, les habitudes de
lame, celle? de l'esprit, le col très gros,
la forme dunez, la coupé des yeux, eiiuti
mot toute le caraetére et beaucoup de traits
du visage de Jules II: dans toutes les au-
tres parties, et surloul d.ms les conlours,
il est aisé de reeonnoìtre cellcs de la pbv-
sionomie prò prò à tous les porlrails de
s. Pierre. Aìnsi la statue de Moyse , ap-
prouvé par Jules IL dont le caraetére fut
sìngulicrment bien rcpres:nté par Miche-
lange est aussi compose du caraetére du
bouc bizarrcnicnt ititroduit dans celle fi-
gure, vraisemblablemcnt pour montrer la
vie pastorale du Lcgìslateuv des Juite ,
quand il fut nppelé pour devenìr le lìbc-
rateur de sa Nation . Raphael ne pouvant
pas décemment dans un tableau du geli-
ve decclui-ci, pcint dans le palai? du suc-
cessela' de s. Pierre substiteur a son por-
trait connu par chaqne un cclui de Ju-
les IT., a donne a l'un le caraetére très
marqué de 1 autre . En composant son vi-
rago du melange des traits de tous deux ,
en Ics rendant presquo egalement recon-
noissables, dans cette peinture,en imitarit
avec une elonnante precision Apclles qui
dans un.mème portrait, fait pour le tem-
pie d'Ephese, fit reeonnoìtre Alexandre
et Jupiter sens rien òler a la jeunesse de
lun, ni dégradcr la majesté de laulvejle
peintre Italien egalant leplus grand pein-
tre de la Greco , a trouvé par le mojen de
cette alliance de formes celui de rendre
sensible l'allusion dece tableau, elle rap-
porl de riiistoirc ancienne a la moderne.
Cotte idee de Raphael, bien plus mesurce
bien plus convenable a son objet, me pa-
roìt bien superieure a celle de Michelan-
ge dans la statue dont otì vieni de parler.
Raphael en introduisant le caraetére de
Jules II. dans les figures de s. Pierre a scu
leur conserver cette idee de bonlé et de
pieté, sur tout à celle ou le S. e?t en pri-
son, que Ivlicbelange a negligé de donner
à celle de son Moyse, ce qui le rend bien
moiri inleressant : peul ètre a-t-il voulu
exprimer seulement l'auleur de la loi de
rigueur, mais Raphael a mieu fait de
cherchcr à exprimer le caraetére ile hon-
té convenable au Vicairede l'auleur de la
luì de Grace. Les statues auliques don-
nerent à ces deux artisles l'idee de celle
composìtion de portraits: Raphael clier-
cha ses inodeles dans. les figures de Dicux.
Cellcs des salyres el des faunes composées
de formes de l'ho ni me , el de celles-du
bouc ou de chevreau servircnl de modele
a Micholan«e.