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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 12.1887

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Courajod, Louis: Les nouvelles acquisitions du département de la sculpture et des objets d'art du Moyen-Âge, de la Renaissance et des temps modernes au musée du Louvre, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25011#0188

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160 LES NOUVELLES ACQUISITIONS DU DÉPARTEMENT DE LA SCULPTURE.

séjour à la cour du roi René. Nous aurons encore à rechercher et à retrouver bien des
produits de son atelier soit en Provence, soit le long de la vallée du Rhône.

La doctrine que Francesco Laurana avait apportée à Naples et en Sicile survécut facile-
ment au départ du maître pour la France, car elle fut continuée et développée par un
autre artiste de même tempérament , Guido Paganino dit Mazzoni de Modène. Mazzoni
professait apparemment les enseignements de l’école vénitienne exagérés par leur
passage à travers le milieu napolitain. On 11e peut mieux juger Guido Paganino que
sur les sculptures de terre cuite colorée de la chapelle de Monte Oliveto à Naples,
ou sur celles du Mortorio de l’église Saint-Jean à Modène, ou sur le groupe de la Vierge
placée sous le chœur de la cathédrale de la même ville. C’est un artiste d’une
grande originalité, poussant l’étude de la nature jusqu’au réalisme le plus choquant
et ne reculant même pas devant la brutalité. S’il continua de donner à l’art napolitain
la direction que Francesco Laurana et Gagini lui avaient déjà imposée, ce 11e fut
pas pour bien longtemps, car lui aussi devait être enlevé à l’Italie par la France.
Charles VIII, en entrant à Naples, attacha Mazzoni à sa personne et, depuis 1494
jusqu’en 1515, c’est chez nous qu’il vécut. L’histoire détaillée de ses travaux en France
est beaucoup trop longue pour être racontée ici. Nous essayerons de la faire un jour.
Disons seulement que Guido Paganino, ennobli par Charles VIII, devint en quelque
sorte directeur de l’atelier royal d’art italien, établi à partir de 1504 à l’Hotel de Nesle,
à Paris.

Les qualités et les défauts qui constituent le style de l’école de Naples, nous les retrou-
vons à un degré éminent dans le buste d’homme acquis récemment par le Louvre. Et si
nous ne pouvons, faute de preuves certaines, attribuer individuellement, avec sécurité,
notre marbre à Domenico Gagini, à Francesco Laurana ou à Guido Mazzoni, nous
n’hésitons pas à assigner à cette œuvre d’art, comme origine probable, un atelier napo-
litain dans lequel les doctrines des fondateurs de l’école étaient professées avec succès.

L’acquisition d’une œuvre supérieure de cette école était particulièrement désirable
pour le Musée du Louvre. On comprendra alors la joie et l’émotion avec lesquelles j’ai
introduit dans notre pays ce bel objet d’art. C’est, en effet, par l’École napolitaine que
la France a été mise officiellement, pour la première fois, en contact avec la Renais-
sance italienne. Voilà donc un exemple des principes que d’abord Francesco Laurana,
avec Charles d’Anjou et le roi René, et qu’ensuite Guido Mazzoni, avec Charles VIII et
Louis XII, ont été appelés à propager chez nous. Il était profondément regrettable
que, pour représenter le germe primitif de l’art ultramontain tel qu’il vint s’inoculer
à notre école française pendant la première période italienne de notre Renaissance,
nous n’eussions à Paris qu’un fragment du rétable de Saint-Didier d’Avignon, ce
fragment dont j’ai démontré l’indiscutable origine et que le Louvre a si longtemps
contenu sans le reconnaître b

I. Voyez Alexandre Lcnoir, non journal el le Musée des monuments français, tome III, p. 181 et suivantes.
 
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