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LES FOUILLES DE SUSE ET L’ART ANTIQUE DE LA PERSE.
cloisons, ont une fermeté rare : nulle confusion, le trait caractéristique seul est marqué,
et la nature vivante ne sert que de prétexte aux jeux de la couleur.
Les ornements courants qui forment bordure sont traités avec une discrétion d’effet
absolument monumentale ; ce sont des cadres, on a suies effacer devant le sujet princi-
pal. Point de ces combinaisons qui tirent l’œil : des tons sourds, presque éteints :
bleu, vert de mer et blanc, avec un léger appoint de jaune. Et, comme harmonie plus
tranquille encore, le fond des murs n’a pour coloration que deux tons de brique : rose
clair et rose foncé; les carreaux, simplement colorés sur leur tranche, forment un
entrelac qui tapisse le parement tout entier. Si l’on résume les éléments du dessin
ornemental comme on a fait tout à l’heure pour les éléments de la décoration colorée,
on les voit se réduire eux aussi à un petit nombre de types simples : le damier; le
chevron; la rose assyrienne; la palmette égyptienne.
A chaque brique répond un motif ornemental complet, sans chevauchements, sans
coupures; de sorte que toutes les dimensions sont des multiples exacts de la dimension
d’une brique ; la composition se subordonne d’elle-même à la loi harmonique des rap-
ports simples.
Comme dans toutes les œuvres décoratives de l’Orient, on trouve dans le dessin orne-
mental des inégalités inattendues. Géométrique comme conception, il présente dans
l’exécution matérielle la liberté parfois la plus déréglée : une file de rosaces ou de pal-
mettes n’en offre pas deux, peut-être, qui soient pareilles. Il semble que l’artisan orien-
tal soit incapable de reproduire plusieurs fois une même forme; les tapis modernes
rappellent ces inégalités du dessin. Ces inégalités, d’ailleurs, ont leur charme : elles
contrastent avec l’uniformité froide de nos productions mécaniques; elles plaisent,
parce qu’elles rappellent dans les moindres parties de l’œuvre la vivante trace de la
main humaine.
Tels sont aussi les caractères de ces escaliers à parois émaillées, dont M. Dieulafoy a
recueilli de nombreux fragments : on dirait un garde-corps revêtu de ces superbes
tapis asiatiques dont l’harmonie est si solide et si calme; l’aspect de cette tenture d’émail
fait songera ces draperies plates, si majestueusement déployées sur les sarcophages dans
les turbés des sultans; toute la gamme des tons se réduit à des fonds vert de mer, et
des fleurs en forme de palmettes égyptiennes alternativement jaunes et bleues, avec
appoint de blanc. Le garde-corps est crénelé et le crénelage, aussi bien que les faces
latérales du garde-corps, tout, est tapissé d’émaux.
PIERRES GRAVÉES, ETC.
À côté de ces grands ouvrages de l’art décoratif, nous devons faire une place aux
monuments de la glyptique. M. Dieulafoy a recueilli toute une collection de cylindres et
de sceaux dont beaucoup sont d’une antiquité extrême, quelques-uns d’une extraordi-
(ÎAZETTK ARCHÉOLOGIQUE
Année 1887.
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LES FOUILLES DE SUSE ET L’ART ANTIQUE DE LA PERSE.
cloisons, ont une fermeté rare : nulle confusion, le trait caractéristique seul est marqué,
et la nature vivante ne sert que de prétexte aux jeux de la couleur.
Les ornements courants qui forment bordure sont traités avec une discrétion d’effet
absolument monumentale ; ce sont des cadres, on a suies effacer devant le sujet princi-
pal. Point de ces combinaisons qui tirent l’œil : des tons sourds, presque éteints :
bleu, vert de mer et blanc, avec un léger appoint de jaune. Et, comme harmonie plus
tranquille encore, le fond des murs n’a pour coloration que deux tons de brique : rose
clair et rose foncé; les carreaux, simplement colorés sur leur tranche, forment un
entrelac qui tapisse le parement tout entier. Si l’on résume les éléments du dessin
ornemental comme on a fait tout à l’heure pour les éléments de la décoration colorée,
on les voit se réduire eux aussi à un petit nombre de types simples : le damier; le
chevron; la rose assyrienne; la palmette égyptienne.
A chaque brique répond un motif ornemental complet, sans chevauchements, sans
coupures; de sorte que toutes les dimensions sont des multiples exacts de la dimension
d’une brique ; la composition se subordonne d’elle-même à la loi harmonique des rap-
ports simples.
Comme dans toutes les œuvres décoratives de l’Orient, on trouve dans le dessin orne-
mental des inégalités inattendues. Géométrique comme conception, il présente dans
l’exécution matérielle la liberté parfois la plus déréglée : une file de rosaces ou de pal-
mettes n’en offre pas deux, peut-être, qui soient pareilles. Il semble que l’artisan orien-
tal soit incapable de reproduire plusieurs fois une même forme; les tapis modernes
rappellent ces inégalités du dessin. Ces inégalités, d’ailleurs, ont leur charme : elles
contrastent avec l’uniformité froide de nos productions mécaniques; elles plaisent,
parce qu’elles rappellent dans les moindres parties de l’œuvre la vivante trace de la
main humaine.
Tels sont aussi les caractères de ces escaliers à parois émaillées, dont M. Dieulafoy a
recueilli de nombreux fragments : on dirait un garde-corps revêtu de ces superbes
tapis asiatiques dont l’harmonie est si solide et si calme; l’aspect de cette tenture d’émail
fait songera ces draperies plates, si majestueusement déployées sur les sarcophages dans
les turbés des sultans; toute la gamme des tons se réduit à des fonds vert de mer, et
des fleurs en forme de palmettes égyptiennes alternativement jaunes et bleues, avec
appoint de blanc. Le garde-corps est crénelé et le crénelage, aussi bien que les faces
latérales du garde-corps, tout, est tapissé d’émaux.
PIERRES GRAVÉES, ETC.
À côté de ces grands ouvrages de l’art décoratif, nous devons faire une place aux
monuments de la glyptique. M. Dieulafoy a recueilli toute une collection de cylindres et
de sceaux dont beaucoup sont d’une antiquité extrême, quelques-uns d’une extraordi-
(ÎAZETTK ARCHÉOLOGIQUE
Année 1887.
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