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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 12.1887

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Saglio, Edmond: Polyphème
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https://doi.org/10.11588/diglit.25011#0017

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POLYPHÈME.

7

dans la poésie lorsque la fable sicilienne du Gyclope amoureux de la nymphe Galatée eut
été introduite dans le dithyrambe par le poète Philoxène de Cythère, au temps même où
Euripide mettait son Gyclope sur la scène. Il fallait bien rendre le monstre inoffensif dès
qu’il était capable de ressentir de l’amour et pouvait espérer d’en inspirer à son tour,
et ne lui laisser de laideur que ce qu’il était nécessaire pour expliquer son amour dédai-
gné et sa fureur contre un rival heureux. Ge n’est plus le mangeur d’hommes de
l’Odvssée, le « monstrum horrendiim, informe, ingens » que Virgile a peint d’après
Homère. Cependant, chez Théocritel, qui a donné à la légende nouvelle toute sa perfection,
il n’a qu’un œil et « son épais sourcil s’étend sur son front de l’une à l’autre oreille,
son long nez descend sur sa lèvre », lui seul, il peut admirer « sa harbe, son unique
prunelle, ses dents qui brillent, blanches et polies comme le marbre de Paros » "2.

Le poète se raille du géant qui se mire avec complaisance dans la mer tranquille et
s’écrie : « Je n’ai pas un si laid visage. » Dans les œuvres de l’art il n’est pas laid, en effet.
Un bas-relief de la villa Albani3 nous le montre sous les traits d’un lourd paysan aux
cheveux et à la barbe touffus, mais l’œil qu’il a au milieu du front est sa seule difformité,
car les artistes ne se dispensent plus de reproduire ce trait caractéristique, comme leurs
devanciers du bel âge; il chante en s’accompagnant avec une lyre rustique, et c’est
l’Amour en personne qui vient lui parler de Galatée. Dans une peinture de la maison de
Livie4, au Palatin, il est représenté comme un vigoureux adolescent encore sans barbe
et sa chevelure est d’un blond clair ; l’Amour le mène en laisse au moyen de rênes
passées autour de son cou. Tel il parait dans les peintures de Pompéi et d’Herculanum5
et en général dans les monuments de l’époque romaine6, qu’il n’est pas sans doute
nécessaire d’énumérer et de décrire ici à propos de l’œnochoé du Louvre et de son
Polypliême endormi dont on ne voit qu’une paupière abaissée.

E. SAGLIO.

1. Idyll.j xi, 32.

2. Idyll.j vi, 34. Voy. aussi Ovide, Metam., xm, qui
mêle sans goût et sans choix la fable homérique et la fable
sicilienne, et Philostrat., Imag., ii, 18.

3. Winckelmann, Monum. inéd., 36; Zoega, Bassirilievi
ant., pl. 57.

4. Revue archéol., 1870,1, pl. xx.

5. Ilelbig, Wandgemælde, n° 1042-1053 ; Annal, de

l’Inst., 1879, pl. ii : cf. O. Jahn, Arch. Beiiræge, p. 4M et

s.; Ilelbig,Symbolaphilol. Bonnens. inhonorem BlelschelU,
p. 361 et s. ; Bougot, Philostrate l’ancien, p. 444.

6. Rappelons aussi le remarquable bas-relief trouve en
1877, actuellement au Musée du Capitole (Bullet. délia
commiss. archeol. communale, 1878, pl. x, p. 142), où
l’on voit les Cyclopes ouvriers de Vulcain avec trois yeux.
En général, dans les monuments qui représentent les
Cyclopes forgerons, rien ne les distingue des autres hom-
mes.
 
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