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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 12.1887

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Bazin, Hippolyte: L’Hercule romain et l’Hercule gallo-romain de Vienne (Isère)
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https://doi.org/10.11588/diglit.25011#0208

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180 l’hercule romain et l’hercule gallo-romain

Tout en reproduisant les traits de Jupiter, le visage n’en a pas le caractère idéal; le
rendu du corps n’est pas le même non plus; le sculpteur s’est bien préoccupé de mettre
son personnage hors d’aplomb, il Y a campé sur la jambe droite, appuyant à peine la
gauche sur le sol ; mais la ligne médiane du torse ne s’écarte pas pour cela de la perpen-
diculaire et n’a pas de gracieuse ondulation. D’une main le héros porte le scyjihus ;
la gauche soutenait un objet aujourd’hui disparu, qu’il serait téméraire de vouloir
préciser.

Ce qui constitue l’intérêt particulier de notre figure, c’est le costume : pour coiffure,
le dieu a le masque du lion de Némée; mais, au lieu que la peau du monstre pende
comme d’habitude, elle est coupée un peu au dessous du cou, de manière à ne laisser
que le capuchon. Ne croyez pas que le dieu soit dévêtu pour cela. Bien au contraire.
Le sagum, agrafé sur l’épaule droite, la laisse dégagée, mais couvre complètement
le bras gauche en s’enroulant autour de lui ; Hercule porte des braies collantes et une
casaque serrée à la ceinture, et terminée au bas par une frange. Ses souliers, qui ne
dépassent pas la cheville, sont formés d’une semelle et d’un treillis à jour.

Que signifie cet accoutrement? On croirait volontiers voir un empereur romain
représenté en Hercule. Commode, le fanatique admirateur de jeux de cirque, le grand
tueur de bêtes fauves, qui perçait un éléphant d’outre en outre et plantait son javelot
dans la corne d’un oryx, avait une dévotion particulière pour le vainqueur du lion
de Némée et aimait à se promener habillé en Hercule. « Il n’avait garde toutefois de se
montrer nu, nous dit Lampride1, car il était affecté entre les aines d’une tumeur si
considérable qu’on la voyait à travers ses vêtements de soie. »

Notre statuette de Vienne ne pourrait-elle pas être un Commode-Hercule? Les traits
de ce prince, qui nous ont été conservés sur les monnaies, ne manquent ni de noblesse ni
de dignité, et ses préférences pour le fils de Jupiter ont les manifestations les plus
diverses : sur un médaillon, on le voit, transformé en son dieu favori, diriger deux
bœufs attelés à la charrue, avec le titre : HERCVLI ROMANO2; sur un autre, il suspend
la peau de lion à un arbre, appuie sa massue à l’autel où il sacrifie, et, de crainte qu’il
n’y ait méprise, se fait adresser l’hommage : HERCVLI GOMMODIANO3 ; ailleurs encore,
il est représenté en buste, la tête casquée de la dépouille du lion4. On sait qu’il n’y a pas
d’empereur auquel on ait élevé, de son vivant, autant de statues; Commode était
sympathique aux populations du sud-est de la Gaule ; on appelait tout particulièrement
sur lui les bénédictions du ciel, témoins les autels tauroboliques de Lyon et de Tain.

L’interprétation qui fait de notre bronze un portrait d’Hercule Commode parait donc
séduisante; elle n’est cependant pas vraie. Le costume dont le Dieu est affublé est
gaulois et on trouve, dans les musées de France, nombre de figurations divines avec des

1. Lampride, Histoire Auguste, Commode Anton in, ch.
XIII.

2. Frœhner, Les Médaillons de l’Empire romain, Paris,

Rothschild, 1878, p. 145.

3. Frœhner, o. c., p. 139.

4. Frœhner, o. c., pp. 143-144.
 
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