DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:Witte, Jean de: Adonis, bronze de Cypre
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gauche il tient une pyxis ou petite boîte à parfums, et clans la droite,
qu’il avance, un grain d’aromate. La grâce de la pose, la perfection
du travail, le fini du modelé, indiquent une œuvre d’art d’un grand
mérite, et cependant la ciselure de ce bronze, comme on peut en juger
par les cheveux et par l’ébauche des yeux, qui auraient clu être in-
crustés en argent, n’a pas été terminée. Quoi qu’il en soit, cette figure
est sans doute la reproduction d’une statue célèbre.
On pourrait d’abord penser qu’elle représente Apollon, mais les
traces d’une couronne de roses incrustées en argent, qui entouraient
la tête, y font sans hésitation reconnaître Adonis, d’après la ressem-
blance de la tête à demi féminine de cet éplièbe avec la tête d’Adonis
gravée sur les monnaies d’Evagoras, roi de Cypre (i). Cette explica-
tion se justifie d’autant mieux que, dans un mémoire adressé , dans
l’année 1887, sous forme de lettre à M. Ed. Gerhard (2), en décrivant
un miroir étrusque du Cabinet des médailles, j’avais reconnu dans les
mains d’Adonis un grain d’encens. En effet, ce miroir représente
indubitablement Vénus et Adonis, désignés par leurs noms, écrits en
caractères étrusques. Le jeune homme tient un objet dans lequel j’ai
cru discerner une baie de myrte ou une boule de suc résineux (3), en
ajoutant que la mère d’Adonis avait été changée en l’arbre qui pro-
duit la myrrhe (4).
La statuette léguée par M. de Janzé à la Bibliothèque Nationale
représente donc Adonis tenant un grain d’encens, ou plutôt de myr-
rhe, et prêt à le poser sur le thymiatérion (Gu^tocTripiov, thuribulum), tel
qu’on voit une jeune femme représentée au fond d’une coupe peinte,
autrefois de la collection Durand (5), aujourd’hui au Musée Britan-
nique (6). Raoul Rochette a publié cette curieuse représentation clans
son troisième Mémoire sur les antiquités chrétiennes (7). La jeune femme,
(1) Trésor de numismatique, Numismatique des
rois grecs, pl. xxxn, n° 2.
(2) ‘ Nouv. Annales de l’Inst. archéol., 1.1, p. 509
et suiv.
(3) Mon. inéd. de la sect. franc, de l’Inst. arch
pl. xu,. 1; Gerhard. Etrusk. Spieg., pl. cxiv; cf.
Catal. Durand, n° 1943.
(4) Apollodor., III, 14; 4. Antonin. Liberal.,
Metam., 34; Hygin., F ah., 38; Ovid., Metam., X,
489, sqq. ; Tzetz. ad Lycophr., Cassandr., 829.
(5) Catal., n° 639. Cf. un sujet analogue dans
Stackelberg, Die Gcræber der Hellenen, pl. xxxv.
(6) Catalogue of vases in British Muséum, n° 982.
(7) Pl. ix, n° 1. •
gauche il tient une pyxis ou petite boîte à parfums, et clans la droite,
qu’il avance, un grain d’aromate. La grâce de la pose, la perfection
du travail, le fini du modelé, indiquent une œuvre d’art d’un grand
mérite, et cependant la ciselure de ce bronze, comme on peut en juger
par les cheveux et par l’ébauche des yeux, qui auraient clu être in-
crustés en argent, n’a pas été terminée. Quoi qu’il en soit, cette figure
est sans doute la reproduction d’une statue célèbre.
On pourrait d’abord penser qu’elle représente Apollon, mais les
traces d’une couronne de roses incrustées en argent, qui entouraient
la tête, y font sans hésitation reconnaître Adonis, d’après la ressem-
blance de la tête à demi féminine de cet éplièbe avec la tête d’Adonis
gravée sur les monnaies d’Evagoras, roi de Cypre (i). Cette explica-
tion se justifie d’autant mieux que, dans un mémoire adressé , dans
l’année 1887, sous forme de lettre à M. Ed. Gerhard (2), en décrivant
un miroir étrusque du Cabinet des médailles, j’avais reconnu dans les
mains d’Adonis un grain d’encens. En effet, ce miroir représente
indubitablement Vénus et Adonis, désignés par leurs noms, écrits en
caractères étrusques. Le jeune homme tient un objet dans lequel j’ai
cru discerner une baie de myrte ou une boule de suc résineux (3), en
ajoutant que la mère d’Adonis avait été changée en l’arbre qui pro-
duit la myrrhe (4).
La statuette léguée par M. de Janzé à la Bibliothèque Nationale
représente donc Adonis tenant un grain d’encens, ou plutôt de myr-
rhe, et prêt à le poser sur le thymiatérion (Gu^tocTripiov, thuribulum), tel
qu’on voit une jeune femme représentée au fond d’une coupe peinte,
autrefois de la collection Durand (5), aujourd’hui au Musée Britan-
nique (6). Raoul Rochette a publié cette curieuse représentation clans
son troisième Mémoire sur les antiquités chrétiennes (7). La jeune femme,
(1) Trésor de numismatique, Numismatique des
rois grecs, pl. xxxn, n° 2.
(2) ‘ Nouv. Annales de l’Inst. archéol., 1.1, p. 509
et suiv.
(3) Mon. inéd. de la sect. franc, de l’Inst. arch
pl. xu,. 1; Gerhard. Etrusk. Spieg., pl. cxiv; cf.
Catal. Durand, n° 1943.
(4) Apollodor., III, 14; 4. Antonin. Liberal.,
Metam., 34; Hygin., F ah., 38; Ovid., Metam., X,
489, sqq. ; Tzetz. ad Lycophr., Cassandr., 829.
(5) Catal., n° 639. Cf. un sujet analogue dans
Stackelberg, Die Gcræber der Hellenen, pl. xxxv.
(6) Catalogue of vases in British Muséum, n° 982.
(7) Pl. ix, n° 1. •