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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 12.1887

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Reinach, Salomon: Observations sur L’Apothéose d’Homère: bas-relief en marbre du musée britannique
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https://doi.org/10.11588/diglit.25011#0157

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133

OBSERVATIONS SUR L’APOTHÉOSE d’hOMÈRE.

main posée sur une sphère, ne peut être qu’Uranie. A gauche d’Uranie se tient
Polymnie, dans une attitude bien connue par la statue du Louvre. On voit ensuite
l’intérieur d’une caverne, probablement l’antre Corycien; le premier personnage, tenant
la lyre et le plectre, debout à côté de l’ompbalos, est Apollon; la figure placée à côté de
lui serait la Pythie de Delphes ou une prêtresse tenant une patère. A gauche de la.
caverne, sur un piédestal, est un poète, qui a été appelé par les uns Olen, par d’autres
Hésiode, Homère, ou le poète vainqueur qui aurait dédié le bas-relief h
Nous croyons pouvoir démontrer que la désignation de la Pythie et celle de Melpomène
reposent sur une double erreur. Remarquons d’abord que les attributs des différentes
Muses, tels qu’ils sont décrits dans les ouvrages modernes, sont loin de répondre à une
tradition universellement acceptée de l’art antique. Dans les quelques représentations
où les Muses sont accompagnées de leurs noms, on reconnaît que l’individualité des
neuf sœurs est indiquée d’une manière fort arbitraire. L’art, grec ignore complètement
la répartition des différents arts entre les Muses; il leur prête indistinctement des
attributs divers, instruments de musique, volumina, couronnes, coffrets; il ne
s’astreint pas à les figurer au nombre de neuf et leur donne des noms que l’on ne
retrouve pas à l’époque romaine. Les vases peints où paraissent les Muses ne peuvent
donc être d'aucun secours pour l’explication du bas-relief de Bovilles. Le plus ancien
groupe des neuf Muses dans la statuaire grecque était l’œuvre de Cépliisodote, le père
de Praxitèle, mais nous ne le connaissons que par une mention de Pausanias2. Les neuf
Muses, avec Apollon, Artémis et Latone, figuraient aussi sur un fronton du temple de
Delphes3. Dans ces compositions, il est très probable que les Muses n’avaient pas encore
d’attributs distincts ; c’est à Part alexandrin qu’il était réservé de faire un effort pour
leur prêter des traits, une attitude et des attributs individuels. O11 reconnaît dans cette
tendance l’esprit d’une époque analytique qui classait les sciences et les arts, répar-
tissait méthodiquement les monuments du passé dans les musées et les grandes
bibliothèques. Mais, comme le groupe des neuf Muses n’a été figuré par aucun artiste
de génie, les traditions se formèrent lentement et ne devinrent jamais tout à fait
précises. Sur un autel publié par M. Trendelenburg4, où les Muses sont divisées en
trois groupes, on ne voit pas la sphère d’Uranie et la Tragédie ne se distingue pas de
la Comédie. Cet autel est un monument de l’art alexandrin, de même que le bas-relief
de Bovilles. En 189, le consul Fulvius Nobilior rapporta d’Ambracie à Rome les
statues des neuf Muses qui furent placées dans le temple d’IIercules Musarum.
Grâce aux monnaies de la gens Pomponia, nous pouvons nous faire une idée de ces
sculptures5. Là paraissent les attributs différents des neuf sœurs, le masque tragique

U L’opinion de Braun, qui reconnaît dans cette figure
la statue en bronze d’Homère vue par Pausanias à Delphes
(X, 24, 2), nous paraît encore la plus vraisemblable.

2. Pausanias, IX, 30, I.

3. Pausanias, X, 19, 3.

4. Trendelenburg, Whickelmannsprogramm , Berlin
4 876.

5. Obers, Musarum txjpi nvrns expressi, Berlin, 1873.
E. Babelon, Léser, ltisl. et chron. des monnnciies de la
République romaine, t. If, p. 360 et suivantes.
 
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