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Lefèvre-Pontalis, Eugène: Étude sur les chapiteaux de l’église de Chivy
DOI Page / Citation link: https://doi.org/10.11588/diglit.25011#0046
ÉTUDE SUR UES CHAPITEAUX DE L ÉGLISE DE CHIVY.
artistes de cette époque affectionnaient les ornements géométriques, les lignes brisées
et les entrelacs. Ils cherchaient à produire de l’effet par la gravure en creux beaucoup
plus que par la taille en relief. Le genre de sculpture qu’ils avaient adopté fut même
pratiqué par certains artistes de la première moitié du xne siècle, car on observe encore
des entrelacs sur quelques chapiteaux des églises de Lhuys (Aisne) et de Villers-Saint-
Paul (Oise), qui appartiennent à cette dernière période1. La persistance de cette déco-
ration montre bien que les procédés des sculpteurs du moyen âge ne se transformèrent
pas en un jour. S’il y eut des novateurs au début du xu° siècle, il y eut aussi des retar-
dataires parmi les ouvriers déjà âgés qui n’avaient pas su acquérir de nouvelles connais-
sances artistiques.
Ainsi les chapiteaux de l’église de Chivy ne sont pas antérieurs au xie siècle. Ils sont
contemporains de la nef du monument et ne proviennent pas d’un édifice religieux
remontant, soit à l’époque mérovingienne, comme l’a soutenu M. Fleury, soit à la
période carlovingienne, comme l’a cru M. Dey. Si l’on a reproché à M. Fleury d’avoir
établi sa théorie en rapprochant les unes des autres des œuvres dont la nature était tout
à fait différente, on ne pourra pas nous adresser la même critique, car nous avons eu
soin de comparer les chapiteaux de Chivy à d'autres chapiteaux qui se rencontrent dans
plusieurs églises du Soissonnais, bâties au xie siècle. Il n’en résulte pas, cependant, que
les sculptures découvertes par M. Midoux ne soient plus dignes d’attirer l’attention. La
série des chapiteaux de Chivy n’en est pas moins très précieuse pour l’histoire de l’art
roman dans la région, et mérite d’être signalée au même titre que celles des églises de
Beineuil-sur-Aisne, de Morienval et d’Oulchy-le-Château. C’est en visitant ces quatre
monuments que les archéologues pourront se faire la meilleure idée du caractère de la
sculpture du xie siècle dans le nord de la France.
Eugène LEFÈVRE-PONTALIS.
1. On peut également
Pontoise, bâti vers 1140.
signaler un chapiteau orné d’entrelacs
dans
le déambulatoire de l’église Saint-Maclou de
artistes de cette époque affectionnaient les ornements géométriques, les lignes brisées
et les entrelacs. Ils cherchaient à produire de l’effet par la gravure en creux beaucoup
plus que par la taille en relief. Le genre de sculpture qu’ils avaient adopté fut même
pratiqué par certains artistes de la première moitié du xne siècle, car on observe encore
des entrelacs sur quelques chapiteaux des églises de Lhuys (Aisne) et de Villers-Saint-
Paul (Oise), qui appartiennent à cette dernière période1. La persistance de cette déco-
ration montre bien que les procédés des sculpteurs du moyen âge ne se transformèrent
pas en un jour. S’il y eut des novateurs au début du xu° siècle, il y eut aussi des retar-
dataires parmi les ouvriers déjà âgés qui n’avaient pas su acquérir de nouvelles connais-
sances artistiques.
Ainsi les chapiteaux de l’église de Chivy ne sont pas antérieurs au xie siècle. Ils sont
contemporains de la nef du monument et ne proviennent pas d’un édifice religieux
remontant, soit à l’époque mérovingienne, comme l’a soutenu M. Fleury, soit à la
période carlovingienne, comme l’a cru M. Dey. Si l’on a reproché à M. Fleury d’avoir
établi sa théorie en rapprochant les unes des autres des œuvres dont la nature était tout
à fait différente, on ne pourra pas nous adresser la même critique, car nous avons eu
soin de comparer les chapiteaux de Chivy à d'autres chapiteaux qui se rencontrent dans
plusieurs églises du Soissonnais, bâties au xie siècle. Il n’en résulte pas, cependant, que
les sculptures découvertes par M. Midoux ne soient plus dignes d’attirer l’attention. La
série des chapiteaux de Chivy n’en est pas moins très précieuse pour l’histoire de l’art
roman dans la région, et mérite d’être signalée au même titre que celles des églises de
Beineuil-sur-Aisne, de Morienval et d’Oulchy-le-Château. C’est en visitant ces quatre
monuments que les archéologues pourront se faire la meilleure idée du caractère de la
sculpture du xie siècle dans le nord de la France.
Eugène LEFÈVRE-PONTALIS.
1. On peut également
Pontoise, bâti vers 1140.
signaler un chapiteau orné d’entrelacs
dans
le déambulatoire de l’église Saint-Maclou de