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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 12.1887

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Prou, Maurice: Deux dessins du XIIe siècle au trésor de l‘église Saint-Etienne d'Auxerre
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https://doi.org/10.11588/diglit.25011#0165

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DEUX DESSINS DU XIIe SIECLE.

Avant de fixer l’âge des dessins que nous venons de décrire, il importe d’indiquer la
nature des textes qu’on lit au revers de chacun d’eux. Ces textes ont été écrits avant
qu’on eût rogné les feuilles de parchemin, puisque h extrémité des lignes a disparu. Sur
le feuillet où est représentée la Crucifixion on a écrit au xive siècle l’office du Saint-
Sacrement; ce texte est disposé sur deux colonnes et occupe la page presque entière.
Toutefois, au dessous apparaissent deux lignes d’une belle écriture minuscule romane,
avec des lettres initiales alternativement rouges et bleues; ce sont les restes d’un texte
écrit à pleines lignes, et c’est un fragment de la Préface de la messe : « Dominus
vobiscum et cum spiritu tuo. [Sursum corda.] H[abemus ad Dominujm. Gratias agamus
Domino Deo nostro. Dignum et jnstum. » L’encre de ce texte et celle des dessins ont la
même couleur, de sorte qu’à première vue il semble qu’on soit en présence d’œuvres
contemporaines. Nous verrons plus loin si cette hypothèse a quelque vraisemblance.

Au revers du second feuillet on lit l’énumération des vêtements et objets qui compo-
saient le trousseau d’un moine à Saint-Julien-de-Tours ; l’écriture est du xive siècle ; on peut
en conclure qu’à cette époque le manuscrit d’où proviennent les deux feuilles de par-
chemin appartenait à cette abbaye1. Au dessous, trois lignes d’une écriture (pii accuse
le xve siècle, où sont indiquées les distributions à faire aux moines à certains jours, et,
plus bas, trois oraisons latines, dont la première au moins figure encore dans la liturgie,
transcrites à la fin du xv° siècle.

Peut-on déterminer l’espèce de manuscrit d’où ces feuillets ont été arrachés? On
remarquera d’abord que les deux tableaux étaient destinés à être mis en regard l’un de
l’autre ; les dimensions sont les mêmes; les lignes horizontales qui séparent l’une de l’autre
les scènes du cadre se correspondent exactement. Or, il n’y a que les sacramentaires et
plus tard les missels où l’on rencontre deux images semblables placées entre la Préface et,
le Canon de la messe, dans le voisinage l’une de l’autre ou même sur deux pages oppo-
sées. Les plus anciens sacramentaires sont rarement ornés de peintures ou de dessins. A
l’époque carolingienne, on avait le plus souvent recours, pour enrichir les sacramentaires,
aux lettres fleuronnées, aux lettres d’or et aux initiales ornées de petits tableaux. C’est sur-
tout à partir de fa fin du xe siècfe que l’usage se répandit d’illustrer ces sortes de livres à
l’aide de scènes empruntées à la vie du Christ ou à des cérémonies religieuses. Les
deux sujets qu’on trouve le plus souvent représentés dans les sacramentaires sont le
Christ glorieux et le Christ en croix; quelques sacramentaires contiennent les deux sujets
entre la Préface et le Canon; la plupart ne renferment que le crucifiement en tête du
Canon. Les peintures qui ornent le magnifique sacramentaire conservé à la Bibliothèque

I. Voici ce texte : « Hec sunL que conpetunt novo
monaco duendo (sic) in monasterio Beati Juliani Turonis,
ordinis sancti Benedicti, videlicet fro[c]um, cueulla,

tunica due peliicie albe, due camisie, duo paria.telle,

duo paria estivalium de aluto, et unum par bota[r]um,
duum (sic) calligarum lanearum, duo paria calceorum,

zona cum (cjutello, pectine et acullario, idus (sic) lectum
suum cum pluvi[n]ari (sic) sive culcitra , duo drapi lanei,
unum materatum, una cul[c]itra, duo puncta, unum cooper-
torium forratum, unum auricularie [et] duo capitegia, et
una culcitra de pluma ad opus infirmarie [cum] quatuor
linteamiuibus, item unum psalterium communi. »
 
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