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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 2.1876

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Nr. 2
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Trivier, S.: Statues découvertes à Aptéra de Crète
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https://doi.org/10.11588/diglit.25049#0047

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39

l’image votive ou honorifique de quelque prêtresse ? C’est une opi-
nion très-acceptable ; pourtant il me semble que la tête a un caractère
idéal plutôt qu’individuel. Aussi j’aimerais mieux y reconnaître une
Muse.

A Aptéra, les Muses étaient l’objet d’un culte particulier : cette ville
se vantait d’avoir été le théâtre de la dispute musicale entre les Muses
et les Sirènes (i), à la suite de laquelle les Muses victorieuses avaient
plumé leurs rivales(2), et elle rattachait à ce souvenir mythologique
l’origine de son nom. La tête de femme que l’on voit au droit des belles
monnaies d’argent d’Aptéra (3), dont le revers offre l’image du héros
éponyme Aptéras(4) debout et armé de toutes pièces, est probablement
celle d’une Muse, d’après le culte et les traditions locales. La haute
stéphané, dont le front est orné, pourrait, il est vrai, porter d’abord à
y voir plutôt une Aphrodite. Mais cet ornement de tête, si les Muses
ne le portent pas à l’habitude, ne leur est pas absolument étranger.
Je n’en veux pas d’autres preuves que la belle statuette de bronze qui
fait partie de la collection léguée au Cabinet des médailles de la
Bibliothèque nationale par le vicomte de Janzé. Nous la reproduisons
en regard de cette page, réduite seulement d’un cinquième au-dessous
de la dimension originale, d’après un dessin très-exact de M. Dagnan.

Elle nous montre une Muse, évidemment Erato, celle de la musique,
qui chante en s'accompagnant de la cithare ; ce dernier instrument,
que soutenait le bras gauche, a aujourd’hui disparu; mais le mouve-
ment du bras ne permet pas de douter de sa présence, quand le bronze
était intact, et l’on reconnaît encore le plectrum dans la main droite.
La tête de la hile de Mnémosyne est décorée d’une stéphané, au-dessus
de laquelle se dressent quelques-unes des plumes arrachées aux Si-
rènes (5) plumes qui ornent le front des Muses sur un bon nombre
de monuments (6). Sur le sarcophage de Florence publié par Millin-
gen, nous voyons Erato exactement dans la même attitude, disputant
le prix à une Sirène qui joue de la lyre ; bien que la lutte ne soit pas
encore terminée, le sculpteur lui a déjà placé, par anticipation, sur
le front les plumes qui en seront le trophée.

S. TRIVIER.

(1) Steph. Byz. et Suid. v. "Aimpa; cf. Eckhel,
Num. vet. aneccl., p. 143.

(2) Pausan., IX, 34, 2; Eustath. ad Homer.,
Iliad., p. 85; Tzetz. ad Lycophr., Cassandr., v. 7-11;
Serv. ad Virg., Æneid.,X, v. 864. — Représen-
tations monumentales de cette dispute : Winckel-
mann, Mon. ined., 46; Millin, Gai. mythol., n° 63;
Gori, Inscript., III, pl. 33; Millingen, JJned. mo-
num., t. II, pl. XV; Millier-Wieseler, Denkm. d.
ait. Kunst, t. II, pl. lix, n° 750.

(3) Eckhel, Doctr. num. vet., t. II, p. 304;
Mionnet, Descr. deméd. ant., t. II, p. 261 ; Suppl.,
t. IV, p. 304, pl. vii, n° 3.

(4) Voy. Leake, Numismata hellenica, 5° sect.,

p. 3.

(5) Pausan., IX, 34, 2; Eustath. ad Homer.,
Iliad., p. 85. — Les Muses se couronnent aussi de
palmes en souvenir de cette victoire : Cornut., De
ncit. deor. 14?.

(6) O. Millier, Handb. d. Archæol., § 393, 4.
 
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