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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 12.1887

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Lefèvre-Pontalis, Eugène: Étude sur les chapiteaux de l’église de Chivy
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https://doi.org/10.11588/diglit.25011#0045

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ÉTUDE SUR LES CHAPITEAUX DE L’ÉGLISE DE CHIVY. 35

Enfin, quel est le texte qui permet d’affirmer l’existence d’une église à Chivy dès le
vif siècle? La plus ancienne charte qui fasse mention de cette localité est datée de
1128 L Si l’on peut croire avec raison que le petit village de Chivy, dont le nom se
trouve cité au commencement du xue siècle, était déjà peuplé dès le xie, on n’est pas en
droit de soutenir qu’il existait à l’époque mérovingienne.

En écrivant cette étude, nous avons voulu prouver aux archéologues qui seraient
tentés d’attribuer au vu6 siècle des chapiteaux analogues à ceux de l’église de Chivy, que
la thèse de M. Fleury ne reposait sur aucune base sérieuse. Quelques auteurs ont eu le
tort d’adopter sans contrôle les conclusions de M. Fleury et de considérer comme
exacte une théorie qu’il n’avait pas démontrée. C’est ainsi que M. Duliamel-Decejean n’a
pas hésité à faire remonter à l’époque mérovingienne plusieurs chapiteaux de la crypte
de Nesle (Somme), en les comparant à ceux de l’église de Chivy'1 2. Il a commis au sujet
de l’âge de ces sculptures la même erreur que M. Fleury, car les chapiteaux de la
crypte de Nesle appartiennent certainement au xie siècle. Il s’est également mépris
d’une manière beaucoup plus grave en formulant la règle suivante : « Toutes les fois
qu’un tailloir est lisse, en simple chanfrein, ou creusé de moulures rectilignes, il appar-
tient au roman secondaire du xie siècle. Toutes les fois, au contraire, que le tailloir est
orné, on doit l’attribuer au roman primordial mérovingien ou carlovingien, c’est-à-dire
à la période du ve au x° siècle3 ». Rien n’est plus faux que cette théorie, car les églises
de Morienval, d’Oulchy-le-Ghàteau, de Berny-Rivière et de Berneuil-sur-Aisne, qui
furent construites au xi® siècle, renferment un très grand nombre de chapiteaux à tail-
loirs garnis d’entrelacs ou de palmettes. Les églises de Villers-Saint-Paul (Oise), de
Dhuizel et de Lhuys (Aisne), bâties dans le premier quart du xiT siècle, présentent éga-
lement un très grand nombre de chapiteaux dont les tailloirs en biseau sont couverts
d’ornements. Dans beaucoup d’autres monuments religieux du xie siècle, on remarque
des tailloirs lisses à côté de tailloirs ornés, et cette différence ne peut servir de hase à
une classification, car elle provient uniquement de la fantaisie des artistes.

Si M. Fleury n’avait pas craint de généraliser son système en l’appliquant dans plu-
sieurs autres édifices du Laonnais, du Soissonnais et du Beauvaisis, il n’aurait pu s’em-
pêcher d’assigner aux chapiteaux des églises de Saint-Thibauld de Bazoclies, d’Oulchy-
le-Château (Aisne), de Morienval et de Berneuil-sur-Aisne (Oise), la même date qu’à ceux
de l’église de Chivy. Il en aurait conclu que cette région possédait un grand nombre de
chapiteaux mérovingiens et ne contenait pas un seul chapiteau du xie siècle. Ce qui
explique son erreur dans une certaine mesure, c’est qu’en réalité, l’art de la sculpture
était encore empreint au xi° siècle d’un caractère barbare très prononcé. Au lieu de
s’inspirer des modèles fournis par la nature pour garnir la corbeille des chapiteaux, les

1. üiclionnaire topographique de l'Aisne, parM. Matton, et 137.

p. 69. 3. Ibid., p. 136.

2. Description archéologique du canton de Nesle, p. 131
 
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