CCX1V
APPENDIX.
déploya tant de constance dans ses recherches ; ni Norden, qui peignit l'Egypte avec
tant de détails, n'ont ose y pénétrer. La description de cette étendue de terrein étant
donc absolument neuve, elle peut avoir quelques droits à la curiosité du public.
On sort du Caire par la porte de Nassr (Bab-én-nassr*, la porte de la victoire). Le
désert est le premier objet qui frappe votre vue ; ses limites arides viennent ceindre les
murailles de la ville, après avoir encombré une partie de ses faubourgs. Des groupes
de maisons désertes se dessinent au milieu de cette plaine blanchâtre. Le plus consi-
dérable de ces endroits se nomme la Qoubbéh, (él-2oubbet èl-cù'âdelyéh, le dôme ou la
coupole de lajusticef). C'est une mosquée entourée d'édifices réguliers, bâtis en pierre,
et précédés de galeries.
A une lieue de la Qoubbéh on rencontre le village &èl-Mathary'eh%. L'obélisque que
l'on y aperçoit indique les ruines de l'ancienne Héliopolis. On s'occupe maintenant à
des fouilles qui pourront nous en découvrir des restes plus intéressans.
Le village d'él-Mardje, qui se trouve derrière celui-ci, se voit de loin, à cause des
arbres qui l'entourent. Plusieurs milliers de palmiers plantés en quinconce ombragent
ses huttes délabrées.
Cette
* La porte d'ên-nassr (ou de la victoire) est une des portes du Caire, qui regarde le levant. " Elle
" était originairement au-dessous de celle qu'on voit aujourd'hui, suivant le Maqryzy. Mais lorsque
" l'émyr êl-Djyoûch Bedr êd-dyn êl-Djemâly quitta la ville d'Acre pour être vizyr d'Egypte, sous le
*'khalyfat d'âl-Mostansser bîllah, en 465 de l'hégyre (1072 de l'ère vulgaire), il bâtit les murailles du
*' Caire, et il changea la place que le général Djaùher avait assignée à cette porte, pour la transférer où
*'elle est maintenant. Elle se trouva plus rapprochée du Mosslay êl-Fyd. Il y ajouta une espèce de
" chemin couvert (bâchoiirah), dont une portion subsistait encore quand la sœur d'êl-Dtâher Barqoùq
" fit creuser une citerne qui est maintenant détruite et remplacée par un chemin."
" On lit au-dessus de la porte d'ên-nassr l'inscription suivante, en caractères koufyques : Là îlah
" îllâcdlah, oué Mohammed rcçoùl allah. A'iy ouêl- âllak, sseloùât âllah cClaylioumâ. (Il n'y a de Dieu
" que Dieu ; Mohhammed est l'apôtre de Dieu, et A'iy, l'ami de Dieu ; que les grâces divines soient
" sur eux deux !)" Voyez la Description gêogr., polit., etc. de l'Egypte, par le Maqryzy, article des
" portes du Caire, pages 212 et 213 du numéro 682. MS. Arab. de la Bibl. nat." (Langlès.)
f El Qoubbet êl-a'âdelyéh ne signifie point le dôme on la coupole de la justice, mais la coupole, (la
mosquée) A'délyenne, c'est-à-dire fondée par êl-mélek êl-a'âdel Aboùbekr êbn Eyoùb, frère du fameux
Saladin (Ssalâhh êd-dyn), et connu, dans l'histoire des croisades, sous le nom de Saphadin. Ce prince,
qui fut d'abord sulthân de Krak et de Damas, monta sur le trône d'Egypte, après en avoir chassé Mans-
sour son petit-neveu. Il mourut le premier Août 1218 de l'ère vulgaire, âgé de soixante-treize ans; il
en avait régné dix-huit. Voyez l'Histoire universelle de Grégoire Aboûfaredje, en Arabe et en Sy-
riaque.
X El-Matharyéh désigne de la pluie ou de l'eau fraîche. Cet endroit est en effet le seul, à une
très-grande disiance, où l'on trouve une source d'eau fraîche. Il était aussi fameux autrefois par le
baume qui y croissait. '' C'est le a'in chtms, ou fontaine du soleil des anciens. Nos voyageurs écrivent
communément la Matharée. (L-s.)
APPENDIX.
déploya tant de constance dans ses recherches ; ni Norden, qui peignit l'Egypte avec
tant de détails, n'ont ose y pénétrer. La description de cette étendue de terrein étant
donc absolument neuve, elle peut avoir quelques droits à la curiosité du public.
On sort du Caire par la porte de Nassr (Bab-én-nassr*, la porte de la victoire). Le
désert est le premier objet qui frappe votre vue ; ses limites arides viennent ceindre les
murailles de la ville, après avoir encombré une partie de ses faubourgs. Des groupes
de maisons désertes se dessinent au milieu de cette plaine blanchâtre. Le plus consi-
dérable de ces endroits se nomme la Qoubbéh, (él-2oubbet èl-cù'âdelyéh, le dôme ou la
coupole de lajusticef). C'est une mosquée entourée d'édifices réguliers, bâtis en pierre,
et précédés de galeries.
A une lieue de la Qoubbéh on rencontre le village &èl-Mathary'eh%. L'obélisque que
l'on y aperçoit indique les ruines de l'ancienne Héliopolis. On s'occupe maintenant à
des fouilles qui pourront nous en découvrir des restes plus intéressans.
Le village d'él-Mardje, qui se trouve derrière celui-ci, se voit de loin, à cause des
arbres qui l'entourent. Plusieurs milliers de palmiers plantés en quinconce ombragent
ses huttes délabrées.
Cette
* La porte d'ên-nassr (ou de la victoire) est une des portes du Caire, qui regarde le levant. " Elle
" était originairement au-dessous de celle qu'on voit aujourd'hui, suivant le Maqryzy. Mais lorsque
" l'émyr êl-Djyoûch Bedr êd-dyn êl-Djemâly quitta la ville d'Acre pour être vizyr d'Egypte, sous le
*'khalyfat d'âl-Mostansser bîllah, en 465 de l'hégyre (1072 de l'ère vulgaire), il bâtit les murailles du
*' Caire, et il changea la place que le général Djaùher avait assignée à cette porte, pour la transférer où
*'elle est maintenant. Elle se trouva plus rapprochée du Mosslay êl-Fyd. Il y ajouta une espèce de
" chemin couvert (bâchoiirah), dont une portion subsistait encore quand la sœur d'êl-Dtâher Barqoùq
" fit creuser une citerne qui est maintenant détruite et remplacée par un chemin."
" On lit au-dessus de la porte d'ên-nassr l'inscription suivante, en caractères koufyques : Là îlah
" îllâcdlah, oué Mohammed rcçoùl allah. A'iy ouêl- âllak, sseloùât âllah cClaylioumâ. (Il n'y a de Dieu
" que Dieu ; Mohhammed est l'apôtre de Dieu, et A'iy, l'ami de Dieu ; que les grâces divines soient
" sur eux deux !)" Voyez la Description gêogr., polit., etc. de l'Egypte, par le Maqryzy, article des
" portes du Caire, pages 212 et 213 du numéro 682. MS. Arab. de la Bibl. nat." (Langlès.)
f El Qoubbet êl-a'âdelyéh ne signifie point le dôme on la coupole de la justice, mais la coupole, (la
mosquée) A'délyenne, c'est-à-dire fondée par êl-mélek êl-a'âdel Aboùbekr êbn Eyoùb, frère du fameux
Saladin (Ssalâhh êd-dyn), et connu, dans l'histoire des croisades, sous le nom de Saphadin. Ce prince,
qui fut d'abord sulthân de Krak et de Damas, monta sur le trône d'Egypte, après en avoir chassé Mans-
sour son petit-neveu. Il mourut le premier Août 1218 de l'ère vulgaire, âgé de soixante-treize ans; il
en avait régné dix-huit. Voyez l'Histoire universelle de Grégoire Aboûfaredje, en Arabe et en Sy-
riaque.
X El-Matharyéh désigne de la pluie ou de l'eau fraîche. Cet endroit est en effet le seul, à une
très-grande disiance, où l'on trouve une source d'eau fraîche. Il était aussi fameux autrefois par le
baume qui y croissait. '' C'est le a'in chtms, ou fontaine du soleil des anciens. Nos voyageurs écrivent
communément la Matharée. (L-s.)