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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 12.1887

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Reinach, Salomon: Buste d’athlète au musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.25011#0105

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BUSTE D’ATHLÈTE AU MUSEE DU LOUVRE. 85

Athènes au Péloponnèse et le Péloponnèse à la Sicile. Myron est élève d’Agéladas
d’Argos, où les Crétois üipoinos et Scvllis ont porté les traditions de leur art; ces mêmes
Crétois ont été les maîtres de Cléarque, sculpteur de Rhégium, qui fut, à son tour, le
maître de Pythagore. Pausanias nous a fait connaître la généalogie de ce dernier artiste,
ou plutôt les représentants successifs de l’école qu’il illustra; nous trouvons à l’origine,
soit Dipoinos et Scvllis, soit les deux Spartiates Svadras et Chartas. Malheureusement, il
n’y a là pour nous que des noms, et ces filiations compliquées ne reposent que sur le
témoignage de Pausanias. On a de bonnes raisons, aujourd’hui, pour ne point se fier
aveuglément au Périégète. S’il a fait du fronton occidental d’Olympie une œuvre attique,
nous ne sommes vraiment pas obligés de l’en croire; nous y verrons plutôt le travail
d’un artiste anonyme du Péloponnèse, apparenté d’une part à Agéladas, maître de
Myron, de l’autre à l’école dorienne de la Grande-Grèce.

Les considérations qui précèdent nous ont éloigné du buste du Louvre, mais en appa-
rence seulement : elles font comprendre l’importance que nous attribuons, dans l’his-
toire de l’art avant Phidias, à cette œuvre d’une remarquable conservation, qui fait partie
d’une série encore si obscure et si peu nombreuse. Rappelons, en terminant, que Pline,
copiant sans doute un critique grec, loue Pythagore de Rhégium, célèbre pour ses statues
d’athlète, d’avoir montré plus d’habileté et de finesse que ses prédécesseurs dans le
rendu de la chevelure1. Si l’on compare les bustes du Louvre et Pince à la tête du
Lapithe, par exemple, qui leur ressemble d’une manière générale, en plus brutal,
pour ainsi dire, on remarquera que le traitement sobre et expressif de la chevelure est
un des avantages les plus frappants des premiers. Ce traitement fait plutôt songer à un
original de bronze, matière ordinaire des statues de Pythagore. L’autre éloge décerné
par Pline au même artiste, d’avoir excellé dans le rendu des muscles2, est également
applicable au buste de Paris. Ses caractères de beauté un peu rude, d’où la grâce et l’ex-
pression morale sont absentes, s’accordent parfaitement avec ce que nous savons d’un
artiste qui n’a guère sculpté que des figures viriles et des athlètes. Peut-être aussi pour-
rait-on alléguer que notre marbre, comme celui d’Ince Hall, a été découvert dans l’Italie
méridionale, où les œuvres du sculpteur de Rhégium devaient être fort en faveur. Ce ne
sont là, nous l’avouons, que des indices, et les archéologues doivent toujours craindre
de ressembler à ces collectionneurs de tableaux qui, ne connaissant ou ne voulant con-
naître que des maîtres, attribuent toute peinture romaine à Raphaël et toute peinture
flamande à Rubens. Contentons-nous de dire que le buste du Louvre répond assez bien
à l’idée que nous pouvons, dans notre ignorance actuelle, nous faire des statues athlé-
tiques de Pythagore.

Salomon REINACH.

\. Primus expressit capillum diligentius (Pline, Hist. 2. Nervos et venas expressit diligentius (Pline, ibid
nat.j XXXIV, 59). cf. Waldstein, Journal of HellenicStudies, f, p. 191).
 
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