DOI issue:
Nr. 5
DOI article:Le Blant, Edmond: Fragment d’un sarcophage chrétien de Nimes
DOI Page / Citation link: https://doi.org/10.11588/diglit.25049#0102
94 —
chrétiens se montrent en nombre considérable à côté de ceux des
gentils. Une résistance sérieuse semble donc s’être, sur ce point,
comme sur quelques autres (i), opposée à la propagation de la foi nou-
velle, alors que tant d’autres cités l’avaient accueillie et acclamée.
La singulière rareté des débris des premiers âges chrétiens à Nîmes
me paraît appeler l’attention sur le passage suivant d’un texte d’ailleurs
peu sur, celui des Actes de saint Baudèle, martyrisé dans le pays, à
une époque tardive (2), pour avoir voulu s’opposer à la célébration
d’une fête du paganisme :
« Arripuit iter peregrinationis, donec veniret ad metatum Nemau-
sensis civitatis.... Yerum quanquam esset (Nemausus) transitoria et
umbratica hujus saeculi gloria salis clarissima, tamen in illo tempore
quo hic beatus vir coronam destinati a Deo martyrii meruit suscipere,
adhuc maxima pars hominum gentilis superstitionis detinebatur
errore (3).»
Quel que soit le peu d’autorité qui s’attache à cette histoire d’un
martyre connu d’ailleurs par d’autres témoignages (4), on ne peut
se défendre de remarquer l’accord de cette mention si précise avec la
rareté des monuments chrétiens des premiers âges dans la splendide
cité romaine, et les Actes de saint Baudèle en reçoivent, sur ce point
particulier, un appui qui doit les recommander à l’attention.
On s’est étudié â chercher le sens symbolique que peut offrir la
représentation de Moïse quittant sa chaussure. Avec saint Grégoire
de Nazianze, saint Augustin, saint Isidore de Séville, 011 y a vu une
allusion à l’ordre de dépouiller toute chose terrestre pour s’attacher
au service du Seigneur (5) ; l’idée qui a pu faire admettre ce sujet sur
les monuments funéraires me paraît devoir moins rappeler une règle
de la vie chrétienne que la relation du fait biblique avec notre entrée
dans la mort, et je dois noter ici que saint Grégoire de Nysse, évo-
(1) Voir, pour les résistances locales au déve-
loppement du christianisme, S. A vit., Ilomil. de ro-
gationibus, p. 152; S. August., Epist., XCI, Nec-
tcirio, § 8; S. Chrysost., De S. Babylci, § 8. Cf.
Julian., Misopogon., c. xi.
(2) Tillemont, Ilist. ecclés., t. IV, p. 715.
(3) Acta martyrii B audüii, § 4 (Bolland., 20 maii).
(4) Greg. Turon., De glor. mart., c.lxxviii; Dis-
criptions chrétiennes de la Gaule, n° 708.
(5) S. Greg. Naz., Orat. XLV, § 19; S. Au-
gust., Sermo CI, § 7 ; S. Isid. Hispal., Quaestiones
in Exodum, c. vu, De igné in rubo.
chrétiens se montrent en nombre considérable à côté de ceux des
gentils. Une résistance sérieuse semble donc s’être, sur ce point,
comme sur quelques autres (i), opposée à la propagation de la foi nou-
velle, alors que tant d’autres cités l’avaient accueillie et acclamée.
La singulière rareté des débris des premiers âges chrétiens à Nîmes
me paraît appeler l’attention sur le passage suivant d’un texte d’ailleurs
peu sur, celui des Actes de saint Baudèle, martyrisé dans le pays, à
une époque tardive (2), pour avoir voulu s’opposer à la célébration
d’une fête du paganisme :
« Arripuit iter peregrinationis, donec veniret ad metatum Nemau-
sensis civitatis.... Yerum quanquam esset (Nemausus) transitoria et
umbratica hujus saeculi gloria salis clarissima, tamen in illo tempore
quo hic beatus vir coronam destinati a Deo martyrii meruit suscipere,
adhuc maxima pars hominum gentilis superstitionis detinebatur
errore (3).»
Quel que soit le peu d’autorité qui s’attache à cette histoire d’un
martyre connu d’ailleurs par d’autres témoignages (4), on ne peut
se défendre de remarquer l’accord de cette mention si précise avec la
rareté des monuments chrétiens des premiers âges dans la splendide
cité romaine, et les Actes de saint Baudèle en reçoivent, sur ce point
particulier, un appui qui doit les recommander à l’attention.
On s’est étudié â chercher le sens symbolique que peut offrir la
représentation de Moïse quittant sa chaussure. Avec saint Grégoire
de Nazianze, saint Augustin, saint Isidore de Séville, 011 y a vu une
allusion à l’ordre de dépouiller toute chose terrestre pour s’attacher
au service du Seigneur (5) ; l’idée qui a pu faire admettre ce sujet sur
les monuments funéraires me paraît devoir moins rappeler une règle
de la vie chrétienne que la relation du fait biblique avec notre entrée
dans la mort, et je dois noter ici que saint Grégoire de Nysse, évo-
(1) Voir, pour les résistances locales au déve-
loppement du christianisme, S. A vit., Ilomil. de ro-
gationibus, p. 152; S. August., Epist., XCI, Nec-
tcirio, § 8; S. Chrysost., De S. Babylci, § 8. Cf.
Julian., Misopogon., c. xi.
(2) Tillemont, Ilist. ecclés., t. IV, p. 715.
(3) Acta martyrii B audüii, § 4 (Bolland., 20 maii).
(4) Greg. Turon., De glor. mart., c.lxxviii; Dis-
criptions chrétiennes de la Gaule, n° 708.
(5) S. Greg. Naz., Orat. XLV, § 19; S. Au-
gust., Sermo CI, § 7 ; S. Isid. Hispal., Quaestiones
in Exodum, c. vu, De igné in rubo.