ce VI
APPENDIX.
entier par les eaux, comme il l'est aujourd'hui ; car le lac d'Aboùqyr, qu'il ne faut pas
confondre avec le lac d'Edkou (l'ancien lac Madiéh), n'existait point encore *;
On ne peut pas douter que les bords du canal d'Alexandrie n'aient été très floris-
sants, même depuis que les Arabes se sont rendus maîtres de cette ville : les quatre ponts
qu'ils ont construits dans la longueur de la lieue qui précède Alexandrie prouvent que
de leur temps le besoin de communiquer d'une rive à l'autre était très fréquent. Celui
de ces ponts qui est le plus voisin de l'enceinte des Arabes est détruit : les trois autres
sont faits d'après un même modèle ; ils sont d'une seule arche en ogive, extrêmement
élevée à cause de la navigation.
Avant de parler des travaux que le canal d'Alexandrie nécessite, nous exposerons
les principaux motifs qui doivent déterminer à les entreprendre.
Le canal d'Alexandrie est, après celui de Soues, le plus important dont les posses-
seurs de l'Egypte puissent s'occuper : il devient une suite nécessaire du canal qui join-
drait la mer Rouge au Nil ; car à quelque point du fleuve qu'on le fasse aboutir, il faudra
que les bâtiments qui y navigueront arrivent à Alexandrie, et il sera bien plus prudent de
les y faire parvenir par les canaux intérieurs, que de les livrer à une mer souvent orageuse,
ou de les exposer dans les temps de guerre aux entreprises des ennemis. Ces raisons
avaient été parfaitement senties par les Grecs : aussi, de leur temps, tout le commerce
se faisait-il par le lac Maréotis, dont les ports étaient préférés à ceux de la Méditerranée.
Mais indépendamment du canal de Souès, celui d' Alexandrie jouit encore d'une grande
importance, et mérite de fixer l'attention. En effet, quelle que soit la manière dont les
marchandises des Indes et de la mer Rouge seront importées en Egypte par Souès ou
Qosséyr, on conçoit qu'elles devront toujours être dirigées sur Alexandrie pour y être
chargées sur les yaisseaux qui les distribueront à toute l'Europe. Or les raisons que nous
avons dites tout-à-1'heure sur la nécessité du transport intérieur exigent que le canal
d'Alexandrie soit rendu navigable pendant toute l'année. Cette opération serait d'ailleurs
la source d'une autre prospérité pour l'Egypte ; elle rendrait à la culture une partie nota-
ble de son territoire, que la coupable négligence de ses anciens maîtres lui a fait perdre ;
on revverait les rives du canal, aujourd'hui sèches et abandonées, reprendre leur ancienne
fertilité ; et cette circonstance s'accorderait admirablement avec les nouveaux besoins
d'Alexandrie,
* Le lac d'Aboùqyr est d'une formation très nouvelle ; il n'existe que depuis l'année 17780U 1780.
Avant cette époque, une digue en pierre, dont il subsiste encore une grande partie, empêchait les eaux de
pénétrer dans les terres. Cette digue s'étant rompue, sans qu'on ait cherché à la réparer, la mer se ré-
pandit sur toute la plaine plus basse que son propre niveau, et forma le lac d'Aboùqyr : plusieurs villages
furent submergés par cette catastrophe.
Vers le commencement du siècle, cette digue avait déjà été rompue par un grand orage, ainsi que le
raconte Paul Lucas \ mais elle avait été rétablie peu après.
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APPENDIX.
entier par les eaux, comme il l'est aujourd'hui ; car le lac d'Aboùqyr, qu'il ne faut pas
confondre avec le lac d'Edkou (l'ancien lac Madiéh), n'existait point encore *;
On ne peut pas douter que les bords du canal d'Alexandrie n'aient été très floris-
sants, même depuis que les Arabes se sont rendus maîtres de cette ville : les quatre ponts
qu'ils ont construits dans la longueur de la lieue qui précède Alexandrie prouvent que
de leur temps le besoin de communiquer d'une rive à l'autre était très fréquent. Celui
de ces ponts qui est le plus voisin de l'enceinte des Arabes est détruit : les trois autres
sont faits d'après un même modèle ; ils sont d'une seule arche en ogive, extrêmement
élevée à cause de la navigation.
Avant de parler des travaux que le canal d'Alexandrie nécessite, nous exposerons
les principaux motifs qui doivent déterminer à les entreprendre.
Le canal d'Alexandrie est, après celui de Soues, le plus important dont les posses-
seurs de l'Egypte puissent s'occuper : il devient une suite nécessaire du canal qui join-
drait la mer Rouge au Nil ; car à quelque point du fleuve qu'on le fasse aboutir, il faudra
que les bâtiments qui y navigueront arrivent à Alexandrie, et il sera bien plus prudent de
les y faire parvenir par les canaux intérieurs, que de les livrer à une mer souvent orageuse,
ou de les exposer dans les temps de guerre aux entreprises des ennemis. Ces raisons
avaient été parfaitement senties par les Grecs : aussi, de leur temps, tout le commerce
se faisait-il par le lac Maréotis, dont les ports étaient préférés à ceux de la Méditerranée.
Mais indépendamment du canal de Souès, celui d' Alexandrie jouit encore d'une grande
importance, et mérite de fixer l'attention. En effet, quelle que soit la manière dont les
marchandises des Indes et de la mer Rouge seront importées en Egypte par Souès ou
Qosséyr, on conçoit qu'elles devront toujours être dirigées sur Alexandrie pour y être
chargées sur les yaisseaux qui les distribueront à toute l'Europe. Or les raisons que nous
avons dites tout-à-1'heure sur la nécessité du transport intérieur exigent que le canal
d'Alexandrie soit rendu navigable pendant toute l'année. Cette opération serait d'ailleurs
la source d'une autre prospérité pour l'Egypte ; elle rendrait à la culture une partie nota-
ble de son territoire, que la coupable négligence de ses anciens maîtres lui a fait perdre ;
on revverait les rives du canal, aujourd'hui sèches et abandonées, reprendre leur ancienne
fertilité ; et cette circonstance s'accorderait admirablement avec les nouveaux besoins
d'Alexandrie,
* Le lac d'Aboùqyr est d'une formation très nouvelle ; il n'existe que depuis l'année 17780U 1780.
Avant cette époque, une digue en pierre, dont il subsiste encore une grande partie, empêchait les eaux de
pénétrer dans les terres. Cette digue s'étant rompue, sans qu'on ait cherché à la réparer, la mer se ré-
pandit sur toute la plaine plus basse que son propre niveau, et forma le lac d'Aboùqyr : plusieurs villages
furent submergés par cette catastrophe.
Vers le commencement du siècle, cette digue avait déjà été rompue par un grand orage, ainsi que le
raconte Paul Lucas \ mais elle avait été rétablie peu après.
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