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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 12.1887

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Lefèvre-Pontalis, Eugène: Étude sur les chapiteaux de l’église de Chivy
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https://doi.org/10.11588/diglit.25011#0042

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•j.) étude sur des chapiteaux de l église de chi\ \.

travées et des chapiteaux de la nef. Quant à la façade, elle n’est certainement pas
contemporaine de la nef. En effet, si l’on examine ses assises dans l’intérieur de l’eglise,
on s’aperçoit qu’elles ne correspondent pas avec celles des travées voisines. En outre,
l’archivolte de sa porte cintrée présente une décoration analogue à celle du portail
de l'église de Saint-Pierre de Soissons, qui appartient incontestablement au xnc siècle.
L’église de Ghivy a donc subi, au xne siècle, le même remaniement que les églises de
Saint-Bandry et d’Oulchy-le-Château (Aisne), dont la nef remonte au xie siècle et dont
la façade et le sanctuaire ont été reconstruits au xu° siècle.

Nous arrivons maintenant au point principal de cette discussion, c’est-à-dire à l’étude
particulière des chapiteaux de la nef. Nous avons dit plus haut que M. Fleury n’avait pas
hésité à les attribuer à l’époque mérovingienne. Partant de ce principe que « l’art à
toute période historique donnée est un et conduit dans les mêmes voies tous ceux qu’il
inspire » \ cet archéologue, après avoir fait ressortir l’analogie qui existe entre l’orne-
mentation des bijoux découverts dans les sépultures mérovingiennes et la sculpture des
chapiteaux de Ghivy, crut pouvoir leur assigner la même ancienneté. Mais il est impos-
sible que l’art du ciseleur ait exercé, à une époque quelconque, une pareille influence
sur la décoration de l’architecture. Si M. Fleury avait voulu prouver avec une certaine
apparence de vérité que les chapiteaux de Chivy étaient mérovingiens, il 11e fallait pas
établir de comparaison entre les produits de deux arts essentiellement différents. Il était
indispensable de commencer par démontrer que tel ou tel chapiteau d’une église ou
d’une crypte vraiment mérovingienne présentait une ressemblance frappante avec l’un
ou l’autre des chapiteaux de Ghivy. M. Fleury n’a pas eu recours à cette méthode, parce
qu’elle aurait montré la faiblesse de son argumentation. En effet, tous les chapiteaux
ayant appartenu à des édifices religieux de l’époque mérovingienne, tels que ceux de la
crypte de Jouarre (Seine-et-Marne) et ceux qui proviennent de la basilique élevée par
Ghildebert a Paris dans lile de la cité2, peuvent être considérés comme des imitations

plus ou moins grossières des chapiteaux corinthiens si répandus dans les édifices

romains de la Gaule. Or, les chapiteaux de Chivy 11e sont pas conformes à ce modèle;
ils poitent 1 empreinte d un art affranchi de toutes les traditions de la sculpture antique,
et leurs ornements ont un caractère original très prononcé.

Ge qui avait donné une certaine vraisemblance aux idées émises par M. Fleury au
sujet des chapiteaux de l’église de Chivy, c’est qu’il avait eu soin de les présenter
comme des spécimens entièrement nouveaux et complètement différents des œuvres
produites au moyen âge par les sculpteurs de la région. Ses lecteurs, manquant d’élé-
ments de comparaison et frappés de l’aspect barbare des chapiteaux qu’il avait fait
reproduire, étaient naturellement portés aies faire remonter à une époque très reculée.
^Iais son système perd toute sa valeur quand on fait observer qu’un certain nombre

I. Bulletin de la Société académique de Laon, t. XVI11
p. 3.

'■ Los chapiteaux sont déposés aujourd’hui dans la salle
des Thermes au Musée de Clunv.
 
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